CHRONIQUE PAR ...
Jehovad
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Neal Morse
(chant+guitare+claviers)
-Roine Stolt
(guitare+chant)
-Daniel Gildenlöw
(guitare+claviers+chant)
-Pete Trewavas
(basse+chant)
-Mike Portnoy
(batterie+chant)
TRACKLIST
CD n°1 :
1) The Whirlwind
CD n°2 :
2) All of the Above
3) We All Need Some Light
4) Duel with the Devil
CD n°3 :
5) Bridge Across Forever
6) Stranger in Your Soul
DISCOGRAPHIE
Après un retour inespéré en 2009, qui dépendait notamment des instructions divines envoyées au Révérend Morse, ce (vrai) super groupe qui rassemble la fine fleur du prog mondial en profite bien sûr pour rentabiliser sa résurrection temporaire avant de s’auto-cryogéniser de nouveau, et nous propose comme à chaque fois le catalogue exhaustif album-live-DVD rempli à ras bord de prog-rock de premier choix. De quoi patienter jusqu’au prochain réveil du titan international à quatre têtes et demie. Il se peut bien que le Messie revienne avant eux…
Passons outre le débat sur la production excessive voire ridicule de matériel live en trois éditions différentes à chaque fois – les temps sont durs, même pour les stars mondiales du prog – et concentrons-nous sur cette nouvelle livraison. Certes la quantité est toujours au rendez-vous (le titre est on ne peut plus explicite : « Plus, jamais n’est assez ». A savoir : 3 CDs = 6 chansons = plus de 3 heures de musique), la qualité est de la partie également, mais l’intégrité journalistique force Jehovad le dévot à ranger un instant sa vénération dans son bénitier et déplorer un gros manque d’inspiration sur la troisième révélation studio des Quatre Fantastiques (mais nooon mon Daniel, nous ne t’oublions pas, mais quand même, ton génie est comme écrasé sous ces poids lourds) banalement intitulée The Whirlwind. La version live n’apporte absolument rien si ce n’est quelques frasques inédites de Mike « J’me kiffe grave » Portnoy et autres envolées improvisées de ses sympathiques co-paroissiaux. Certes, The Whirlwind demeure un prog rock de très bonne facture empli de très bon riffs, mais comme il a la difficile tâche de succéder à l’énergie, la créativité et la folie des deux premiers albums, il passe malheureusement pour médiocre, facile, parfois même ennuyeux, et son effet est bien loin du typhon annoncé par son titre. Le constat fut le même en concert et se retrouve sur ce premier disque de More Never is Enough : malgré une superbe ouverture digne de ses glorieux prédécesseurs ou des meilleures intros de Neal Morse, "The Whirlwind" live, comme studio, n’est pas à leur mesure (ni paire ni impaire) et l’on se prend à attendre impatiemment la deuxième partie / le deuxième disque pour se plonger avec délectation dans les joyaux issus de SMPTe et Bridge Across Forever…
Seulement voilà : le répertoire complet de Transatlantic comptant seulement dix titres à proprement parler, dont six incontournables, la setlist est inévitablement identique au live Whirld Tour de l’année dernière et issu de la même tournée, et a priori moins alléchante que le Live in Europe de 2003 qui contenait un medley qui lui procurait tout son intérêt, ou encore que le Live in America de 2001 qui contenait des reprises des Beatles. Mais alors quelle peut bien être la raison d’être de More Never is Enough si ce n’est nous mettre plein les yeux et les oreilles de Transatlantic au point de n’avoir plus un instant ni un copeck à accorder aux autres excellentes productions de prog-rock qui sortirons au cours des dix prochaines années ??? Franchement, malgré une très belle version de "We All Need Some Light" chantée en intégralité par Roine Stolt, malgré des variations d’orchestration et des petits délires surprises sur "Duel With the Devil", malgré une mesure de « blast beats » sur "Stranger in your Soul" (!!!), malgré le divertissant « Portnoy show » entamé avec "Manchester England", tiré de la comédie musicale "Hair", suivi d’un solo de pédale de basse pour introduire "Smoke on the Water" avec Daniel Gildenlöw à la batterie… malgré toute la sympathie et le plaisir de jouer qui se dégage des cinq saltimbanques, force est d’avouer que ce quatrième album live est hautement dispensable et que son intérêt pour tout acheteur – si passionné soit-il - risque de se résumer à une écoute complète une fois ou deux, par curiosité, une bonne rigolade devant le « Portnoy show » et les traditionnels échanges d’instruments sur le DVD, puis d’aller prendre la poussière sur l’étagère, bien calé entre les trois premiers et les dizaines de CDs et DVDs live de Transatlantic à venir.
D’accord, vous êtes des dieux vivants. D’accord, gagner de l’argent est beaucoup moins tabou pour les Américains que pour les Français ; d’accord, une carrière dans le prog rock est beaucoup moins lucrative qu’un quinquennat à l’Elysée et les temps sont rudes pour l’industrie musicale toute entière. Mais là, quand même, les gars, ça va un peu loin… On n’est pas loin du foutage de gueule éhonté. Sauf le respect que je vous dois.