CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Angrrau
(chant+basse+piano)
-Herbst
(guitare+basse+batterie)
TRACKLIST
1) Þinaz Andawlitjam
2) Mittsommerregen
3) Ruinene
4) Kalte Tage
5) Ëin
DISCOGRAPHIE
En 2008 lorsque Lantlôs débarque avec cette première offrande du même nom, la mode du black était encore à des résidus de black/death et la dissonance de Deathspell Omega/Blut Aus Nord ne s'était pas encore répandue de partout. L'Allemagne elle-même produisait quelques bons groupes mais ne faisait pas office de référence. Aussi, lorsque arriva ce cd, ce fut le début d'une bonne explosion germanique dont on entend encore l'écho.
Le moment 0 de Lantlôs représente une sorte de trou noir béant, un instant T où le temps et l'espace n'existent plus franchement. Comment expliquer autrement que ce black metal si cru, si noir, si racé aille à la rencontre du post rock dans un alliage rudement homogène et solide ? Les années 90 venaient de se fracasser tête la première dans les années 2000, le black metal intense et froid de la Norvège mangeait frontalement toute une scène éthérée et fière de son émancipation rockière. Le pire finalement étant qu'aucun des deux ne perde son essence dans cette fusion des gamètes. Le post rock envoie ses ambiances lointaines, lentes et longues en harmonie avec des guitares assez distordues mais bien fermement atmosphériques. De son côté, le black metal cru, abrasif, sale et glacial s'abreuve du blast beat pervers et remplit son calice de votre âme en abandon total. Les riffs se font tantôt corrosifs, rapides et froids, tantôt lents, ambiants et suavement éloignés. Les cris de déchirement de Angrrau percent le cœur alors que ses déclamations font remonter des émotions enfouies.
La dualité de ce disque ne fait paradoxalement pas oublier son insatiable homogénéité et son inextinguible envie de vous atterrer. Les passages les plus black metal s'enchaînent à des moments de calme trompeur. La beauté de la guitare sèche vient même troubler notre quiétude saturée sur "Ëin", toujours armée de cette implacable évidence qui rend l'ensemble invraisemblablement fluide dans son déroulement. Là va résider ce qui peut être reprocher à un tel disque : un trop grand mariage des genres qui peut rebuter les amateurs metalliques, car c'est avant tout à eux qu'il est adressé. Un ennui coupable peut-il s'emparer de celui qui attend des riffs à foison ? Oui soyons honnêtes et avouons-le. Néanmoins, ce n'est pas à ces personnes que se destine Lantlôs. Lantlôs l'album vise un public qui aime le black metal ainsi que toutes les ambiances qui confinent à la tristesse, au repli sur soi et à l'abandon dans l'écoute. A ces personnes cet album parlera d'une force incroyable et elles éprouveront un plaisir peu commun à son écoute.
Formidable réussite dans la fusion fluide des genres, Lantlôs dévoile un groupe qui pour ses débuts marque ni plus ni moins qu'une pierre angulaire d'un genre encore balbutiant : le post black dans sa définition post rock. Une réussite intense dans sa représentation et puissamment efficace dans les tympans des fans de musique sombre.