Bon. Si je vous dis : « metal neo-classique Français », vous me dites….vous me dites…. ? Comment ça, rien ? Allons, un petit effort ! Oui, vous, là au fond ? Ah… j’ai entendu "Adagio"… hmmm… ça n’est pas faux, mais c’est maintenant plus un groupe international même si son leader est français. Alors, pas d’autres réponses ? Vraiment pas ?
Eh oui : triste constat, mais c’est comme ça. Le metal neo-classique est quasiment absent en France. Et il faut l’avouer, la scène mondiale de ce style de musique est quand même très réduite. Elle reste confinée à un milieu de connaisseurs et d’amateurs, qui ne sont que trop souvent la risée du reste de leurs confrères metalleux. C’est pourtant un style de musique regorgeant de talents et qui parfois apporte un véritable bol d’air pur au sein de la confrérie burnée et poilue du speed metal traditionnel en y apportant des éléments symphoniques, baroques, ou encore une bonne dose de virtuosité et de mélodie. Allez, faisons preuve d’un peu de chauvinisme et concentrons-nous sur notre bel hexagone, d’où le metal neo-classique reste brillament absent de toute sa surface. Toute ? Non : un petit combo résiste depuis 1999 et nous présente fièrement sa dernière production.
Je ne vais pas refaire l’historique de MZ, mais il faut tout de même rappeler les données essentielles : formé par le bassiste Markus Fortunato et le guitariste Zan Dang (qui vient tout juste de revenir au sein du groupe), les membres de MZ ont proposé durant leur quatre premiers albums une musique exclusivement instrumentale. L’arrivée d’un chanteur en 2005 fut en conséquence un changement d’ordre majeur pour le groupe, qui vient de sortir son premier enregistrement avec Jean-Jacques Fanciulotti au micro. D’une musique instrumentale, par définition peu accessible au grand public qui se passe difficilement d’un(e) chanteur(euse), on parvient donc à quelque chose de plus traditionnel dans la forme mais qui conserve bien évidemment la patte originale du groupe et leur approche mélodique qu’ils ont eu le temps de peaufiner sur leurs précédents opus.
Pour ceux à qui ça parle, je pourrais rapprocher la musique de MZ avec des formations telles que Kenziner, Virtuocity, Zonata, Meduza ou, pour certaines parties plus heavy, de groupes comme Time Requiem, Stratovarius ou encore Adagio. Pour ceux à qui ça ne parle pas, je dirais simplement que si vous aimez le metal mélodique à tendance mélancolique, si vous aimez les sonorités et les harmonies baroques, les orchestrations présentes sans être écrasantes, alors vous devriez jeter une oreille aux compositions de MZ. Markus Fortunato, bassiste et principal compositeur du groupe, ne cache pas son attirance pour les groupes précités et les compositeurs baroques et classiques. On le sent au détour d’une nappe de synthé ou d’une ligne mélodique. Quant à l’élément nouveau du groupe, Jean-Jacques Fanciulotti, il s’en sort avec les honneurs. Possédant une voix mélodico-aggressive légèrement éraillée et nasale au vibrato prononcé, il apporte aux compositions du groupe une fraîcheur bienvenue. Si vous aviez été séduits par des voix telles que celles de Patrick Johanson (Wuthering Heights, Space Odyssey) ou Stephen Fredrick (Kenziner, Firewind), vous aimerez celle de J.J Fanciulotti.
Ce Nostalgic Heroes est un album qui interpelle par sa variété : on y entendra des morceaux rapides ("Rising To The Throne" ou l'excellent "Before The Sun Goes Down", véritable single de l’opus), des instrumentaux ("Maudlin Adagio" et sa triste mélodie ou "Polytheist", moment de bravoure pour basse et batterie), de longues pièces progressives ("Nightfall Prelude" ou "Landscape Fading Into Infinity") et des morceaux plus heavy en mid-tempo ("Moderato Capriccio"). Les lignes vocales sont dans l’ensemble très bien amenées et les refrains se montrent souvent imparables d’efficacité. La basse est mise en avant sans être démonstrative, et la production, si elle ne respire pas le gros budget, reste des plus correctes. MZ sait éviter les écueils inhérents à ce genre de performance en évitant de tomber dans le mièvre, le racoleur ou le démonstratif et reste cohérent d’un bout à l’autre de sa galette.
On regrettera certains titres moins efficaces comme "Last Of A Long Line", hommage douteux aux ténors du speed metal à double pédale et "Salus, Honor, Vitus", petite plage instrumentale légèrement kitsch affublée d’une narration tout a fait dispensable. Mais pour une première (comprendre : avec un chanteur), on ne peut qu’encourager MZ à continuer sur cette voie qui, à défaut de les emmener remplir des stades de dix mille places pour leur concert (du jamais vu pour un groupe de neo-classique, et c’est pas demain la veille, comme on dit), ne peut que risquer de les faire découvrir plus largement aux oreilles du grand public. Et faire ainsi progresser la confidentielle scène de metal neo-classique qui peine à se faire une place dans le cœur déjà tellement sollicité des amateurs de metal, en France comme ailleurs.