CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Benji Webbe
(chant)
-Mikey Demus
(guitare)
-Daniel Pugsley
(basse)
-Dirty Arya
(batterie)
TRACKLIST
1)Stand for Something
2)You Can't Stop It
3)Electric Avenue
4)Calling All Stations
5)Corrupted
6)Who Are You?
7)Days Like These
8)Invincible
DISCOGRAPHIE
Il y a des fois où on préfèrerait s'être planté. Roots Rock Riot représentait indéniablement un virage commercial pour Skindred mais tant mieux après tout : quand la qualité de la musique n'en pâtit pas ou peu, on ne va pas se plaindre qu'elle soit diffusée sur les media mainstream. Et on se disait naïvement que maintenant que le groupe avait fait son trou, il allait utiliser son nouveau statut pour s'affranchir de tout diktat mercantile. Las ! Le risque inverse existait bel et bien, et Skindred s'est vautré dedans... et nous a sorti un album en carton formaté pour les radios. Merde.
Bien entendu, il est particulièrement énervant de voir un groupe autrefois crédible artistiquement faire n'importe quoi, et le fan de Skindred risque fort de s'arracher les cheveux à l'écoute de ce truc. Le party-metal à deux francs de "Electric Avenue", à mi-chemin entre du mauvais 311 et du mauvais FM (si si, écoutez le refrain), lui fera beaucoup de mal. Retrouver le riff du beatdown de "Roots Rock Riot" repris quasiment à l'identique dans chaque break mid-tempo le fera grincer des dents. Voir le groupe tenter l'aventure dub - démarche logique quand le background est ragga - sur "Who Are You?" pour se planter totalement et sortir un titre ennuyeux à crever provoquera son chagrin. Et quand le fan constatera que "Days Like These" reprend exactement la recette du fabuleux "Killing Me", à savoir une compo pleine d'emphase, mettant la puissance au service de l'émotion avec renfort de cordes dans les moments les plus lyriques... quand ce fan constatera que la copie est totalement dépourvue du génie de l'original, il risque de sérieusement s'énerver. Ça n'obscurcira pas assez son jugement pour qu'il néglige le fait que la pop-punk californienne à la "State of Emergency" a disparu, mais comme ce constat lui en touche une sans remuer l'autre ça ne change rien.
Mais il n'y a pas que le fan de Skindred qui va gueuler, il y a les autres. Ceux qui jugeront l'album non pas en comparaison avec l'œuvre préexistante, mais juste à l'aune de sa médiocrité intrinsèque. Ceux-là prendront tout de même un peu de kif en découvrant la voix de Webbe, toujours aussi fortiche pour enchaîner ses registres mélodiques et plus râpeux. Ils trouveront probablement les claviers à la Prodigy de "Stand for Something" bien trouvés, et le vocoder à la Eiffel 65 sur "You Can't Stop It" ne les choquera pas... par contre les breaks complètement incongrus dans le bridge du même titre, si. Avoir affaire à un groupe de nu-metal générique avec un chant particulier comme seule distinction ne les comblera sûrement pas, surtout quand le chant ne colle même pas sur les plans et semble faux comme dans "Invincible". Le côté catchy d'un single évident comme "Corrupted" les branchera au début, mais les chœurs improbables du bridge et le refrain incroyablement putassier les agresseront, car personne n'aime être soudainement pris pour une pisseuse de treize ans au détour d'un plan. Entre les riffs banals et les gimmicks insupportables qui viennent plomber les quelques moments entraînants, les auditeurs lambda feront comme les fans : ils appuieront sur stop.
Oh le beau ratage ! Le fait que Skindred a jeté son identité aux orties n'est pas un problème en soi, le problème c'est que ce qu'ils ont mis à la place est malodorant. Médiocre pour un mélomane, insupportable pour un amateur du groupe, Shark Bites truc machin n'a finalement qu'un seul avantage : il dure à peine plus de trente minutes. Ouf, plus longtemps ça n'aurait pas été possible.