CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8.5/20
LINE UP
-Ryo
(chant)
-Uchino
(chant+guitare)
-Koreeda
(chant+basse)
-Satoshi
(batterie)
TRACKLIST
1) Here Comes Perdition
2) Hellbringer
3) The Colossal Hole
4) No Saviour
5) The Vacant Pale Vessel
6) Rotten Disciples
7) Dishuman
8) The Unhallowed Tide
9) Tormentopia
DISCOGRAPHIE
Le death metal. Ah, doux charnier où nombre de formations tentent perpétuellement d’atteindre le fin fond d’un domaine. Que ce soit la brutalité, avec Internal Suffering qui bataille avec Brodequin, la technicité, et ses Spawn Of Possession et Origin, la noirceur avec Incantation et ses émules, la lenteur, où officie Asphyx, Disma, Autopsy à l’occasion. Mais si l’un de ces domaines est oublié régulièrement, c’est bien celui du death gras. Grave reste l’un des champions avec ses productions massives aux guitares accordées six-pieds sous terre. Coffins, groupe japonais déjà à l’origine de trois album s’est fermement engagé dans cette voie, quitte à susciter l’incompréhension, et parfois l’ennui de confrères.
The Fleshland, leur nouvelle livraison, ne déroge pas à la règle. D’entrée de jeu, les tympans sont violentés par un mur de basses au rendu tirant presque sur le goregrind. Pour ce qui est du gras, c’est réussi donc ! Et quand arrive la voix, ce n’est qu’une couche supplémentaire de lipide qui vient se surajouter. A la croisée du Devourment second et du Grave primaire, le bonhomme décoche des salves glaireuses rappelant également les pitchs de ces tricheurs de goregrindeux. Ouaip, le death le plus gras de la terre vient du Japon et il tient du goregrind, étrange dit comme ça. La simplicité générale renvoie d’ailleurs de la même façon au Autopsy de Severed Survival, ou à la scène finlandaise, qui avait aussi ce tempérament vicié et cette tendance au ralentissement. Seulement, les ralentissements se trouvent en même temps être une force mais aussi une faiblesse de Coffins. Ils peuvent être délicieux, comme celui de "The Colossal Hole", le premier de l’album donc, mais aussi très chiants une fois l’habitude prise, à cause d’une batterie plus que simpliste qui ne meuble nullement. A se demander si Lars Ulrich n’a pas été débauché pour venir enregistrer le tout.
Coffins fait partie de ces quelques formations qui arrivent à distiller la puanteur des charognes dans leur compositions. Non pas la vision enjouée baudelairienne, mais simplement l’odeur qui rappelle fatalement à tout un chacun son destin. Seulement, les Japonais ont pour principale tare d’allonger bien plus que nécessaire des compositions qui gagneraient à être plus concise. Ou comment un album qui devrait durer entre 30 et 35 minutes se retrouve à en faire 47. Les français de Necrowretch l’avaient compris, eux. D’autant plus que les compositions des Nippons souffrent du syndrome du riff interchangeable : (très) peu marquants, ils s’apprécient davantage pour l’impact que provoque leur succession que pour leur singularité. En clair, rien ne se ressemble plus que deux riffs de Coffins. La production joue sans doute un rôle non nul dans cet état de fait, mais c’est de leur faute. Plus monolithique que mémorable, The Fleshland se vautre dans ses travers comme les Quenu dans la graisse de leur boutique. Zola est d’accord avec cette comparaison. Dommage, car le rendu est sympathique pour peu que peu de cas soient prêtés à la variété et au fait de pouvoir se rappeler quelque chose à la fin. Et au fait d’avoir une migraine à la fin, aussi.
Une purge donc, difficile à s’enfiler d’une seule traite, mais qui à petite dose rassasie l’amateur de death old-school pour quelques semaines, voire mois. Parce qu’un disque dispensant autant de gras, il n’est pas souvent possible d’en voir. La note tient ici compte du fait que ce soit trop long. S’ils ne sortaient que des EP ou dosaient correctement le remplissage des disques, elle aurait été plus élevée. C’est la vie ma bonne dame. Vous reprendrez un peu de fromage de tête avec ça ?