CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Russ Anderson
(chant)
-Craig Locicero
(guitare)
-Steve Smyth
(guitare)
-Matt Camacho
(basse)
-Mark Hernandez
(batterie)
TRACKLIST
1)Alpha Century
2)Forsaken At The Gates
3)Swine
4)Immortal Wounds
5)Hopenosis
6)Adapt Or Die
7)Inhuman Race
8)Behind The Mask
9)Dragging My Casket
10)Overthrow
11)Omega Wave
DISCOGRAPHIE
2010 année du thrash, les vétérans qui reviennent pour botter le cul des jeunes pousses, blablabla… Punaise, j'ai l'impression de vous l'avoir sortie au moins 15 fois cette intro ! Toujours est-il qu'on retrouve cette année une densité dans le thrash US qu'on avait pas vue depuis plus de 20 ans. Pour célébrer son come back, Forbidden a mis un point d'honneur à apporter sa pierre à l'édifice, histoire de ne pas passer pour le canard boîteux d'une Bay Area qui semble carburer à la DHEA ces temps-ci.
Et pourtant, cet album commençait à avoir des allures d'arlésienne : il valait mieux ne pas être pressé, vu que la mise en ligne des premiers extraits remonte tout de même à l'été 2009. Entre temps, Craig Locicero a même eu le temps de finaliser le premier album de son autre projet Demonica ! Mais bon arrêtons de nous plaindre, Omega Wave est enfin là. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe a soigné son entrée. Passée la petite intro pour s'échauffer, c'est direct l'apocalypse avec "Forsaken At The Gates" ! Locicero avait annoncé l'arrivée d'un batteur puissant en la personne de Mark Hernandez, il était bien en dessous de la vérité : ce type est un véritable rouleau compresseur ! Il ne martèle pas ses fûts, il les pulvérise littéralement ! Et que dire de Russ Anderson, qui n'avait sans doute jamais sonné aussi agressif ! Ce titre est un véritable concentré de violence qui dépasse largement tout ce que Forbidden a déjà pu proposer dans ce domaine, y compris un sommet de fureur comme l'était en son temps "March Into Fire". Dommage que ce titre ne soit pas davantage représentatif de l'album, qui ne compte que très peu de bombes nucléaires de ce genre.
En effet, hormis le morceau titre qui tente de jouer dans la même cour sans être aussi exceptionnel, Omega Wave se révèle assez peu fourni en morceaux bourrins. Forbidden accélère bien le tempo de temps en temps, mais dans un style plus léger qui privilégie la vélocité à l'agressivité, comme "Adapt Or Die" qui se situe davantage dans la lignée de "Infinite" que de "Chalice Of Blood". Pour le reste, Forbidden a plutôt misé sur les morceaux lents et heavy, avec pas mal d'atmosphères assez sombres. En gros, l'orientation générale de Distortion : un pari osé, cet album n'étant pas franchement le préféré des fans. Et ma foi, cela s'avère être une riche idée, comme le prouve "Swine". La trame du couplet est un modèle : le chant tourmenté de Russ Anderson, qui s'appuie sur une ligne vocale tortueuse, se mêle parfaitement à une rythmique pesante et faussement calme, qui met presque mal à l'aise. Et que dire de la force qui se dégage du refrain juste derrière ! Fort de cette réussite, Forbidden enchaîne : "Immortal Wounds" et "Hopenosis" s'inscrivent en effet un peu dans la même veine, en plus musclée pour la première et moins sombre pour la seconde, où l'on retiendra un superbe solo.
L'album baisse un peu en intensité sur la seconde moitié, avec l'apparition de titres un peu plus faibles comme "Inhuman Race" ou "Overthrow", dont le bon refrain est gâché par un couplet bâclé. En revanche, c'est le point de départ du show Russ Anderson. A l'instar de David Godfrey White, le chanteur d'Heathen, c'est fou comme le bonhomme s'est amélioré. Davantage que sa technique, c'est sa capacité à faire passer l'émotion qui s'est grandement accrue. C'est flagrant dans un premier temps sur "Behind The Mask" : sur un couplet au riff très heavy, par la seule force de son chant, il parvient à insuffler subtilement une bonne dose de mélancolie en traduisant à la perfection le sentiment d'être au bout du rouleau. Ensuite, il nous prend carrément aux tripes sur le prérefrain et surtout sur le break, empreint d'une grande fragilité. Même si le refrain, un peu trop classique, n'est pas tout à fait à la hauteur du reste, on tient là un des temps forts de l'album. Anderson réédite sa performance dans la foulée sur "Dragging My Casket", avec un chant qui parvient à être plaintif sans verser dans le pleurnichard. Pour un mec qui sort d'une pause de près de 15 ans, c'est vraiment très fort.
Avec une pochette faisant aussi clairement référence à Forbidden Evil, on pouvait penser que Forbidden jouerait la sécurité en se contentant de capitaliser sur un album généralement considéré comme leur œuvre la plus emblématique. Perdu, puisque Omega Wave apparaît davantage comme une synthèse de la première carrière de Forbidden, y compris les albums les plus controversés. Une synthèse réussie qui plus est, alors que plusieurs groupes se sont gauffrés à ce petit jeu. Ce retour gagnant pourrait même permettre au groupe de faire coup double : non seulement combler les fans, mais peut-être aussi gratter du côté du public de Machine Head, déjà plus fourni. Welcome back guys !