CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Dave Grohl
(chant+guitare)
-Chris Shiflett
(guitare)
-Nate Mendel
(basse)
-Taylor Hawkins
(batterie)
TRACKLIST
1)The Pretender
2)Let It Die
3)Erase/Replace
4)Long Road To Ruin
5)Come Alive
6)Strangers Things Have Happened
7)Cheer Up, Boys (Your Make Up Is Running)
8)Summer's End
9)Ballad Of Beaconsfield Miners
10)Statues
11)But, Honestly
12)Home
DISCOGRAPHIE
A presque 40 ans, Dave Grohl peut se vanter d'avoir eu une vie bien remplie. On peut même dire que dans le milieu musical, bien peu ont réussis une reconversion comme la sienne. Alors après l'excellent In Your Honor, une tournée mondiale éreintante et la découverte des joies de la paternité, on pouvait s'attendre à ce que le père Grohl pose un peu les valises. Que dalle! Le gars reprend sa guitare, ses potes des Foo Fighters et file en studio enregistrer Echoes, Silence, Patience & Grace. Et bien loin de balancer un disque baclé qui sent la fatigue, les Américains se payent le luxe de sortir un de leurs meilleurs albums.
Peut être pas le meilleur, mais en tout cas le plus mature, le plus posé. Les musiciens sont là pour se faire plaisir et ce plaisir est communicatif. Impossible de ne pas ressentir la fraîcheur qui s'échappe des compos, de l'énergie qui se dégage des riffs et de l'émotion des lignes de chant. Exit le punk-rock juvénile des premières années : Echoes, Silence,Patience & Grace reprend où In Your Honor s'était arrêté et Dave Grohl propose ici un rock adulte et maitrisé de bout en bout. Il n'a plus grand chose à prouver, se contente de sortir les morceaux de ses tripes et d'assumer ses influences blues-rock. Une chose est sure, les Foo Fighters n'ont pas perdu leur sens du single qui fait mal en cours de route et dans la catégorie « gros burner qui arrache tout sur son passage » l'opener "The Pretender" fait très très mal : riffs tendus et acérés, couches de guitare, gros son, refrain immédiat et jouissif, prend ça dans ta gueule. Et rebelote sur "Let It Die". Si l'intro laissait penser à une ballade acoustique, la montée en puissance de la seconde moitié ne laisse pas de doute possible : les grosses guitares s'emparent de la fin du morceau et scotche l'auditeur à son siège.
La recette fonctionne tellement bien que les gars se permettent de remettre le couvert de façon plus subtile sur "Come Alive" (petit clin d'oeil au nouveau statut de papa de Grohl) : la paire Mendel/Hawkins (d'ailleurs impérial de bout en bout) abat un boulot monstrueux et fait monter la sauce petit à petit jusqu'au déluge de guitares. Quand Grohl vient poser son chant rocailleux, difficile de ne pas avoir une petite boule dans la gorge... Question émotion, "Strangers Things Have Happened" se pose là. Guitare acoustique intimiste, paroles bien foutues -pas guimauve pour un rond, petit solo bluesy qui va bien : de la belle ouvrage! La deuxième moitié de l'album est moins riche en tubes mais pas pauvre pour autant : un petit clin d'oeil au punk-rock des débuts avec la très fraîche "Cheer Up Boys", un superbe instrumental country-blues et une poignée de titres tirant sur le pop-rock qui laisse apparaître le goût de Grohl pour les productions de McCartney. Que ce soit au piano ou à la guitare ("Statues", "Home"), Grohl démontre ce que laissait supposer In Your Honor (en tout cas sa partie acoustique) : il est devenu un songwriter de grande qualité, capable de faire passer une belle émotion avec trois bouts d'accords...
Pas leur meilleur album? Et après tout pourquoi pas? Echoes, Silence, Patience & Grace contient tout ce que le groupe sait faire de bien, du rock tendu à la ballade acoustique. En moins d'une heure, les Foo Fighters font le tour du rock, de leur rock, de leurs influences et nous emmènent sans forcer dans leur univers. Pas d'artifices ici, juste du bon rock n' roll servi par 4 passionnés avides de partager leur amour de la musique. Comment rester insensible à un groupe qui a su grandir avec ses fans?