CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Ronnie James Dio
(chant)
-Tony Iommi
(guitare)
-Geezer Butler
(basse)
-Vinnie Appice
(batterie)
TRACKLIST
1)Atom and Evil
2)Fear
3)Bible Black
4)Double the Pain
5)Rock and Roll Angel
6)The Turn of the Screw
7)Eating the Cannibals
8)Follow the Tears
9)Neverwhere
10)Breaking Into Heaven
DISCOGRAPHIE
Who whohoho, who whohoho hohoho !!! "Heaven and Hell" est un morceau de Black Sabbath contenant l’un des tous meilleurs riffs jamais sortis de la SG et des doigts amputés de Tony Iommi, pourtant peu avares dans le domaine des riffs légendaires. C’est aussi l’album du même nom, premier réalisé par le sabbat d’ébène avec Ronnie James Dio en lieu et place d’Ozzy Osbourne. Tout le monde sait cela. Mais Heaven and Hell est également depuis 2007 le nom qu’utilise la formation Iommi-Butler-Dio-Appice pour se différencier de la formation « classique » de Black Sabbath.
The Devil You Know est ce que tout le monde espérait après une tournée de reformation qui avait convaincu même les plus sceptiques: un nouvel album de ce line up légendaire, succédant ainsi à Heaven & Hell (ok, Bill Ward était encore derrière les futs, remplacé par Appice à partir de la tournée), Mob Rules et Dehumanizer. Tiens parlons en de ce Dehumanizer, album plutôt méconnu et mal aimé sorti en 1992 lors déjà d’une première reformation qui avait alors tourné court. C’est à lui que les premières critiques et les membres du groupe eux-mêmes se référent pour parler du nouvel album. On trouve en effet d’entrée de jeu de nombreuses chapes de plomb carrément doom sur lesquels la science du riff de Maitre Iommi associée à la basse de Butler et au jeu lourd au possible d’Appice ne laissent aucun survivant, aidés en cela par un son absolument parfait : ultra puissant mais chaud, moderne mais laissant place au feeling old school des musiciens. Les deux premiers titres "Atom and Evil" et "Fear" sont de bons exemples de ce type de morceaux lourds à souhait.
The Devil You Know débute ainsi par une succession de mid tempos qui peut donner l’impression d’un album qui ne décolle pas réellement dans sa première partie, mais c’est là la direction ultra heavy que semble avoir privilégié le groupe, d’où les références à Dehumanizer. Pourtant l’excellent "Bible Black", à coup sûr futur classique indétrônable des setlists, redonne vite envie de se plonger plus en avant dans ce disque. Ce morceau semble calqué sur les titres les plus épiques composés par le quatuor, "Children of the Sea" ou "Sign of the Southern Cross" en tête, et donne à Dio l’occasion de prouver qu’il n’a rien perdu de ses capacités vocales, de ce don rare de sublimer une simple ligne de chant posée sur un arpège de guitare pour en faire un moment d’émotion imparable. Et lorsque le reste du groupe débarque sur un riff de plomb dont Tony Iommi a le secret, ce sont les cervicales de l’auditeur qui souffrent. Quelques rares accélérations (relatives) du tempo sont tout de même présentes au rendez-vous, comme ce "Eating the Cannibals" redoutable d’efficacité qui redonne une bonne dynamique à l’ensemble, et seul vrai titre rapide de l’album avec "Neverwhere" ou dans une moindre mesure ce "Double the Pain" au refrain accrocheur.
Le mélodique "Rock and Roll Angel" vaut lui beaucoup mieux que son titre cliché au possible, notamment grâce à son break acoustique magnifique qui permet à Iommi de déballer tout son feeling en solo, alors que "The Turn of the Screw" fait preuve d’un esprit plus léger et plus rock. Mais "Follow the Tears" remet vite les choses en place : intro lourde agrémentée d’orgues angoissants, riff d’outre tombe, couplets pesants, refrain et pont plus lyriques… un voyage de six minutes en enfer pendant lequel le personnage et l’univers de la pochette semblent prendre vie et remplacer la réalité qui nous entoure. Du très grand art. Tout comme le titre final, ce "Breaking Into Heaven" tout simplement apocalyptique dont le tempo semble se caler sur votre rythme cardiaque pour vous entrainer loin, très loin dans les abysses. La voix sans âge de Dio représente alors la seule lueur d’espoir à laquelle se raccrocher lorsque son lyrisme redonne un peu d’espoir, incitant les anges déchus que nous sommes à se rebeller et à attaquer ce paradis perdu qui les a chassés…
Les allusions à Dehumanizer sont finalement assez compréhensibles. Black Sabb… euh pardon Heaven & Hell a effectivement choisi d’aller assez clairement dans cette direction lourde et sombre à souhait. The Devil You Know n’est peut-être pas aussi heavy cependant que son prédécesseur de 1992, en tout cas pas seulement. On pourrait le classer entre ce dernier et le plus classique et mélodique Heaven & Hell justement, malgré une fin d’album à la profondeur insondable. Quoiqu’il en soit le pari est gagné haut la main, ces vétérans sont encore capables du meilleur et ne sont pas condamnés à vivre sur leur passé glorieux. Merci Messieurs et par pitié, ne rappelez jamais Ozzy !