CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Alex Losbäck Holstad
(chant)
-Timmy Leng
(guitare)
-John Lidén
(guitare)
-Fredrik Meister
(basse)
-Joseph Astorga
(batterie)
TRACKLIST
1)Mindplague
2)Rain
3)Beast in the Cage
4)Mechantical
5)Crehate
6)Rise Above
7)No Fucking Way
DISCOGRAPHIE
Il y a mille et une façons de pourrir l'ambiance dans une fête. Par exemple, vous pouvez vous pointer à un congrès rastafarien, attendre qu'un mec vous propose un joint et lui répondre posément : « Non merci, ça me fait tousser. D'ailleurs savais-tu que Despite est un groupe suédois qui fait du death teinté de metalcore, et que leur premier album est sorti seulement en 2009 alors que le groupe s'est formé il y a dix ans ? ». En toute logique, le silence qui suivre devrait être lourdement chargé de gêne et d'incompréhension. À moins que vos interlocuteurs ne vous aient pas calculé du tout et rigolent bêtement en jouant des bongos, ce qui est également possible.
Et pourtant ils savent pas ce qu'ils perdent. Le son des Despite est gros, leurs riffs sont méchants, leur chanteur est un énervé de première et leur niveau général plus qu'honorable. Entre les titres clairement orientés crossover hardcore tout en syncope comme "Crehate" ou "Rise Above", les speederies destructrices à la "Mindplague", il y a de quoi se faire plaisir en matière de violence efficace et afûtée. Le seul passage en voix claire est le fait du guest Knut Agnred sur "MindPlague", et ce dernier est un succès tant le timbre chaud et inhabituel du bonhomme est pertinent dans le contexte. L'atmosphère générale se veut assez moderne : les riffs-mitraillettes calés sur la double de "Rain" ou le riff presque néo des couplets de "Beast in the Cage" avant un refrain évoquant le Soilwork deuxième époque (sauf que le chant est hurlé), tout ça place Despite dans une approche non-traditionnaliste qui ne dessert en aucun cas sa crédiblité : les plans du groupe ne tombent jamais dans le gimmick, et on ne saurait les suspecter de vouloir s'accrocher à un quelconque wagon.
Despite se fend d'un moment de bonheur totalement inattendu avec l'instrumental "Mechantical" : extrêmement cinématographique, ce morceau mi-orchestral mi-electro où plane l'ombre de Vangelis aurait pu rythmer une scène d'action de Matrix et autres Serenity. Le problème c'est que cette plage magnifique soustrait deux minutes rente à un album qui en fait à peine plus de vingt à la base, ce qui devrait logiquement le placer dans la catégorie des EP. Mais non, In Your Despite est présenté comme un LP et en ce sens laisse une impression d'inachevé persistante. De plus Despite a beau méchamment envoyer le bois et être carré comme pas deux, leur identité n'est pas non plus flamboyante et reconnaissable entre mille. Le groupe donne dans un metalcore agressif suffisamment maîtrisé pour ne pas sonner bateau (ce qui est un exploit en soi vu la saturation de la scène), mais aucun des aspects de la formation ne suffit à la définir. Pour un groupe ayant mis dix ans à sortir son premier disque, c'est un peu inquiétant...
On sent bien qu'il y a quelque chose, mais on reste quand même sur sa faim. Despite doit confirmer l'essai dès que possible et prouver qu'ils sont capables de développer un son à eux. Sachant que deux des membres ayant composé l'album ont déjà été remplacés par d'autres, on s'autorisera à être dubitatif...