CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Sam Carter
(chant)
-Tom Searle
(guitares)
-Alex "Ali Dino" Dean
(basse)
-Dan Searle
(batterie)
TRACKLIST
1) Gravedigger
2) Naysayer
3) Broken Cross
4) The Devil Is Near
5) Dead Man Talking
6) Red Hypergiant
7) C.A.N.C.E.R
8) Colony Collapse
9) Castles in the Air
10) Youth Is Wasted On The Young
11) The Distant Blue
DISCOGRAPHIE
Architects est indubitablement la valeur montante de ces dernières années en termes de hardcore (au sens large) mélodique. La clé de leur succès ? Une identité forte et un talent incroyable de composition. Depuis des débuts assez furieux sentant bon le mathcore façon The Dillinger Escape Plan, le groupe a su tracer très intelligemment sa route. Il y a 2 ans, les Anglais nous livraient l'excellent Daybreaker explorant des contrées mélodiques à grand coup de nappes de claviers subtilement placées, tout en radicalisant la violence technique vers quelque chose proche du djent.
Les voici de retour en 2014 prêts à tout casser avec ce Lost Forever // Lost Together à l'artwork épuré mais puant la classe (à l'image du logo du groupe, tout aussi sublime). Les esthètes du metalcore nous avaient dévoilées en avant-première le clip ultra chiadé de "Naysayer", tube incontestable de l'album, qui révélait déjà l'orientation prise par le groupe… la synthèse. En effet, Architects a décidé de piocher dans ce qu'il savait faire de mieux et le sublimer. Il n'est pas étonnant de retrouver beaucoup d'éléments de Daybreaker, clairement l'œuvre la plus aboutie jusqu'alors des Architectes. Les accalmies electro-atmosphériques (le break de "The Devil Is Near" ou " Red Hypergiant ") sont bien à nouveau présentes mais on fête surtout le retour des moshs parts et des riffs fracasse-nuque du passé sur tous les morceaux sans exception.
Techniquement, le groupe va encore plus loin dans les syncopes et le groove de porc comme le montre le riff de "Dead Man Talking" qui met tout le monde d'accord (comment ne pas être pris d'un headbang frénétique ?). "C.A.N.C.E.R" dans un autre genre vient mettre sa raclée guitaristique à tous les groupes de deathcore du circuit. Le tube "Naysayer" n'est pas en reste avec une rythmique de macaque mental sur fond de chant hurlé de A à Z à l'ancienne. Le seul petit regret serait à chercher des breakdowns qui se font un peu grossiers sur ce morceau en particulier, alors que la recette fonctionne à merveille sur un "Broken Cross" haché de syncopes et d'harmoniques à gogo.
Les mélodies sont présentes sur chaque titre au travers des refrains très facilement assimilables avec un chant à mi-chemin entre clair et hurlé, assumant pleinement cet aspect screamo/emocore qui n'était pas toujours très bien maîtrisé par le passé. Le titre le plus gentil de la galette, "Colony Collapse" efface en cela les écueils de "Behind the Throne" du précédent album. Ce qui pourrait être un reproche d'un album linéaire, où tous les titres sont globalement bâtis sur un même schéma, ne l'est pas, tant la qualité ne baisse pas d'un iota. On enchaîne les tueries et l'ensemble de l'album est extrêmement bien bâti alternant mid-tempo et passages épileptiques. S'il fallait venir critiquer, il faudrait aller chercher à la fin de l'album sur "Castles In The Air" et "Youth Is Wasted On The Young", objectivement en-deçà du reste car moins marquants, mais tout aussi bien ficelés.
Architects joue définitivement dans la cour des grands pour ceux qui en douteraient encore. La reconnaissance de la scène est déjà là puisque les Anglais ont mis sans problème sold-out la moitié de leurs shows sur la récente tournée européenne qui vient de s'achever à Paris. Avec un tel talent technique et de composition, ce n'est que chose due. Arrivant en outre à toucher un public relativement jeune (mais pas que) et d'horizons très différents, on peut très facilement supposer que le groupe va se voir accéder à des offres très alléchantes de labels et de festivals. On espère qu'ils sauront garder leur intégrité.