CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Daniel Estrin
(chant+clavier)
-Scott Kay
(guitare)
-Simone Dow
(guitare)
-Alex Canion
(basse)
-Mark Boeijen
(batterie)
TRACKLIST
1) Hyperventilating
2) Breaking Down
3) A Beautiful Mistake
4) Fortune Favours the Blind
5) You the Shallows
6) Embrace the Limitless
7) Orpheus
8) The Domination Game
9) Peacekeeper
10) It's A Wonder
11) The Morning Light
12) Summer Always Comes Again
13) Seasons of Age
DISCOGRAPHIE
J'ai toujours rêvé d'avoir un talent particulier. Un truc que je serais le seul à savoir-faire, et avec lequel je pourrais impressionner tout le monde. N'importe quoi aurait fait l'affaire (je ne suis pas exigeant) : être meilleur buteur ; deviner la carte que vous avez tiré ; savoir jouer du borhan irlandais ; être vraiment très souple ; comprendre et parler six langues ; n'importe quoi. Au lieu de ça, j'ai toujours du me contenter d'être médiocre - c'est à dire correct - dans à peu près tout. C'est déjà pas mal, me direz-vous. Je suis d'accord. C'est juste dramatiquement commun.
Depuis Element V et jusqu'à The Meaning of I, il est évident que Voyager a toujours su évoluer en s'améliorant. La recette du groupe - ce heavy tantôt progressif, tantôt mâtiné de pop - n'a eu de cesse d'être perfectionnée et peaufinée ; chaque disque surpassant son prédécesseur. Le talent du groupe s'affirmait encore et toujours à chaque sortie, et l'on se demandait bien jusqu'où cela allait bien pouvoir mener ce groupe du bout du monde. Avec une telle courbe de progression, c'était sûr : le talent que j'ai toujours recherché en vain, les membres de Voyager l'avaient et s'en servaient à chaque fois davantage, éloignant à chaque fois un peu plus la si banale médiocrité. Ah, que j'aurais aimé faire parti de ce groupe... Le chant heavy / cold-wave de Daniel Estrin chaque fois plus maîtrisé ; les compos toujours plus addictives ; les refrains plus imparables et l'ensemble toujours plus émouvant, accrocheur, maîtrisé jusqu'à Meaning of I. Tout semblait conduire à ce que V soit l'album ultime.
Pourtant, sans être une pale copie de Meaning of I, V semble en effet stagner au même niveau que ce dernier. Le verbe est dur, je le confesse, mais pour la première fois, un album de Voyager n'écrase pas purement et simplement son prédécesseur. Est certes conservé cet aspect easy-listening ayant fait la force du groupe ("Breaking Down" est l'exemple-type de ce qu'il conviendrait appeler le « pop metal »), toujours sublimé par le chant unique de Daniel Estrin. Le tout mis au service de compositions mélodiques en diable et fréquemment saupoudrées d'une pincée de mélancolie. Ceci étant, V modifie quelque peu la recette et développe davantage encore le versant progressif du groupe - sans toutefois tomber dans le Dream Theater : vous pouvez souffler. Ce changement, qui semble dérisoire, est pourtant le point crucial de notre affaire. Celui qui fera que, pour certains, V ne sera jamais aussi bon que son illustre parent.
Le côté prog' cultivé par Voyager se veut avant tout moderne. Aussi le groupe n'hésite t-il pas à piocher allègrement dans les codes les plus récents du genre. C'est ainsi qu'"Hyperventilating" - et d'autres - voient leurs riffs « djentisés » au possible, pour le meilleur. Lorsqu'il se fait plus prog' encore, Voyager s'entoure également - avec davantage d'insistance que par le passé - de jeux de guitares complexes. En témoignent de nombreuses pistes, pas aussi catchy que par le passé, mais toujours enjouées et agréables à l'écoute. Les claviers futuro-kitsch déjà bien connus prennent également une bonne place au sein de compositions une nouvelle fois taillées dans un son aussi épuré et clair que possible. De manière plus classique, le heavy prog' de Voyager, même s'il présente le défaut de perdre en lisibilité sur ce nouvel album, reste un cran - que dis-je - un univers au-dessus de la mêlée. L'album parfait sera le prochain. J'en suis sûr.
Subtil mélange d'accroche et de complexité, V dévoile une nouvelle fois un groupe plein de vitalité. Si l'album n'est pas aussi mémorisable que par le passé (et, à ce titre, en décevra certains), il n'en reste pas moins bon. Voyager - sans trop se renouveler - affirme son style et semble, pour la première fois, atteindre un horizon qualitatif en restant sagement au niveau de l'album précédent. Mais au vu de la qualité de V, franchement, qui irait s'en plaindre ?