Boston. Massachusetts. 2005. Cryptic Warning devient Revocation et enregistre son EP Summon the Spawn. Le succès est immédiat et lui permet d'ouvrir pour quelques pointures comme Dimmu Borgir, se fait peu à peu un nom et rentre en studio en 2008 pour auto produire Empire Of The Obscene. Dans la continuité, le LP connait un succès rapide dès sa sortie et les mille exemplaires sont rapidement vendus. Ce pavé de thrash technique boosté au death ressort cette année chez Metal Blade en format réédition : enrichi de leur première démo. Un seul mot : YOUPI !
Les mille premiers exemplaires dorénavant introuvables auront permis à David Davidson de montrer son savoir composer et jouer. Les sorties suivantes, malgré les changements de line up, n'auront finalement pas altéré le talent de Dédé. Le passage remastérisation proposé ici a l'avantage de rappeler, s'il est besoin, l'exploit de groupe. La quasi heure offre un thrash technique aux riffs vicieux et malins, tirant inexorablement vers l'exquis. Le growl dans la gorge, Davidson éructe ses chants en mode death maîtrisé, du grunt affirmé au passage plus mélodico- mélodieux. Mais il y a même un peu plus que ces deux variables, tant la musicalité Metal est présente : chacun retrouvera ses influences globales et musicales au passage d'un solo narguant la bonne vieille mélodique nouvelle vague du heavy UK, quelques plans très « S » , secs et râpeux comme un Slayer lorsqu'il régnait dans le sang, jusqu'au socle parfois si fondamental de trois accord blues. Le groupe peut ainsi proposer un univers cohérent dans son ensemble, mais d'une richesse infinie. Et autant commencer l'album en collant une grosse mandale : "Unattained", histoire d'attendrir la bidoche-auditeur, puisqu'il n'en sera que plus moelleux et fondant par la suite lorsque le trio décidera de ralentir le tempo ou de le saccader à qui « riff mieux mieux ».
En bref, Davidson fait partie de ces guitaristes dopés au talent et à l'hyperactivité. Peut être finalement moins exposé que d'autres plus chanceux comme un Jeff Waters (vers qui l'influence ou le rapprochement des la composition et les solos se révèlent rapidement, notamment le solo de fin sur "Exhumed Identity" après le sublime "Guitar!") ou le légendaire apport de Chuck sur ses compositions « humaines » « technico-dess-mélo » esquissées par moment ("Fields of Predation"). Revocation s'est donc mis tout seul sur orbite et, sauf peut être le dernier album Deathless, n'a eu de cesse depuis ce premier LP de proposer de quoi prendre son pied musical malgré une technicité forte. Une oreille balancée sur la démo valant bonus confirme grandement cette impression où, même si le son de facto reste crade et poussiéreux, balbutie déjà le talent du frontman. L’intérêt autre que mercantile de cette réédition est tout simplement d'accéder et de découvrir peut être le meilleur album du groupe, alors que l'on sait très bien la puissance de ce qui a suivi.
Il était temps. Beaucoup finalement connaissent le groupe depuis Existence is Futile et les albums suivants. Aussi la découverte de ce premier LP ne sera qu'une très bonne nouvelle de fin d'année. Les connaisseurs se raviront du son retravaillé, un peu comme un passage en HD (et le travail sur l'artwotk est parfait exemple). Sans aucune hésitation, voilà pour une fois une réédition à se procurer au plus vite. Plaisir assuré.