Ah l’été… La perspective pour la plupart des amateurs de musique, et autres mélomanes de pacotille de devoir prendre la route afin de se rendre dans divers festivals. Mais cette saison propice au voyage touche aussi les musiciens qui se déplacent beaucoup, afin de jouer pour ceux qui voudront bien aller les voir. Voici donc la première (ou une des premières) chronique écrite en train. Revocation commence doucement à se faire un nom dans la scène thrash/death, après trois autres albums ayant reçu dans l’ensemble des critiques positives. La plupart du temps, lorsqu’un groupe signe de son propre patronyme une sortie, c’est qu’il a délivré un opus magnum. Est-ce le cas ici ?
Le premier titre, dynamique (heureusement, au vu de l’étiquette stylistique apposée à la formation), ne trahit pas tout de suite le fait que l’album va être une tuerie (d'ailleurs, ce point précis, on a encore tiré aucune conclusion). Les riffs bien ficelés de "The Hive" sont assez spéciaux, usant de dissonances caractéristiques du death technique. C’est également l’occasion de constater que le « death » n’est pas usurpé, puisque des blast-beats sont déjà délivrés. On regrettera seulement un titre qui se repose un peu trop sur le même riff et qui délivre un solo pas forcément admirable, comparativement à ce qu’on pourra trouver ailleurs dans la tracklist. Heureusement, la suite est d’un tout autre tenant. "Scattering The Flock", au démarrage brut, installe un standard de qualité pour le reste de l’album, avec notamment ce solo cosmique, assez proche de ce qui était proposé sur le deuxième album de The Faceless. Les riffs sortent assez souvent des sentiers battus, la plupart du temps sur la base des dissonances déjà évoquées.
Les couplets efficaces succèdent aux refrains équarrisseurs, toujours mis en valeur par l’alternance de deux chants, l’un criard, l’autre plus growlé. Cette tendance rappelle un peu Abysmal Dawn, pour les refrains tout du moins. Quelques petites originalités se glissent également à quelques endroits, comme le banjo, déjà culte, sur "Invidious", surprenant au premier abord, avant que la nuque ne recommence à se briser sur ce riff à moshs. Les solos sont également assez étonnants, loin de ce qui se fait d’ordinaire dans le genre, tirant sur le spatial des deathsters techniques. Le résultat est très souvent digne d’intérêt ("Archfiend", "Fracked" ), parfois moins (le premier titre). De l’image plutôt brutale qu’on pourrait se faire de ce disque, il convient cependant de se méfier. Car, d’un point de vue général, la formation se débrouille toujours pour insérer un riff mélodique pour casser la monotonie d’une brutalité qui serait perpétuelle autrement (captain obvious bonjour !). Citons la guitare acoustique d’ "Archfiend", qui débarque par surprise, pour annoncer un solo typique du Megadeth de Countdown To Extinction.
Pour le plus grand bonheur de l’auditeur, en dehors de ces incartades mélodistes, les tempos sont dans l’écrasante majorité des cas relativement furieux, ne laissant que peu de place aux ralentissements. Ceci dit, ces derniers ne sont pas non plus totalement inexistants, et se payent même le luxe d’être bien placés, comme celui de "Fracked" qui permet au morceau une entrée fracassante, en contraste avec les morceaux qui l’entourent. Sur ce même "Fracked", on peut d’ailleurs constater une lente montée en intensité avant le solo, preuve que ces encore jeunes gens savent composer correctement des morceaux capables de tenir en haleine, et qui ne déchargent pas tout dans des rafales inconsidérées de violence. Un thrash/death intelligent donc, qui sait laisser respirer l’auditeur quand il le faut, au moyen d’apports mélodiques agréables, et qui reste accrocheur avec un double chant bien organisé. En cela, ils restent fidèles à leur style habituel. Cependant, ils parviennent à éviter le piège de la linéarité en injectant des surprises dans les morceaux, au gré de leurs envies.
Encore un album fortement réussi, qui permet de ne pas désespérer complètement sur l’état de la scène revival, qui avec eux, est entre de bonnes mains. Etoffant leur répertoire par des morceaux qui seront aussi efficaces sur album qu’en concert, les Américains confirment ici tout le bien qu’on pensait déjà d’eux.