CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-John Paradiso
(chant+guitare+basse)
-Nick Orlando
(guitare)
-Denny Hahn
(claviers)
-Vince Verkay
(batterie)
A participé à l'enregistrement :
-Chris Kuffner
(violoncelle)
TRACKLIST
1) Intro
2) In Solitary Ruins
3) Accursed Premonition
4) The Mournful Refusal
5) Pavor Nocturnus
6) Antithesis of Light
7) The Last of Vitality
DISCOGRAPHIE
Dans les abysses terrestrielles... - Question légitime : Evoken est-il le meilleur groupe de doom extrême ? Les pontes du genre à être toujours en activité sont rares... Skepticism pour l'antique, Esoteric pour l'espace, Mournful Congregation pour la beauté, Shape of Despair pour la mélodie, Ahab pour la jeunesse, Ataraxie pour la France... Avec ceux-là, auxquels il faut ajouter Evoken, pour l'aridité et la noirceur, nous ne sommes pas loin d'avoir fait le tour des principales forces en présence. Mais Antithesis of Light, lui, même dans ce concile des grands, trône supérieur.
Diantre qu'il est aride, ce disque d'Evoken. Un cran plus sec que le très réussi Quietus, Antithesis of Light ne possède plus le charme désuet des premiers méfaits, tant dans sa production que dans les erreurs de jeunesse qu'il évite. Très nettement, Antithesis... est une œuvre de pleine possession. Pour le collectif, pleine possession de ses moyens. On sent Evoken se lover avec confiance entre ces énormes riffs « amélodiques » et massifs comme la roche et les guitares « gouttes d'eau », noyées d'échos et de rebonds. Pour l'auditeur, pleine possession de son espace vital. Evoken nous transporte - plus encore que sur Quietus - dans les tréfonds, les grottes et les cavernes. La lenteur est de mise, la sobriété est une muse. Les structures se cachent. L'ensemble est lourd, intense. Ce n'est même plus de la tristesse : simplement de la spéléologie, de l'exploration de zones moites et inconnues du monde et de l'âme.
Evoken n'est pas là pour jouer, ce qui n'empêche pas les musiciens derrière le projet de s'en donner à cœur joie. Le ton est donné par une batterie dont les roulements, les frappes nourries d'infinis échos résonnent chaotiquement dans l'imprévisibilité des parties de guitares, véritables masses sonores dénuées de chaleur. Le growl sort des cavernes. Les Mémoires d'Outre-Tombe selon Evoken, la mélancolie romantique en moins, et le décharnement gris anthracite en plus. Rien ne dépasse jamais. Les rares incursions dans la vitesse sont instantanément anéanties. Les rares trop-plein de vide sont comblés par des chœurs ou des sons aux allures de mantras. Tout excès est purgé... Trop de calme ? Jamais. Trop de lourdeur ? Jamais. Trop d'oppression ? Jamais. Trop de mélodies ? Jamais. Le recueil aurait tout aussi bien pu s'appeler « Antithesis » et s'en tenir là, nous laissant le doute sur la thèse ainsi réfutée.
Evoken est assez clairement le représentant de la lourdeur absolue. Son doom metal ne cède jamais, n'opère aucune concessions (pour cela, il faudrait attendre Atra Mors, et Evoken le fera avec un grand talent) et sa science du gris, de l'absence d'émotions volontaire, du riff bien taillé, de la tension bien dosée n'est plus à démontrer à compter de cet Antithesis of Light qui, pour sec et énorme qu'il soit, n'en attirera pas moins les louanges des personnes sensibles au genre pratiqué.