CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jost Kleinert
(chant)
-Daniel "Kensington" Seifert
(guitare)
-Nils Förster
(guitare)
-Uwe Kilian
(basse)
-Timo Claas
(batterie)
TRACKLIST
1)Death-Chain
2)A Darker Shade of Hatred
3)Nightfall
4)Mask of Malice
5)... And Out Come the Wolves
6)Swallow the Bitterness
7)Hades Resurrected
8)The Devil Grins
9)La Serpenta Canta
10)The Loss
DISCOGRAPHIE
Vous avez décidé de démontrer à votre petit(e) ami(e) que le métal n’est pas une musique de brutes et en avez marre de lui passer en boucle Nightwish ? Vous ne jurez que par les groupes repoussant les limites musicales et cherchez des mélodies mélangeant power-metal, musique tribale et tango ? Vous prêtez presque autant d’attention à la tenue vestimentaire et au minois des musiciens qu’à ce qui sort de leurs instruments ? Vous pouvez passer à la chronique suivante, parce que Lay Down Rotten fait dans le bon vieux death metal des familles. Pas de folk, pas d’ambiances brumeuses à la Agalloch, ni de claviers façon Arcturus : nos amis Allemands sortent ici leur sixième album qui n’a rien d’expérimental. Une batterie, des guitares, une basse, des growls et c’est parti pour un sympathique retour aux début des années 90 !
Des lignes précédentes, on pourrait facilement déduire qu’il s’agit d’un groupe basique délivrant quarante minutes d’un death metal monolithique, et ce serait aller trop vite en besogne. Le très bon "A Darker Shade of Hatred" est un excellent exemple de ce que Lay Down Rotten sait faire : on y trouve une alternance de blast-beats et double grosse caisse typiquement death, et de rythmes franchement thrash (les musiciens viennent quand même du pays de Kreator, Sodom, Destruction and co… et ça se sent), le tout appuyé par des guitares qui n’hésitent pas à apporter un peu de mélodie à l’ensemble. Le groupe aime les changements de rythme fréquents et s’en donne à cœur joie tout au long de l’album, tout en transmettant une impression de puissance bien agréable. La voix, elle, reste death du début à la fin. La seule chanson à sortir un peu de ce schéma est "Swallow the Bitterness" qui nous offre un refrain typique des groupes heavy d’outre-Rhin (à croire que, en Allemagne, même le groupe de grindcore le plus extrême est capable de composer un refrain à la Running Wild…).
Voilà pour le côté positif. En ce qui concerne les choses moins réussies, comme vous l’aurez peut-être compris, si monolithique n’est pas le bon mot pour qualifier l’album au vu des structures relativement complexes des morceaux, une impression de monotonie s’empare quand même de l’auditeur au fur et à mesure de l’album : le schéma passage death/passage thrash/ passage heavy est utilisé presque systématiquement. De plus, certains enchaînements tombent un peu à plat et agacent un peu l’oreille (" The Mask of Malice", "La Serpenta Canta"). Une dernière petite critique pour la route : avec l’essor du métal « symphonique », le niveau général des intros et outros sombres a pas mal augmenté. Les trois passages de ce genre auraient été peut-être bien vus il y a vingt ans, mais au jour d’aujourd’hui, l’effet produit est assez faible. Il serait injuste néanmoins de trop s’attarder sur ces points, vu le travail plus qu’honnête produit. Le disque arrache quand même bien et on sent que les artistes n’en sont pas à leur premier coup d’essai.
En conclusion, Lay Down Rotten vous permettra d’allier la saveur aigre-douce de la nostalgie et la furieuse envie de secouer la tête et émettre quelques growls au gran dam de votre copine/collègue/maman (au choix). Malgré une certaine monotonie et quelques imperfections, cet album a le mérite de vous faire revisiter en peu de temps les classiques de la scène extrême de jadis, en alliant le death post-Morbid Angel, le death/thrash du Thresholds de Nocturnus (les claviers en moins) et de judicieuses interventions mélodiques que n’auraient pas reniées les groupes thrash de le belle époque. C’est déjà pas mal !