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CHRONIQUE PAR ...

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Sebrouxx
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 14/20

LINE UP

-Michael Angelo Batio
(guitares)

-Warren Dunlevy, Jr
(chant)

-Joe Babiak
(batterie)

-quelques invités qui jouent vite (Mark Tremonti, George Bellas, Bill Peck, David Shankle...)

TRACKLIST

1)Dial in That Frequency
2)Tribute to Dimebag
3)Clapton Is God
4)Metallica Rules
5)EVH
6)Symphony of Destruction
7)For Jimi: All Along the Watchtower
8)Tribute to Randy 2: You Can't Kill Rock and Roll
9)On the Double
10)MAB Forum Shreddathon

DISCOGRAPHIE


Batio, Michael Angelo - Hands Without Shadows 2 – Voices
(2009) - shred - Label : M.A.C.E Records



Michael Angelo : vous n’en avez toujours pas vu la couleur des yeux en raison de sa frange ô combien tendance désormais. Vous n’en avez toujours pas entendu la voix sauf si vous êtes un adepte de ses vidéos pédagogiques. Parce que sur le premier volume de Hands Without Shadows, que du shred et pas une ligne de voix au menu: forcément une guitare lead peut aisément remplacer un mauvais chanteur. Mais comme seuls les imbéciles ne changent pas d’avis (sauf quand il s’agit de coupe de douilles), pour le second volet de ses aventures en arrangements de morceaux légendaires, le shreddeur s’est offert les services d’un VRAI « singer ». Alleluia, mes frères ?

Oui, mon Père, j’ai pêché par le passé. Mais aujourd’hui, je suis lavé de toutes mes erreurs. Certes, j’ai été égoïste : je faisais mes disques dans mon coin, me limitant à employer au strict minimum les talents d’autres brebis égarées. Je sais, je n’ai pas assez partagé avec l’Autre même si mon savoir reste disponible pour tous vos paroissiens en VHS et DVD. J’ai bataillé pour asseoir ma réputation de shreddeur le plus rapide du monde et bâtir ma fortune. J’ai cherché la reconnaissance mais comprenez-moi: plus jeune, j’ai religieusement écouté de la musique au kilomètre. Étudiant à l’Université de l’Illinois, j’ai monté plus que gammes que de filles. Alors je veux ma revanche sur tous ces quarterbacks qui se raillaient de moi en toute impunité. Et surtout je veux ma revanche sur tous ces faux musiciens, ces faux mélomanes qui se sont moqués du premier Hands Without Shadows (chronique ici). J’avais déjà trouvé les titres pour son successeur depuis bien longtemps, certes une musique pas toujours très catholique mais Dieu saura discerner le Bien dans mon flot de notes, davantage contenu que dans le premier volume. Seulement j’ai eu besoin d’aide. Une aide providentielle. Un chanteur.

C’est pourquoi, Monseigneur, j’avais fait appel à vos divins services pour m’assister dans cette quête de l’Élu. Je bénis notre Seigneur, en mon nom et surtout en celui de mes auditeurs. Merci d’avoir mis sur ma route le dénommé Warren Dunlevy, Jr. Un ange, vocalement capable de toutes saintes adaptations d’un simple claquement de doigts, pourtant déjà largement occupés. Mes efforts sont enfin récompensés, le chemin de l’Ultime Rédemption s’offre enfin à moi, grâce à lui. Pour vous remercier je vous en laisse un exemplaire. Comme vous risquez de le constater, et par charité chrétienne, j’attire votre attention sur la piste sobrement intitulé “Clapton Is God”. Le meilleur des dix commandements/titres de cette offrande. Ne vous offusquez pas de cette suprême usurpation d’identité: ce musicien britannique s’est ainsi auto-proclamé. Mais pour rattraper cette hérésie, je me suis permis de glisser quelques nappes de musique divine. Dès l’intro et entre chaque reprise, résonne la Toccata de Jean-Sébastien Bach. D’accord, j’enchaîne ensuite “Layla”, “Badge” et “Sunshine of Your Love” avec une grâce certaine, bien soutenue par le chant impeccable de Warren qui maîtrise son sujet. Dieu reconnaîtra les siens.

