Huntress fait le buzz autour de lui. Ce combo américain, formé autour de la chanteuse Jill Janus, dévoile en premier lieu la généreuse poitrine de la belle frontwoman blonde. Mais c'est également une formation qui se revendique comme un vrai groupe de heavy metal, avec des influences ancrées dans le passé question musique et un goût affirmé pour l'occulte et la sorcellerie. Inutile de dire que ça pue le cliché à plein nez, en particulier le nom d'album Spell Eater.
Oui et non. En réalité, Huntress n'est pas le genre de groupe à réinventer la roue. C'est très influencé par Iced Earth, par exemple, mais surtout Mercyful Fate et King Diamond, qui sont les principales sources d'inspiration du groupe. Ça se retrouve au niveau de l'ambiance, dans certaines rythmiques, mais aussi dans la théâtralité du chant, en totale opposition parfois avec la musique qui suit derrière. Question musical, c'est un bon vieux heavy que l'on pourrait imaginer sans peine dans les années 90, à l'heure de gloire de certaines formations, et, bien sûr, le côté américain se ressent très sérieusement. Au côté de la base heavy, on retrouve également des ingrédients en provenance du thrash, du power, mais également du black metal (les riffs notamment, surtout sur "Spell Eater"). Un beau melting pot très savoureux !
Surtout qu'en plus, du début à la fin (si l'on excepte la mid-tempo "Aradia", qui est en plus le titre faiblard), c'est aucun répit : chez Huntress, ça cogne fort, ça joue dans des parties de grattes inspirées et incisives, on se fout de toute originalité, on cherche juste à se faire plaisir. Et ça marche, étrangement, ça marche même vraiment très bien. Le combo ne fait pas de concessions, ni de chichis, et c'est suffisamment précis, énergique et passionné pour que l'envie de suivre soit présente tout le long. Contrairement à un autre groupe de heavy à chanteuse en provenance de Pologne, pas question de vouloir décrocher. Entre un "Spell Eater" burné, un "Senicide" au refrain prenant, ou "The Tower", une jolie pièce mêlant efficacité et ambiance, on navigue dans des sillons déjà tracés, mais qu'est-ce que ça fait du bien.
Là-dessus, le chant de la demoiselle vient se poser. Inutile de dire que les avantages de cette femme ne sont pas uniquement physiques, ils sont aussi vocaux. Et quelle voix, d'ailleurs ! C'est le genre de chant sur lequel on accrochera, ou au contraire pas du tout. Elle en fait beaucoup, des caisses même, elle va chercher des notes très hautes et l'instant d'après partir dans un chant typé black metal plutôt réussi. Alors évidemment, pourquoi un tel buzz ? Le déchaînement des haters a été immédiat, car le combo joue pas mal sur le physique de madame. Et pourtant, ils n'en ont pas besoin, car le talent de Jill Janus est évident, pas si éloignée de King Diamond en plus de cela. Elle ne renie pas son influence, mais trouve aussi sa propre personnalité au niveau vocal, et possède un sacré coffre. Si certains passages peuvent sembler périlleux, force est de constater qu'elle négocie cela adroitement.
Ce groupe américain ne fera pas l'unanimité, et ce n'est pas forcément le but qu'ils recherchent. Mais il faut bien reconnaître qu'ici, tout semble extrêmement prometteur, et à défaut de trouver un combo avec de l'originalité, un début de personnalité commence déjà à venir. La suite pourrait être plus qu'intéressante, surtout que Spell Eater est un album globalement très réussi, qui ne demande qu'à trouver son public. Les fans de Mercyful Fate peuvent se lancer les yeux fermés.