CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Ross Jennings
(chant)
-Richard Henshall
(guitare+claviers)
-Charles Griffiths
(guitare)
-Diego Tejeida
(claviers)
-Thomas Mac Lean
(basse)
-Raymond Hearne
(batterie)
TRACKLIST
1) The Path
2) Atlas Stone
3) Cockroach King
4) In Memoriam
5) Because It's There
6) Falling Back to Earth
7) As Death Embraces
8) Pareidolia
9) Somebody
DISCOGRAPHIE
Alors que Dream Theater connait des années plus difficiles, nombre d’amateurs éclairés de metal prog aux structures capillotractées avait rapidement fait de Haken leur nouveau messie, celui qui, sans révolutionner le genre, allait le dépoussiérer quelque peu, rafraîchissant tous ses codes, les reprenant à leur sauce faite de spontanéité candide et de fougue. Moins de quatre ans après leur premier album, The Mountain troisième opus des jeunes prodiges d’outre-manche devait entériner ce statut mais ont-ils trouvé l’inspiration pour passer ce fameux cap du troisième album souvent si difficile à franchir ?
Pour ceux qui auraient manqué l’ascension fulgurante du sextet britannique, il est bon de rappeler que ses deux premiers albums, Aquarius et Visions, étaient sans doute déjà à placer au milieu de la discographie parfaite du progueux et que l’attente de ce troisième rejeton en a rongé plus d’un, notamment ceux qui nourrissaient la crainte quasi paranoïaque que trois rime avec faux pas. Croyez-bien que je suis désolé de briser ce suspens insoutenable dès le premier paragraphe de cette chronique (et puis, soyons honnête, vous avez déjà vu la note) mais non, ce n’est toujours pas pour cette fois puisque ces gars-là ont à nouveau décidé de nous botter l’arrière-train avec une force redoutable ! On n’observera pas sur le papier de franche mutation par rapport à leurs sorties précédentes : les chansons sont toujours régulièrement longues (quoique qu’on reste loin des 22 minutes d’un titre comme "Visions"), les changements de rythme sont incessants – abscons diront certains –, à rendre fou un métronome et les breaks instrumentaux occupent parfois près de la moitié des morceaux mais l’ensemble est étonnamment fluide, toujours pas de longueur au rendez-vous, de même que toute forme de bête démonstration technique et masturbatoire reste proscrite malgré le niveau intrinsèque impressionnant des musiciens (dont une partie est quand même diplômée de conservatoire). Ainsi, cette heure de musique glisse dans nos oreilles aussi rapidement qu’elle est prenante. Car oui, The Mountain est un album qui donne la banane d’autant plus que, probablement en raison de la diminution du nombre de plans plus barrés, il est sans nul doute plus facile d’accès que les précédentes sorties du groupe.
En effet, tantôt groovy, tantôt aériennes, les guitares se mettent plus régulièrement en retrait et, au contraire, le chant se retrouve plus souvent projeté sur le devant de la scène sur des titres courts comme "The Path", "Because It's There" et "As Death Embraces" mais aussi sur les 9 minutes mélancoliques de "Somebody". A de nombreuse reprises on le retrouvera donc soutenu uniquement par un arrangement symphonique ou du piano, plans qui offrent des virgules très agréables qui fluidifient d’autant plus l’écoute et, si le timbre de Ross Jennings n’est pas nécessairement du goût de tous (il fallait bien émettre une critique), avouons qu’il est difficile de lui reprocher grand-chose d’un point de vue purement technique. C’est donc un groupe visiblement décomplexé qui se risque à un petit passage a cappella sur "Cockroach King" qui, sans réinventer la roue et sans faire de ce titre le nouveau "Bohemian Rhapsody", donne vraiment l’image de gars qui se font terriblement plaisir à faire de la musique ensemble. Pour ce qui est du reste, rien de plus facile : les Anglais déroulent tout leur talent sur les titres longs comme le superbe "Atlas Stone", "Falling Back to Earth" et son démarrage absolument dantesque ou encore "Pareidolia" et son riffing arabisant qui rappelle à plusieurs reprises le formidable "Home" des incontournables rois déchus de Long Island et qui verra même Raymond Hearne lâcher un petit blast beat. Vous ferez le compte vous même si vous le désirez mais vous arriverez sans aucun doute à cette conclusion : pas une minute n'est à mettre de côté !
Ita missa est ! Habemus papam ! Haken persiste et signe, les Britanniques semblent bel et bien confirmer leur statut d’immense espoir et assoient leur position de nouvelle référence du metal/rock prog. A n’en pas douter, The Mountain est bel et bien un des albums de cette année 2013, jamais prétentieux malgré toute sa complexité, Haken, peut-être un peu moins fou que lors de ses premiers pas, émerveille néanmoins toujours, la magie continue d’opérer et jamais à un seul instant la lassitude ne pointe le bout de son nez. Trois albums exceptionnels en trois ans et demi, pas un seul faux pas, assurément un véritable coup de maître qui augure un avenir des plus radieux, je n’aurai donc plus qu’une chose à leur dire : continuez à vous faire plaisir et à nous régaler !