Epica -
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« 17,5 pour un album d'Epica ?» «C'est exagéré de faire chroniquer l'album par un fan » etc. Même pas ! C'est de la réelle bonne foi, surtout qu'à part The Phantom Agony (très éloigné de celui-ci) il faut dire que le groupe ne nous a jamais offert de réelle bombe. Après un The Divine Conspiracy qui annonçait déjà une nouvelle orientation, beaucoup plus metal et virulente tout en gardant une forte orientation symphonique, celui-ci ne pouvait être qu'attendu... Et l'on ne le regrette pas!
Inutile de faire un grand discours pour n'en sortir que des éloges. Prêcher un convaincu n'est pas le but ici. L'important est de comprendre que l'album touche à beaucoup plus de styles, s'ouvre et ne s'adresse plus seulement qu'aux amateurs de metal symphonique ou de chant féminin. C'est donc une expérience à tenter, c'est même une expérience qui s'adresse aux réticents et à ceux qui n'ont jamais vraiment aimé le groupe, car trop sympho, trop ceci ou cela, ce n'est plus beaucoup le cas désormais. Le message est passé. Il s'agit de la première production avec les deux nouveaux ex-God Dethroned (même si Arïen avait déjà enregistré la batterie de The Divine Conspiracy ainsi que du live, il n'avait encore jamais composé) ceci explique aussi le côté plus rentre-dedans des compos. Tout le monde a apporté sa pierre à l'édifice, le concept de liberté, exposé dans cet album est aussi le reflet des limites auxquelles le groupe a décidé de ne pas s'arrêter. Tout est plus: plus grandiloquent, plus beau, plus metal, plus prog, plus heavy, avec même des solos, chose quasi nouvelle pour le groupe, mieux composés etc.
"Kingdom of Heaven", la pièce centrale de l'album, le chef d'œuvre ultime aux accents de death/prog/sympho, est l'exemple le plus flagrant pour montrer ce qu'ils savent faire. Presque 14 minutes et une multitude de plans tous aussi intéressants les uns que les autres. Initialement écrite par Mark en trois ans afin de satisfaire ses envies hors de Epica, il a fini par l'utiliser malgré le fait qu'elle ne soit que peu dans les habitudes du groupe, autant dans les structures que dans les atmosphères générales... c'est un choix que l'on ne peut qu'approuver, une idée à conserver. Comme souvent chez Epica, il faut discerner deux types de chansons. Les purs chefs d'œuvre, souvent plus longs et nuancés, où chaque instrument s'exprime et où les orchestrations et les voix ne sont que des fioritures. Et celles plus directes, basées sur le couplet-refrain, elles aussi très intéressantes avec de bonnes mélodies, mettant en avant les orchestrations et la voix. Il s'agit d'une complémentarité qui permet de ne jamais se sentir étouffé ou d'avoir une sensation de répétition (Vous n'en saurez pas plus, je ne peux que vous encourager à prêter une oreille à cette galette).
Le groupe est resté fidèle autant dans sa production en la confiant une nouvelle fois à Sacha Paeth que dans l'ensemble de chœurs, toujours le même depuis leur toute première production sous le nom d'Epica (puisque le groupe s'appelait initialement Sahara Dust et ne comportait pas encore Simone au chant), qui était The Phantom Agony. De plus Simone a enregistré de son côté avec l'inépuisable Amanda Somerville. De l'autre côté malgré son départ, Ad a participé à la prise de son des guitares. Justement les guitares, l'un des deux points faibles de l'album. Il ne s'agit pas de leur jeu, beaucoup plus étoffé mais du fait qu'elles saturent énoooooooooormément. Bon ce n'est pas le dernier Belphegor non plus, mais il faudrait que les ingé-son finissent par comprendre que nous n'avons pas tous des enceintes de monitoring à la maison ! Autre point faible, il s'agit d'une chanson, une ballade comme par hasard: "White Waters", malgré le fait qu'elle soit chantée avec l'incroyable Tony Kakko, mais il ne s'y passe pas grand-chose et sur un album de cette qualité, on peut se permettre d'être aussi tatillon ! Deux faiblesses sur un album c'est...peu, surtout tellement extraordinaire.
S'il y a une chose à retenir de cet album c'est qu'il s'agit assurément du meilleur album d'Epica ainsi que de metal symphonique pour 2009, et très certainement l'un des tous meilleurs de l'histoire du genre. Nuclear Blast nous avait prévenu: « le meilleur album d'Epica à ce jour ! Encore plus varié ! L'album ultime, le chef d'oeuvre que tous les fans attendaient » et ils avaient raison. C'est tellement rare de ne pas être fourvoyés par ce genre de discours.