"Void Moon". On imagine déjà la bonne humeur, la fête et les cotillons avec un nom comme celui-là, non ? Et bien non, en effet. Pour le coup, Void Moon, au patronyme qui ne trompe que moi, est un énième groupe de doom metal à la papa, respectueux des traditions et tout et tout. Maintenant, devinez d'où nous viennent ces petits gars ? Bingo ! La Suède. Comme d'habitude. Comme Candlemass, comme Isole, comme tout le monde. Oulala, je sens qu'on va avoir une dose de tradition plus que raisonnable avec tout ça.
Dès le départ et sans introduction aucune, "Hammer of Eden" parvient à placer un riff marqué du sceau des aînés : heavy, lourd, catchy et répétitif. Le propos d'On The Blackest of Nights est annoncé sans détours : le heavy tiendra une place de choix au sein de ce doom à tendance virile, à moins que ce ne soit l'inverse. Ce premier full-length n'est d'ailleurs pas sorti de terre d'un coup. Presque tous les titres ont déjà pu être entendus sur les diverses demos et autres EP du groupe nordique, actif depuis 2010. Evidemment, entre « pouvoir entendre » et « avoir entendu, » le fossé et grand. D'où l'album. Et musicalement, qu'en est-il ? Force est d'admettre que dans un genre classique et éculé (oh, coquin!), on se demande bien ce que pourrait apporter Void Moon.
Et comme de coutume, le fond du problème est ici : Void Moon n'apporte rien si ce n'est quelques pierres, pas franchement angulaires, à un genre qui traverse les ages. Sauf que voilà, quand on est habitué à manger du 60 bpm au petit dej', de l'epic-ceci epic-cela au déjeuner et de la voix claire et ténébreuse au dîner, il en faut plus pour nous étonner. Étonnant, cet album ne l'est assurément pas. Néanmoins, si le plat est un peu fade, il ne faut pour autant pas enlever tout mérite aux cuistots. Ce n'est pas parce qu'ils nous ont préparé un gros quatre-quart bien classique que ce dernier est mal fait. La structure de l'album, en revanche, est plus étrange: à quoi riment ces deux interludes d'environ une minute chacune? Passons. Les Grands l'avaient fait également en leur temps sans que cela ne pose de réel problème.
Si l'on cesse d'être cassant deux minutes, force est de reconnaître un certain nombre de qualités au combo suédois. Les riffs sont plutôt bien taillés ("Hammer of Eden", "Cyclops" et son bon final, "Through the Gateway", classique mais efficace), la voix n'est pas désagréable (mais manque tout de même de charisme, un sacré handicap pour percer dans le milieu), elle qui œuvre dans un registre clair / éraillé et mélodique, les instruments jouent correctement et les compos sont sympathiques (mais quelconques, ce qui là encore n'est pas un avantage). En somme, voilà typiquement un album sur lequel rien n'est réellement à reprocher. Rien, sauf l'indifférence provoquée lors de l'écoute, la faute incombant notamment à un propos ne variant que peu. Un peu de personnalité que diable, de la fougue, de la folie ! Lorsque l'on tient à appliquer une recette déjà ancienne, mieux vaut y ajouter sa patte personnelle pour captiver les oreilles blasées. Cette patte, cette touche personnelle est clairement ce qui fait défaut ici. Et sans ça, on ne va pas loin dans le milieu du doom traditionnel.
Cet album est l’archétype de l'objet gênant. D'un coté, on ne peut que se réjouir de la facilité croissante avec laquelle un jeune groupe peut mener à bien son projet. De l'autre, il n'est pas vraiment excitant, pour l'auditeur lambda, d'écouter quelque chose de déjà rabâché trois cents fois au bas mot. En somme, On the Backest of Nights est un album à ne conseiller qu'aux prospecteurs de l'underground à la recherche de jeunes formations encore obscures. Les autres feront un meilleur usage de leur temps en comblant leurs (éventuelles) lacunes en classiques. Autant vous le dire, moi, je me suis ennuyé.