CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Aad Kloosterwaard
(chant)
-Alex Paul
(guitare)
-Joost van der Graaf
(basse)
-Edwin van den Eeden
(batterie)
TRACKLIST
1)Herd of Damnation (Intro)
2)Into the Blind World
3)The Enemy of My Enemy
4)Anatomie of a Catastrophe
5)The Sin of Sodomy
6)Legacy of Ashes
7)The Hornet's Nest
8)Righteous Indignations
9)The Living Sacrifice
DISCOGRAPHIE
The Silent Howling avait bien botté le rédacteur de ces lignes. Son côté varié, un peu plus complexe et accrocheur que d’habitude avait réussi a donner, sinon un nouveau visage, du moins une façade un peu plus séduisante aux vieux de la vieilles, les indéboulonnables Sinister. Deux ans après donc, il était légitime de se demander si le groupe allait poursuivre dans la voie dans laquelle il semblait s’être timidement engagé, ou s’il allait faire machine arrière tel un Titanic effrayé par un obstacle se profilant au loin, afin de revenir sur la mer clame et rassurante de l’habitude.
Bon, ben la deuxième option semble avoir été de mise. De toutes façons, chez un groupe aussi vénérable, lorsque les choses changent, elles ne font pas preuve d’une évolution saltationniste mais bien gradualiste (rouvrez vos livres de biologie, jeunes cancres). Donc ce léger bout de machine arrière ne représente guère plus qu’un petit entrechat de mouche qui a suffi à parcourir les ridicules centimètres séparant Sinister de ce qu’ils doivent appeler en se marrant une évolution musicale. Back to basics, que le groupe n’avait finalement jamais vraiment quitté, et c’est Legacy Of Ashes qui vient en qualité de témoin remettre nos pendules à l’heure : Sinister n’a jamais quitté le giron du death, qu’on se le dise. Râpeux, violent, old-school, technique par moment : nous y (re)voilà, pour le plus grand bonheur de certain. "Into the Blind World" ouvre le bal après la traditionnelle introduction, et la première chose que remarque l’auditeur, c’est la production : celle-ci est une copie conforme de celle de l’album précédent.
On ne réécrira pas notre couplet sur l’évolution, mais là c’est carrément de l’immobilisme. Alors certes, celle-ci était réussie, celle-là l’est donc également, mais un nouvel album devrait parfois être l’occasion de tenter de se reforger une identité, fût-ce pour revenir en arrière, penaud, à l’album d’après. Bref, pas de changement à noter de ce côté-là. Et le reste ? Les voix samplées sont présentes également, presque sur chaque titre, distillant cette ambiance propre au groupe. Mais surtout, l’écriture des morceaux, si elle se veut plus directe et percutante qu’il y a deux ans, ne parvient que difficilement à faire secouer la tête du métalleux à la nuque aguerrie. Il y a bien "Anatomie of a Catastrophe" et son riff tordu, "The Sin of Sodomy" et "The Hornet’s Nest" et leur brutalité efficace, mais le reste est vraiment trop convenu – même avec une identité sonore et une voix aussi charismatique et emblématique que celle de Aad Kloosterwaard. Il est difficile de ne pas voir le poids des années peser sur les épaules du gueuleur dont la carrière a commencé tout de même en 1989. Même si sa voix est toujours aussi efficace, on aimerait l’entendre chez un Sinister un peu renouvelé, plus audacieux, plus ambitieux.
Legacy Of Ashes n’est pas mauvais, il faudrait être de bien vilaine foi pour lui trouver des défauts rédhibitoires, mais il n’est pas génial non plus, loin s’en faut. Quelques moments réjouissants, le reste s’écoute sans difficulté pour l’amateur de death old-school, a fortiori pour l’amateur de longue date de Sinister qui sera toujours heureux de retrouver le groupe qui a bercé sa jeunesse encore en forme – et surtout, présent : le nombre d’anciennes gloires ayant raccroché les gants ferait presque passer Sinister pour l’unique survivant d’un crash d’avion.