Quand j'ai vu le titre du deuxième album de ce groupe que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam (ni de personne d'autre, au demeurant), je me suis dit « ah ouais, le melon quoi ! Les mecs ont plutôt intérêt à assurer ou je vais me faire un plaisir de leur mettre quelques boites ». Non parce qu'annoncer, quand on est un petit groupe grec inconnu au bataillon et qui en plus pompe à mort l'artwork (moche) du dernier Septic Flesh (même graphiste, mais tout de même), qu'on est une nouvelle célébrité du milieu, c'est plutôt osé. Pas de pitié si ça n'envoie pas du méga-bois, donc. Seulement voilà, après quelques écoutes, le constat est sans appel : « ah les cons, ils envoient trop du méga-bois ». Descending serait-il donc une nouvelle célébrité du death ? Eh bien du death pas vraiment, mais du métal au sens large, putain, ouais !
Parce que finalement, Descending ne fait pas vraiment du death. Ou alors du death très, très moderne, et en conséquence beaucoup plus ouvert aux autres styles que les ayatollahs old school du genre, restés coincés dans le son déjà pratiqué depuis bientôt vingt ans. Descending c'est donc oui, du death qui arrache la face, parfois réellement brutal et virulent avec pas mal de blast beat effréné et de riffs parpaings dans ta race, parfois plus ambiancé et groovy ("I Keep Returning", ou "Shared Planet" qui fait carrément penser à Gojira !), mais pas que. On trouve aussi du mélodeath sur ce second opus ("How Much Life Weights" ou "Suicide Promise", énorme tuerie au passage), du black à l'occasion ("Until I Generate"), mais aussi des pointes de hardcore et de deux ou trois autres styles un peu plus lointains du death (genre du djent sur le génial "The Energy", renforçant le côté résolument moderne de l'ensemble). Il y a aussi ce chanteur, au timbre très intéressant et clairement issu du mélodeath (le bonhomme rappelle un peu Anders Friden, et ouais encore un), mais au phrasé hyper moderne, rappelant le côté hardcore d'un Peter Dolving (The Haunted), mais aussi, et c'est beaucoup plus étonnant, Jonathan Davis dans certaines de ses intonations (sur "Until I Generate" notamment). Dès l'opener, c'est un maelstrom que l'auditeur se mange dans la face : gros riff pavé d'intro hyper groovy, mélodies blackisantes, blast beat, séquences thrash, refrain qui défonce tout, "No Other Gods Before Me", qui donne encore une fois bien dans l'égotrip (sans doute un des sujets majeurs de cet album), est un gros tube, faut bien le reconnaître.
La suite n'est pas moins bonne, ce groupe a une véritable identité, un sens du riff qui arrache et qui groove, c'est indéniable. Et cette puissance ! Descending déploie en effet une armada de bourrinage intempestif sur la grande majorité des pistes avec une agressivité de tous les instants qui là, pour le coup, rappelle vraiment le death moderne des gros poissons du genre (As You Drown par exemple). Bref, ce groupe sait à peu près tout faire, et le fait vraiment bien. Depuis les refrains plus mélos un peu poing en l'air mais jamais putassiers (hein Sonic Syndicate ?), les passages les plus bourrins jusqu'aux ponts toujours variés et remplis de séquences qui laisseront vos oreilles ramonées et vos cervicales endolories, Descending se pose clairement en machine à tubes étiquetée « melting pot métal virulent ». Aucun morceau sur l'album ne fait naitre la lassitude tant ils sont tous intéressants, variés et toujours remplis d'une patate débordante et de tous ces petits gimmicks qui restent dans la tête et font les gros groupes et les albums qu'on réécoute avec plaisir. La prod' est, pour sa part, au diapason de toute la puissance de feu déployée, et c'est tant mieux. Ultra lourde (gavée d'infrabasses en mode deathcore), claire et homogène, c'est un vrai plaisir et elle sert au mieux la violence et le groove servis par Descending.
Bref, la question se pose : la Grèce est-elle en train de devenir un nouvel eden du gros métôl ? A l'ombre du patronage des grands anciens (type Septic Flesh, ou Nightfall), quelques petits groupes qui démontent pas mal commencent à se faire un nom (Tardive Dyskynesia notamment, et donc, Descending) en proposant des trucs vraiment modernes et intéressants. Une chose est sûre, Descending est promis à un très, très bel avenir s'il parvient à conserver et confirmer ce rare sens du tube et du groove qu'il possède indéniablement. Il eut été difficile de faire mieux sur cet album, certes pas très original, mais qui présente un très agréable concentré de tout ce qui se fait de bon dans le métal moderne à tendance violence, le tout en restant un minimum accessible. Une grosse, grosse claque dans la face.