Parmi eux Randy Rhoads et Dimebag Darrell que notre Tout-puissant a rappelé trop vite à ses côtés (faisons abstration de Jimi, puisque je reprends live le “All Along the Watchtower” déjà présent sur le volume 1). Concernant le premier, je lui avais déjà rendu hommage sur le premier volet de Hands..., alors après la joue droite, je tends la joue gauche, ferme les yeux et balance un “You Can’t Kill Rock and Roll” plutôt sobre, empli d’une mélancolie inhabituelle dans mon jeu fluide à l’extrême. Quant au second, plus habitué à déchaîner les enfers, il m’était impossible de ne pas célébrer sa mémoire. C’est vendeur et surtout de bon aloi vu que Warren ne déshonore pas plus Anselmo que Osbourne. Bien au contraire. Lui aussi a travaillé comme un acharné pour atteindre la Grâce, et il mérite adoration. Ecoutez-le sur “EVH“ jouer les David Lee Roth pendant que l’esprit de Saint Eddy Van Halen m’habitait (et j’assure plutôt bien, soyons honnête, sur “Panama” et “Ain’t Talking ‘bout Love” même si ma propension à balancer de l’harmonique artificielle toutes les trois notes est vite gavante). Admirez-le bien sur “Metallica Rules” imiter presqu’à la perfection la voix rugueuse de James Hetfield. Au studio, pendant l’enregistrement de “For Whom the Bell Tolls”, je vous assure que les cloches se sont mises à sonner d’elles-mêmes sans la moindre intervention de l’homme. Vous croyez aux miracles, mon Père?

Moi oui désormais. Car en plus d’un vocaliste hyper-habile, je sais que j’ai des amis sur lesquels je peux compter. Pour la plupart, il s’agit de convertis à la fast-guitar depuis déjà des temps immémoriaux. Mais quel bonheur de nous voir tous trois réunis, avec George Bellas et Vinnie Moore, pour revisiter “Symphony of Destruction”! Quelle félicité de partager le manche avec l’ex-Manowar David Shankle sur “On the Double”, une humble compo originale. C’est Nöel avant l’heure pour tous les amateurs de sextolets sweepés, mais là encore Frère Warren nous volerait presqu’encore la vedette avec son petit numéro de Dave Mustaine. Un miracle, mon Père: un seul et même corps capable de réconcilier sur un seul et même disque Hetfield et Mustaine. C’est un signe de la Providence. Tout espoir est désormais permis d’autant qu’un jour il me faudra songer à ma propre succession, au legato et sur la guitare quatre-manches. Mark Tremonti et Bill Peck, d’anciens élèves volant maintenant de leurs propres ailes, sont venus me prêter mains fortes sur le susnommé “Metallica Rules”. Seul l’auditeur attentif saura les différencier de leur Maître. Mais ma plus grande fierté est celle d’avoir monté ma propre chapelle, le “MAB Forum Shreddaton”. En ressort in fine un (trop) long instrumental, écrit par mon disciple Maxxxwell Carlisle, flirtant avec les dix minutes et sur lequel interviennent plusieurs autres membres de ma «Batio Academy» en ligne. Je peux maintenant dormir du sommeil du juste.


Du moins jusqu’au volume 3, en priant chaque jour que Warren Dunlevy Jr. reste de la partie. Déjà parce qu’à son contact Michel Alliot Batio s’est évité d’hasardeux arrangements de guitare lead en guise de chant. Et ce pour mieux se concentrer sur le meilleur hommage à rendre aux soli d’origine. Parions que le prochain Hands Without Shadows rendra visite aux répertoires de Pink Floyd, AC/DC, Iron Maiden et Guns n’Roses. Histoire de toucher à nouveau au Divin.


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