CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Anton Belov
(chant+guitare+claviers)
-Alina Belova
(chant+claviers)
-Anatoly Gavrilov
(violon)
-Alex Vynogradoff
(basse)
-Anton Skrynnik
(batterie)
TRACKLIST
1) Unsoi
2) Aamu ja kaste
3) Lumikuuro
4) Koivun eläma
5) Sumun syleily
6) Äidin laulu
7) Orkidea
DISCOGRAPHIE
Kauan… Un terme finlandais qui évoquera sûrement aux amateurs de folk sombre le premier album de Tehni. Il s’agit également du patronyme choisi par une formation russo-ukrainienne qui revient sur ses premiers pas avec Muistumia. Ceux qui, comme moi, ont découvert Kauan à partir de Aava tuulen maa, peuvent donc désormais rattraper une partie de leur retard grâce aux réenregistrements et réarrangements offerts ici.
Muistumia se compose en effet de six titres issus de Lumikuuro et Tietäjän laulu, les deux premiers albums sortis en 2007 et 2008. La démarche des russes et ukrainiens à de quoi surprendre. Le disque s’apparente à un best-of de ces premières œuvres qui, aux yeux de leur géniteur, n’avaient pas pu être appréciées à leur juste valeur. Pourquoi donc réenregistrer des morceaux aussi récents ? Il n’est pourtant pas rare que des groupes ne soient pas pleinement satisfaits de leurs débuts. Peu sont ceux qui ont cependant la chance, ou simplement l’envie, de redonner une nouvelle vie à leurs titres de jeunesse. Anton Belov, tête pensante de la troupe, a pris le temps de proposer un lifting à certaines compositions, puis les a réenregistrées avec des moyens supplémentaires pour faire découvrir ce que faisait Kauan avant d’évoluer dans la sphère post-rock. Le style pratiqué alors était un doom sombre et mélodique à la fois.
Le quintet ne se limite pas à ce genre, flirtant régulièrement avec d’autres univers, allant du black au folk. Difficile dès lors de caractériser précisément la musique de Kauan. Un dénominateur commun à tous les titres est cependant la qualité. Les compositions sont recherchées, les arrangements souvent très réussis. Le travail d’écriture témoigne du talent indéniable de la formation. "Aamu ja kaste", ou "Äidin laulu" sont des pièces solides qui toucheront, à n’en point douter, les amateurs de mélodies ténébreuses. A l’image de la pochette, sobre mais séduisante, l’ensemble évoque des émotions graves, mélancolie et tristesse en premier lieu. L’auditeur se voit proposer un voyage vers des contrées froides où la solitude domine. L’une des forces du groupe réside dans sa capacité à tisser des ambiances brumeuses tout au long de cet album, sans jamais provoquer l’ennui.
Nombreux sont les instruments qui interviennent pour peindre ces paysages désolés. Notons tout d’abord quelques solides passages metal, à commencer par la totalité de "Unsoi" qui ouvre cette sortie, seule nouveauté, composée spécialement pour accompagner les anciens morceaux. Le violon d’Anatoly Gavrilov surgit souvent, apportant aux pièces une noirceur supplémentaire, à l’instar de "Koivun eläma", pour ne citer qu’elle. Les claviers et le piano sont également présents et utilisés avec parcimonie. Le spleen engendré par leurs apparitions ne fait que renforcer la beauté de l’œuvre. Quant aux vocaux, ils sont des plus variés, Anton Belov étant aussi à l’aise avec le chant typé black qu’avec le chant clair, aux harmonies souvent superbes. Alina Belova vient placer quelques lignes vocales discrètes mais bienvenues, comme sur "Äidin laulu".
Muistumia est finalement une excellente surprise. Cette sortie devrait permettre à de nombreuses personnes de découvrir les premières et meilleures compositions du groupe. Quant aux aficionados de Kauan, ils pourront apprécier les améliorations apportées aux travaux de jeunesse de la formation russo-ukrainienne. Ce disque est tout simplement beau et très adapté à la saison. L’hiver n’étant pas terminé, je ne saurais que trop vous conseiller de suivre le quintet dans son univers glacial et désenchanté.