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CHRONIQUE PAR ...

99
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-John Paradiso 
(chant+guitare)

-Nick Orlando
(guitare)

-Dario Derna
(claviers)

-Suzanne Bass
(violoncelle)

-Steve Moran
(basse)

-Vince Verkay
(batterie)

TRACKLIST

1) In Pestilence, Burning
2) Withering Indignation
3) Tending The Dire Hatred
4) Where Ghosts Fall Silent
5) Quietus
6) Embrace The Emptiness
7) Atrementous Journey

DISCOGRAPHIE


Evoken - Quietus
(2001) - doom metal funeral doom des cavernes - Label : AvantGarde Music



- Dites, faudrait voir à ouvrir plus grand la bouche, mon bon monsieur...
- 'omme 'a ? 'est 'ien, là ?
- Non, non, NOOOON ! N'importe quoi. Plus grand ! V'savez, mon but, c'est d'aller voir au fond. Alors forcément, si vous jouez les mijaurées et que vous chouinez au tout venant, on ne va pas aller loin. Motivez-vous, mon brave ! 
- 'ro'is, 'eut 'a 'aire 'ieux... 'ous 'oyez l'ond 'à 'on ? 
- ZUT. Je ne comprends plus un rond de tout votre charabia. Z'êtes du genre lourdaud, mon bon monsieur. J'm'en vais vous détendre moi. Vous connaissez Evoken ? « 'on » ?! Quoi « 'on » ?! « NON », qu'on dit, quand on est bien élevé. Bon. Vous ne serez pas venu chez moi pour rien, c'est toujours ça. Marguerite, vous me passez la fraise dentaire ? Là, à coté du poste. Ah, et lancez moi la musique, pendant que vous y êtes. Hein ? Oui, Evoken. Non. Oui, vous pouvez y aller. Je suis pas aidé, hein... Oh, et vous, ça va : fermez-là un peu. NON ! Ouvrez la bouche, mais fermez là ! Bon sang... 
- (Quietus est libéré des enceintes) « PH'NGLUI MGLW'NAFH CTHULHU R'LYEH WGAH'NAGL FTHAGN ! » ... 'oups. S'cu'ez. 'est 'ot' E'o'en, la... 'a 'eveille des 'hoses... 
- Hum. Oui. Mar... Marguerite, vous me passez ma hache ? Vous serez gentille...


Une belle amorce. Je trouve. Mais inutile d'y chercher un sens profond, hein. Suffit de retenir qu'un dentiste écoute Evoken et que Cthulhu n'est pas loin. Pourquoi pas, après tout. A mieux y réfléchir, on remarque des similitudes. Caverne. Grotte. Humidité. D'où, hum, ouais, d'où le gargouillis de notre patient. Car lorsqu'on évoque Evoken (eh... capiche ?), il faut se rendre à l'évidence : ce truc est dément. Et parfois, c'est un coup à se demander pourquoi je repousse presque systématiquement l'approche de certains grands noms pour, au contraire, mieux aller m'engluer dans la pataugeoire boueuse de la monstrueuse seconde zone. Je veux dire, quitte à vouloir patauger dans la mélasse, autant le faire correctement. Et pour ça, il y a Evoken. Donc... Evoken : funeral doom. Les amateurs de j-poop et autres metalcrabe peuvent surement passer leur chemin ; et même constat pour les dragons chevauchant des chevaliers arborant fièrement une noble princesse a deux mains à leur ceinture. Les autres - nos bébés nageurs du jour - peuvent rester dans ce lieu inconfortable et douillet à la fois qu'est Quietus afin de patauger peinards. Ils peuvent s'asseoir et contempler ces « arpèges plic-ploc », pareils aux gouttes chutant d'un stalacFTHAGN !!!, woups... aux gouttes chutant d'un stalactite et semblant compter les heures. Ils peuvent ressentir - parfois - l'air pur à l'extérieur. Ils peuvent se sentir tout à la fois élevés vers la voûte - la grotte en question est haute de plafond - tout en ayant conscience de lutter contre les forces telluriques et ancestrales qui se cachent au sein de ces ruines cyclopéennes. 
Ça n'en a pas l'air comme ça, mais vraiment, c'est sympa, Evoken. Car le funeral doom bien foutu, on ne le répète pas assez, c'est sympa. Fort dommage que le genre soit mangé par ses propres clichés et par les hordes de zonards qui te claquent du clavier n'importe comment et plein la pogne sur des pistes de vingt-cinq minutes qui en comptent quinze de trop. Attention à ne pas se méprendre toutefois : oui, Evoken balance également du clavier ; pire, du violoncelle ; pire, des arpèges clairs... mais tout ceci n'est pas au service du Bien. Oh que non ! ...du Mal alors ? Nenni ! Car tout ceci est au service du Vrai ! Le Vrai avec tout ce qu'il comporte d'aspérités, de tristesses, de douleurs... Sans artifices, Evoken dépeint le monde intérieur depuis sa grotte. La caverne de Platon rendue K.O. par la grotte d'Evoken. La bête se meut avec une lenteur qui n'est pas relative. Cette lenteur est absolue et le monde qui tournoie autour, lui, apparaît comme relativement véloce au regard du pivot Quietus. Vous avez quatre heures. Dans son non-rythme teinté de nappes synthétiques et d'accords implacables mais paradoxalement plaqués avec force et conviction, Evoken est grave et profond, à l'instar de ces vocaux abyssaux comme le genre l'exige, et de ces rares voix claires et parlées, menaçantes. D'où Cthulhu, d'où le dentiste, d'où la hache... Tout fait sens (non ?). Sans point de repère autre que les roulements intraterrestres d'une batterie qui apparaît dotée d'une volonté propre, Evoken n'est pas si triste, pas si noir, pas si glauque que ça. Evoken bouge, lentement ; Evoken remue, imperceptiblement... Evoken EST.


- Maaaaaaaaaaaaaaaargueriiiiiiiiiiiiiiiiite ! Venez vite ! Le TRUC remue encore et notre patient disparaît ! Il... il fond à vue d’œil ! C'est... c'est horrible... et... en même temps... c'est ça. Oui. C'est TOUT. (...) Maître. Que n'ai-je perdu de temps avant de vous découvrir. Oh, que n'ai-je perdu de temps...
Par la suite, notre praticien laissa tomber ses gants et disparu. Il disparu intégralement. Ainsi que le patient. Et Marguerite. Et le cabinet tout entier sembla se dissoudre. Le monde abandonna cette zone limitée que la Vérité avait touchée. Du non-lieu qui subsiste aujourd'hui émanent encore des sensations horribles et magnifiques. Étrangement, le monde semble ne pas le voir. Ou peut-être ne veut-il pas le voir. Allez savoir... 



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