CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Zachary Stevens
(chant)
-Mitch Stewart
(basse)
-Andy Lee
(guitare)
-Johnny Osborn
(batterie)
TRACKLIST
1)Whispers in Vain
2)Consequence of Power
3)Out of Nowhere
4)Remember
5)Symptoms of Fate
6)Mirage
7)Episodes of Mania
8)Redemption
9)Take Back Yesterday
10)Anathema
11)Blood of an Angel
DISCOGRAPHIE
Comme à chaque œuvre de Circle II Circle, de Jon Oliva’s Pain ou de Chris Caffery, le nom Savatage risque d’apparaitre un certain nombre de fois. Preuve que l’influence et l’héritage de ce groupe mythique est encore dans toutes les mémoires et que les fans sont bien plus réceptifs à l’idée d’une peu probable reformation qu’à celle d’un nouvel album des divers rejetons que le groupe a engendré. Dommage pour eux, c’est bien de la bande à Zachary Stevens dont il va être question ici.
Et de Savatage, finalement, il n’est plus trop question. Circle II Circle avait déjà bien entamé le découpage du cordon ombilical sur son effort précédent, Delusions Of Grandeur, qui présentait un visage résolument neuf, plus direct et heavy, avec comme légère contrepartie un aspect un peu répétitif. A l’écoute du petit dernier, Consequence Of Power, les Américains ne semblent pas avoir fait machine arrière et c’est tant mieux pour leur crédibilité. Par contre, la première chose qui pourra choquer un peu est la production. Si l’on regarde encore une fois dans le retroviseur, celle de Delusions sonnait bien plus pro, malgré une surcompression parfois fatigante. Bien que l’on ne retrouve pas ce défaut ici, l’ensemble sonne moins fini, moins abouti. On a parfois l’impression qu’il s’agit d’un assez bon mixage, mais qu’il manque l’étape de mastering pour lier les instruments et donner une cohérence à l’ensemble. Et c’est bien la voix de Zak qui en fait le plus les frais : elle semble totalement détachée du reste de la formation, en plus de manquer cruellement de profondeur. Autant le dire clairement : l’ensemble pourra tout de même gêner l’écoute pour certains audiophiles un tant soit peu regardants.
Et pour un groupe de cet acabit, c’est un peu dommage, d’autant que cela va biaiser l’appréciation que l’on pourra avoir de la musique des Américains. Mais bon, sans doute que l’argent ne tombe pas du ciel pour ce genre de productions. Mais le vrai problème, c’est que la musique a malheureusement suivi le même chemin : c’est pas mal, mais c’est tout de même moins bien que Delusions of Grandeur. Les titres ont dans l’ensemble la même volonté de rester accrocheurs et de ne pas embourber l’auditeur dans moult changements incompréhensibles, mais si l’on plonge au cœur de cette idée de simplicité, à savoir les riffs, les mélodies et les rythmiques, tout cela semble avoir perdu légèrement en fraîcheur et en inspiration. La chanson-titre par exemple, aurait pu être très sympathique sans un refrain pas du tout à la hauteur, composé en pilotage automatique et exécuté sans conviction.
Les compositions ont tout de même parfois la bonne idée de sortir un peu des sentiers battus, notamment lors du passage central de l’album. "Remember" varie par exemple sa rythmique sur les couplets, après un bon gros riff à headbang. S’en suit un "Mirage" à la rythmique agréablement lourde, dont l’entrée guitare/batterie fait mouche. Pour finir la belle triplette centrale, la rageuse "Episodes of Mania" déboule sans prévenir avec des guitares bien acérées tout en variant les ambiances avec réussite. On en profitera pour constater que le préposé aux guitares, Andy Lee, est loin d’être un manche (ho, ho), que ce soit en rythmique ou en solo. Par contre, petite inquiétude concernant Zak Stevens, qui ne semble pas toujours à son aise. Mais bon, il n’est pas aidé par ce fameux mix qui ne le met pas vraiment en valeur. Bon, rassurez-vous, l’ensemble conserve malgré tous ces menus défauts un certain standing et l’auditeur peu regardant sur l’innovation saura y trouver son compte. Et Circle II Circle essaie tout de même des choses, avec notamment la plus commerciale "Take Back Yesterday", qui voit le piano réapparaître avec une certaine réussite, même si le son ne lui fait pas non plus de cadeau.
Consequence Of Power marque donc une petite régression par rapport à son ainé (qui passe, lui, assez bien l’épreuve du temps) mais reste de qualité. Le problème est que, observé à travers le prisme de sa production moyenne, cet album est cruellement déprécié, ce qui est tout de même regrettable pour un chanteur de ce calibre.