CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Abssyd
(guitare+chant)
-Furthass
(guitare+chant)
-Dalgrïn
(basse)
-Hljord
(batterie)
TRACKLIST
1) The Deluge of Genesis
2) The Cracks of Time
3) When the Winds Blow Over the Aging Skins
4) Hung at the Gates of Knowledge
5) Orb Tellurian
6) The Path of Awakening
DISCOGRAPHIE
Evohé, c'est l'histoire d'une vieille rencontre. Je me souviens, c'était à Lyon au Transbordeur en ouverture de Marduk il y a 5 années de cela. Un jeune groupe français ouvrait pour les Suédois et, n'en attendant pas spécialement quoique ce soit, celui-ci avait surpris par sa propension à distiller une atmosphère épaisse et brumeuse, servie en cela par un black metal calme qui sait prendre son temps tout en respectant les codes du genre avec la révérence qu'il se doit. Ainsi naquit Evohé aux oreilles de votre serviteur.
Avance rapide, 2011. Evohé revient avec Annwvyn et sa patte sonne comme dans les souvenirs, black metal, traditionnelle (on pourra penser à Nehemah ou plein d'autres groupes plus vieux) et toujours aussi posé. Le blast n'est pas la règle même s'il n'oublie pas de se faire entendre, et les riffs lancinants apportent toujours cette ambiance léchée et léchante (qu'importe le néologisme). La brume est toujours là, aussi épaisse. On note aussi un souffle plus épique via certains riffs plus saccadés à la Enslaved façon Frost (d'ailleurs, le son des guitares semble inspiré de cet album) ainsi que des déclamations lointaines comme pour invoquer les anciens dieux. Cela s'insère avec fluidité dans la musique du groupe, cela va sans dire.
On se retrouve donc comme à la maison avec un Evohé qui nous fait voyager dans des contrées sombres, brumeuses et humides. Cà et là, on devine les flaques d'eau boueuse laissées par la dernière averse de blast. Le chant oscille entre black pur jus et deathisant, ce dernier avec parcimonie cependant. On note avec bonheur que la basse, à défaut de tabasse, a son espace sonore propre et arrive à délivrer des lignes personnelles qui apportent une lourdeur bienvenue, renforçant cette atmosphère épaisse. Alors, sommes-nous en présence d'un album parfait pour tout amateur de black ? Ben oui, pourquoi pas. Tout y est, riffs froids, ambiance ténébreuse, brume persistante et sentiment de haine tenace. Le son est à l'avenant, froid, sec et sylvestre. En somme, le bonheur.
Le bonheur pour tous ? Certes non. Evohé embarque avec lui les mêmes tares qu'à ses débuts, et probablement magnifiées par le temps qui a passé, à savoir un conservatisme musical poussé. Tout est dans les clous et on ne s'extasie pour ainsi dire jamais devant la créativité d'un riff ou le satanisme dégoulinant d'une ambiance. Par contre, le groupe fait certainement tout bien et parvient à obtenir le graal de tout groupe de black traditionnel : avoir un son personnel. Malgré les influences évidentes, Evohé arrive à sonner comme du Evohé, et on doit s'en réjouir. Cela n'occultera pas néanmoins que le black des Français est convenu, particulièrement en 2011 où de très nombreux territoires ont été défrichés.
Bonne surprise, sûrement pas, confirmation oui. Confirmation et sédentarisation dans un style personnel bien que percé d'influences. Ce n'est point à blâmer dans un genre où la tradition est un fonds de commerce, d'autant que c'est ici fait avec un certain talent. Par contre on reprochera à raison un conservatisme latent et des compositions qui ne savent pas aller au-delà de bon.