CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
Brutal Truth :
-Ubi Quitous
(chant)
-Dan Lilker
(bass loops)
-Kevin Sharp
(harsh noise )
-Richard Hoak
(batterie)
-Peacemaker
(power electronics)
-Winters in Osaka
(noise electronics)
Bastard Noise :
-Barnes
(ROARAFC "Caveman Electronics", Hot-Rodded Hammond Organ)
-Wood
(Prototype Trogotronic 666, Custom Tube Trogotronic 677)
TRACKLIST
1) The Duel of the Ant and the Dragonway (Bastard Noise)
2) The Horizon on Lynx (Bastard Noise)
3) Horned Beetle Conflict (Bastard Noise)
4) Mantis Colony (Bastard Noise)
5) Preemptive Epitaph for the Living (Bastard Noise)
6) The Antenna Galaxies (Bastard Noise)
7) Frack Baby Frack (Bastard Noise)
8) Control Room - Peace is the Victory Mix (Brutal truth)
9) Control Room - Smoke Grind and Sleep Mix (Brutal truth)
10) The Stroy (Brutal truth)
DISCOGRAPHIE
Ceci n'est pas un album. Je répète : ceci n'est pas un album. Ceci est une expérience hantée, dominée par la folie et la peur, par le malsain et l'horreur, par l'anarchie et le chaos. Ceci est une chose Lovecraftienne, pas vraiment onde sonore mais plutôt bande originale d'un cauchemar issu d'un cerveau malade où se croisent insectes rampant et terreurs sidérales. Ceci est le son d'une âme torturée et gangrenée, c'est une porte ouverte vers une dimension infernale faite de douleur et de pleurs, où plus rien n'a de sens et où les bruits connaissent d'ignobles mutations les rendant aussi affûtés et douloureux qu'un instrument de torture.
Ceci est une chose sans nom, indéfinissable, ineffable. Cela ne s'écoute pas, cela se vit, se rêve – ou plutôt se cauchemarde. On veut le fuir, et puis on y revient, comme des accrocs à la douleur. On y cherche le miroir de nos frayeurs nocturnes, on y déterre nos phobies enfouies sous des couches de camisoles chimiques, on passe un œil furtif dans le trou béant de nos âmes puis on tâche d'oublier ce que l'on croit y avoir vu et entendu. Certains y perçoivent un chant divin et finissent enchaînés dans une prison sans fenêtres ni portes, d'autres ne peuvent en supporter la simple évocation et se donnent la mort pour éviter la souffrance et la décrépitude engendrées par ces crissements infernaux, d'autres voient dans les méandres violentes et chaotiques de ces expressions la plus pure mélodie de notre univers et finissent noyés dans son immensité.
Ceci est une introspection douloureuse, un cancer musical dont le but final et la purulente volonté sont de vous faire frire le cerveau afin de l'emmener dans un voyage fait d'une incontrôlable entropie, où chaque architecture est le fruit d'une logique non-euclidienne. Il faut lire dans les quelques moments où la psyché humaine peut envisager une certaine idée de la paix comme un court moment de grâce, prélude à d'autres expériences où sont assemblés des sons qui n'ont jamais été conçus pour être entendus de concert, et tâcher de percevoir dans le rythme des crépitements malades qui surgissent du fond de l'espace comme un message d'espoir venu d'un passé mort et trop lointain. Avant que ne surgissent encore ces longs déploiements de hurlements dissonants entourant votre âme de ses tentacules glacées et vides.
Ceci est une expérience. Une vision cauchemardesque et rampante d'une infinité d'insectes grotesques s'introduisant dans votre corps et y livrant une guerre sans merci contre votre organisme nécrosé. Ceci est un concert de hurlements malades qui petit à petit vous modèleront pour faire de vous une chose bavante et hurlante, écrasée par l'immensité froide de l'univers et dévorée par ses névroses et ses terreurs. Bon voyage.