4152

CHRONIQUE PAR ...

3
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-AR
(chant)

-PK
(guitare)

-AR
(guitare+batterie)

TRACKLIST

1) Warning
2) Cold Void Choir
3) Lair of Inifinite Desperation
4) 3D Blasphemy
5) The Fire Syndrome
6) Injection Satan
7) Liberty Rises a Diagonal Flame
8) Vapourized Tears
9) Heaven Unveiled

DISCOGRAPHIE


Abigor - Fractal Possession
(2007) - black metal - Label : End All Life



Un retour qu’il était attendu ! Abigor, cette entité autrichienne mouvante, réputée en grande partie pour son productivisme intensif proche du stakhanovisme, il s’agit en effet d’un des rares groupes du genre à avoir dépassé les dix albums (EP inclus), s’était éteinte d’un commun accord entre ses membres fondateurs. Mais l’appel du Malin vainc toujours, et les revoilà un beau jour de 2007 avec une nouvelle livraison sous le coude. Les échos se font élogieux et le retour salué, Abigor serait revenu plus fort d’entre les morts.

"Warning" porte décidément bien son nom, cette intro va vous donner l’avertissement de ce qui va se passer : un peu technoïde, froid et complexe. Abigor a clairement changé. Le riff inaugural de "Project : Shadow" est incandescent et retournant. Virevoltant de droite à gauche, de gauche à droite et dans les airs, il forge la nouvelle musique du groupe. Ce sera complexe, très, hermétique et exigeant envers son auditeur. Ce n’est pas un hasard si les premières écoutes sont douloureuses. La seule chose de certaine est cette pluie de notes, éphémères pour certaines, semi-permanentes pour d’autres. Le son est sec et précis mais n’aide pas à rentrer immédiatement non plus. Froid et machinal, il demande à être dompté. Il s’apprécie d’ailleurs particulièrement avec une installation hi-fi de qualité pour en apprécier les ultimes recoins car les couches sont multiples et il n’est jamais loin le petit son quasi inaudible, pourtant indispensable.
Les chansons s’enchaînent donc sans repos, dans des formats classiques de cinq-six minutes. Pas de pavé trop long à digérer heureusement. Néanmoins il ne faut pas croire que cela rendra la musique du groupe facile. Au niveau comparaison, on peut penser par certains riffs à Deathspell Omega version Fas..., toutefois la copie est impossible à envisager car les albums sont contemporains l’un de l’autre. Et surtout, Fractal Possession est un monde en lui, inimitable, créé par deux musiciens qui ont vu et entendu beaucoup de choses en vingt ans et qui n’ont plus besoin de s’inspirer de quoi que ce soit. Ils créent et imposent leur vision. Il est d’ailleurs remarquable que ce retour parmi les vivants soit à ce point original. Le groupe a su pleinement profiter de la pause musicale qu’il s’est accordé, imposé ?, pour régénérer les batteries de l’imagination et repartir en marche avant toute.
Peu de groupes arrivent à rester aussi créatif après vingt années de composition, Abigor est de cette trempe, et pas qu’un peu les neveux. Les chansons sont toutes des odes à s’envoyer en l’air joyeusement sans se soucier de qui est votre partenaire. Musicalement bien entendu. Ca part dans tout les sens, les rythmes sont plus que changeants (souvent très rapides) et les différentes incartades industrielles distillent une ambiance forte et prenante. C’est en tout point remarquable. Ce qui fait dire que c’est peut-être trop aussi. Parfois. En fait, il faut vraiment se concentrer pour comprendre tout ce qui se passe au fil de l’album. Une écoute distraite est à bannir sous peine de ne pas apprécier du tout la musique. L’album peut ne pas passer par moments. On ne l’écoutera pas n’importe quand n’importe comment, c’est une évidence. Tant et si bien que des fois il paraîtra lourd et longuet. Fort heureusement, rarement.


Voici un album qu’il faut savoir écouter en forme et dans les bonnes dispositions psychologiques, ce sont bien là ses limites. Pour le reste, il s’agit d’un pur carton plein avec en première ligne une invraisemblable créativité au service des compositions pour notre plus grand bonheur. Suffisamment black metal pour n’avoir aucun doute à ce sujet, il est violent en même temps que bourré d’inspirations différentes. Peu recommandable pour les fans de Darkthrone, plus pour ceux de Deathspell Omega, il exige clairement que son auditeur apprécie la complexité musicale.


©Les Eternels / Totoro mange des enfants corporation - 2012 - Tous droits réservés
Trefoil polaroid droit 7 polaroid milieu 7 polaroid gauche 7