CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Neige
(chant)
-Herbst
(guitares+basse+batterie)
TRACKLIST
1) Minusmensch
2) These Nights Were Ours
3) Pulse/Surreal
4) Neige de Mars
5) Coma
6) Neon
DISCOGRAPHIE
Avec un 1er effort remarqué par sa diversité musicale et ses incartades nombreuses dans le genre plutôt incongru du post rock, Lantlôs a suscité de nombreux émerveillements en même temps que des espoirs. Un seul album l’avait déjà implanté dans le black metal comme un pourvoyeur de musique pure et pourtant aérée et originale. Cette suite au nom étrange, .neon, se doit d’être à la hauteur et même titiller notre soif d’inconnu. Lantlôs a une fière mission, mais compliquée à relever. Le genre à voir Obelix faire le jeûne pendant 7 jours.
Forcément serait-on tenté de dire, l’album s’ouvre dans un océan de calme. D’une pureté écarlate, cette entrée en matière voit la batterie caresser ses cymbales dans la plus grande tradition du jazz. Étonnant, même pour du Lantlôs, que de voir le groupe oser s’aventurer aussi loin des frontières du black metal. La suite va cependant remettre les pendules à l’heure. Cri ignoble black metal (assuré par Neige au passage, français très connu pour ses groupes Peste Noire et Alcest) et guitare froide black metal typique. Cela sera suivi par un blast. Ouf ! Le groupe n’a rien perdu de sa verve noire. Enfin... pas entièrement car le reste de l’album sera clairement moins violent que le 1er opus. Ce début annonce sans voile ce à quoi le reste de la galette ressemblera. Haut-le-cœur, variété, différence. Cette diversité n’est absolument pas un critère discriminatoire sur la qualité de ce qui va entrer dans nos canaux auditifs. Encore moins pour un groupe qui affiche clairement son originalité.
Avant de partir sur les considérations artistiques, la pause son est intéressante. Lantlôs a réussi à trouver un excellent équilibre entre force de la batterie, froideur des guitares et présence de plomb de la basse lors des parties les plus violentes et son très chaud et rond pour les parties plus jazz. Un très bon point. Le chant ressort parfaitement de cette mêlée qui plus est. Sur les chansons, il y a tellement à dire. Le groupe est maître dans l’art de varier les plaisirs et ne s’en laisse pas compter. Black metal et jazz donc, mais aussi post rock voire même incursions pop (metallisée) ! Arriver à faire cohabiter tout ceci est une gageure, mais c’est pourtant ce qui se passe dès les quasi 8 minutes de "Minusmensch". Chanson à tiroir pour musique multicouches, logique. Le temps n’est pas long pour autant, la longueur de la composition sonne naturelle comme lors d’une soirée estivale, encerclé par le bourdonnement des insectes dans l’herbe haute et sèche. Il en sera de même le long du disque qui s’étale de toute sa classe. Car la classe, voilà un mot qui s’applique à Lantlôs.
Le début de "These Nights Were Ours" est formidable à ce niveau. Arpège délicat de guitare puis énervement électrique sur un riff excellent accompagné dans la foulée d’un blast rageur, renforcé par les tapes d’une basse frondeuse. Voilà de la musique ! Ca enchaîne sur de la quasi pop avec un pam pam caractéristique du genre qui rappellera (de très loin) Coldplay. En 2 minutes, Lantlôs vient donc de prouver qu’il savait cogner comme peu de groupes de black savent le faire en même temps que son ouverture musicale implacable avec une science de la composition évidente. 4 minutes 41 qui ressemblent à un tour de force qui se conclut dans la mort d’un blast. Evidemment, les reproches peuvent pleuvoir sur une telle musique. Boursouflée, hautaine et inutilement variée, elle demande un auditeur attentif et ouvert. C’est son exigence et son risque en contrepartie. Toutefois, cela permet de se délecter de moments de pureté cristalline sur l’ouverture de "Pulse/Surreal" où Neige montre sa légitimité en tant que technicien sur chant clair et surtout son intégration parfaite à la musique de Lantlôs. Ce genre d’instants magiques typiques de Lantlôs qui fait ressentir des émotions fortes entre joie, mélancolie, nostalgie et vision d’avenir.
Ce disque, plus encore que son prédécesseur, vous obligera à choisir votre camp. Soit vous admettez que le black peut être multiforme, et cela peut vouloir dire popisant, et vous adorerez sans aucun doute, soit vous n’aurez pas la patience ou le goût de vous jeter dedans, et alors cette musique paraîtra simplement vaine et égocentrique. C’est un voyage exigeant que voilà, mais il en vaut chèrement le coup.