CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Damon Good
(chant +guitare+basse)
-Justin Hartwig
(guitare)
-Ben Newsome
(basse)
-Adrian Bickle
(batterie)
TRACKLIST
1) The Catechism of Depression
2) The Waterless Streams
3) The Bitter Veils of Solemnity
4) The Book of Kings
DISCOGRAPHIE
Ok, ok … On aborde de la musique lourde là. Très lourde en fait. Et sombre et franchement pas joyeuse. A-t-on le droit à l’amusement dans de pareilles situations ? En effet, Mournful Congregation produit un doom/death des plus fin-de-mondistes et ne laisse guère la place à la joie de vivre, ni même à la volonté d’être drôle. Oui, Mournful Congregation l’australien annihile toute velléité de moral hors des chaussettes. Ce The Book of Kings n’est pas l’exception qui confirme la règle, bien au contraire, il appuie la règle en l’enfonçant corps et âme dans le crâne de l’auditeur acculé dans sa dépression programmée.
Une introduction comme celle-là a 2 grands mérites : elle met les choses au clair et donne de grands espoirs pour l’album. Comment ça, de l’espoir ? Hérésie doomique ! Mais attendez donc. L’espoir dans le doom réside dans l’attente future d’un grand malheur. Et cet espoir est Espoir ici. L’amateur de doom de passage se voit hautement rassuré, et à défaut d’éprouver une sensation de joie voit ses palpitations cardiaques s’accélérer modiquement pour dépasser le seuil de mort cérébrale. Premier constat, on parle de doom/death ici, donc guitares grasses et voix raaaauuuque. Ce n’est pas du Black Sabbath ou du Reverend Bizarre. On tape dans le Thergothon et autre Esoteric plutôt. Effectivement, Mournful Congregation tient haut le pavé et bat le rythme à la décadence de son style. Lentement et en maintenant cette sensation de pilonnage dépressif. Les guitares sont bien grasses comme il le faut pour distiller accords langoureux qui deviennent riffs lorsque les longues secondes s’égrainent. Car un riff de The Book of Kings se mérite, il n’arrive pas à la va-vite pour se retrouver enchaîné à un congénère.Et c’est toute la réussite de cet album, prendre un temps accablant pour développer son art du doom tout en maintenant le semblant de vie nécessaire pour garder l’auditeur dans les lymphes amorphes, mais vivant et donc à l’écoute.
Les fameux accords-riffs sont au diapason du but ultime du groupe, planter un à un les clous qui refermeront votre cercueil. Lourds et gras, ils installent l’ambiance mortuaire de vos funérailles à merveille. Le gros chant infrabasse respecte les canons du style, pas original pour un sou donc, mais complémentaire à des chansons qui vous plombent. Peut-on entrevoir une éclaircie dans un tel déluge de dépression ? Etonnamment, oui. Le groupe a la bonne idée de proposer "The Bitter Veils of Solemnity", acoustique lumineux (ou qui apparaît comme tel par rapport à la grisaille épaisse du reste de l’album) pourvu de mélodies qui viendra réveiller votre cerveau sagement et savamment ankylosé de ses rêveries de l’au-delà. Une initiative intéressante et couronnée de succès. Néanmoins, on pourra reprocher à ce The Book of Kings son entêtement à aller plus loin que jusqu’au bout. Pourquoi ? Cela se nomme "The Book of Kings", la chanson-titre, sauvagement longue de 33 minutes et au-delà de la volonté de la grande majorité du commun des mortels. Une démonstration de force ? De fanatisme ? Peut-être, mais uniquement destiné aux plus adeptes du genre. Remarquez, ce n’est pas forcément un reproche, plus une limite.
Sombre voyage qui voit sa fin arriver ici pour cette chronique. Mais sachez que pour vous auditeurs, il s’agit d’une longue descente sans remontée possible (en effet, la seule éclaircie est bien entourée de brouillard macabre). Partez prévenu qu’un disque de cette trempe ne s’affronte pas en boétien et qu’un peu de culture préalable est nécessaire. Pour les initiés, certainement une … joie.