CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jeff Loomis
(guitare)
-Christine Rhoades
(chant)
-Ihsahn
(chant)
TRACKLIST
1) Mercurial
2) The Ultimatum
3) Escape Velocity
4) Tragedy And Harmony
5) Requiem For The Living
6) Continuum Drift
7) Surender
8) Choosen Time
9) Rapture
10) Sibylline Origine
11) Collide
12) Reverie For Eternity
DISCOGRAPHIE
Nevermore c'est terminé. Over. NeverMORT quoi. Bon, le groupe était très bon et avait pondu d'excellents disques. Que dire de plus? L'entité a fait son temps et a accompli sa tâche avec efficacité. Si certains pleurent évidemment sur cette perte, ce n'est pas mon cas. D'autant plus que des fragments de l'esprit Nevermore peuvent être retrouvés dans les diverses carrières solo des ex-membres. Parmi celles-ci, celle de Jeff Loomis, l'architecte fou, le créateur de monde, le talentueux guitariste, qui sortait en cette année 2012 la seconde oeuvre sous son propre nom : Plains of Oblivion.
Très vite, le contact intellectuel se créé entre Nevermore et Plains of Oblivion. Et c'est bien logique, car même si ce brûlot en solitaire n'a bien sûr pas la même approche que celle développée sur les oeuvres collectives, certains gimmicks propres au compositeur restent immédiatement identifiables. De nombreux passages seront là pour faire le lien entre le passé et le présent du guitariste. En vrac, l'intro de "The Ultimatum", les riffs de "Tragedy And Harmony" et, d'une manière général, tous ces rythmes bondissants et lourds que l'on connait si bien. Le terrain est semi-conquis dès le départ et cet album de shred n'en est donc pas un. Ou du moins, il n'est pas que cela. A mi-chemin entre la démonstration guitaristique propre à l'exercice en solitaire et l'avalanche de riffs caractéristique du thrash moderne joué pendant des années, Plains of Oblivion devrait parvenir à réconcilier certains avec le mythe du guitariste solo.
Enfin, guitariste solo... il faut le dire vite quand même. Peu tenté par la redite pure et simple d'un Zero Order Phase déjà fort efficace en son domaine, Jeff Loomis a semble t-il jugé bon, sur ce nouvel opus, de s'adjoindre quelques services vocaux. Sur "Tragedy And Harmony" (costaude) et "Chosen Times" (calme), Christine Rhoades (entraperçue sur Dreaming Neon Black) vient placer sa charmante voix féminine, apportant un peu d'air frais au sein de cette avalanche de solo d'influence néo-classique ("Requiem For The Living" en tête). Sur l'édition limitée, nous retrouverons la chanteuse sur les deux pistes finales, avec encore une fois une certaine réussite. Aux coté de cette touche de douceur, Ihsahn joue le mauvais bougre sur "Surrender". Et le mélange, ma foi, prend correctement. Alternant agressivité sur le couplet et envolée sur le refrain, le tout sur fond de riffs appuyés, Ihsahn trouve sa place au milieu de ces plaines de l'oubli.
Le reste sera d'une facture le plus souvent classique. Vas-y que ça shredde par-ci, vas-y que ça shredde par là. L'exercice est parfois efficace, parfois stérile. Ici, tout dépend de l'auditeur, plus ou moins enclin à se laisser bercer par treize mille notes / minute. Toutefois, notre homme n'est pas une brute épaisse et sait aussi laisser sa musique respirer. "Continuum Drift" est une piste aussi démonstrative du talent du bonhomme que planante et presque douce. "Rapture" nous emmènera quant à elle faire un petit voyage étonnant et bienvenu sous un climat presque méditerranéen. Bref, Plains of Oblivion vise l'équilibre entre purs passages instrumentaux, qu'ils soient riffesques ou tricotages, et passages chantés, mais aussi entre moments lourds et instants plus légers. Le contrat est plutôt bien rempli sur ce point et l'ennui ne survient jamais vraiment, sans que l'extase ne soit, elle non plus, au rendez-vous.
Plains of Oblivions ne remplace pas Nevermore. Mais on peut légitimement douter que tel en était le but. Au contraire, Loomis, avec ce second album de qualité, s'exprime dans toute sa personnalité ; personnalité qui se confirme virtuose. Avec une telle maîtrise de son instrument, le guitariste parvient à rendre le guitar-hero sympathique (pari qui n'est pas gagné d'avance eu égard au nombre conséquent de pédants personnages dans le milieu...). Si on ne tient pas là l'album du siècle, on serait fort bête de bouder son plaisir. A recommander à vos amis anti-shred, pour, peut-être, les réconcilier avec le style.