CHRONIQUE PAR ...
Pablo
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Billy Graziadei
(chant+guitare)
-Evan Seinfeld
(chant+basse)
-Carmine Matteliano
(guitare)
-Danny Schulder
(batterie)
TRACKLIST
1)Intro
2)Never Forgive, Never Forget
3)Kill or Be Killed
4)Heads Kicked In
5)Beaten Senseless
6)Make My Stand
7)Open Your Eyes
8)Penalty
9)World on Fire
10)Dead to Me
11)Hallowed Ground
DISCOGRAPHIE
Biohazard, groupe mythique du hardcore new-yorkais, nous revenait en 2003 avec un album au titre très shakespearien : Kill Or Be Killed. Il est clair qu'avec lui, le groupe ne signait pas un renouveau du genre. Rappelons qu'Evan a débuté une carrière d'acteur dans la série OZ, et épousé Tera Patrick, l'actrice pornographique. De plus, chacun des musiciens possède alors des projets musicaux parallèles, on sent donc que Biohazard part un peu en cacachuètes. Qu'apporte alors cet album du groupe ?
Contrairement à tout ce qui a pu être écrit de négatif sur cet album, Kill Or Be Killed n'est pas mauvais du tout. Certes la pochette est assez kitsch au final, se voulant aggressive et brute avec ses quatre bouledogues représentant les quatre musiciens de la formation, l'artwork fait au final assez BD. Au moins la volonté d'être assez direct - « straight to your face » même comme dirait le leader de Hatebreed Jamey Jasta - sur la pochette reflète assez bien la musique de cette galette. Loin d'être grindcore comme il a été possible d'être lu sur certaines pages internet, Kill Or Be Killed est revenu aux origines du hardcore. Un album de moins de trente minutes, une voix grave et mal léchée, aucune fioriture, clairement Biohazard veut frapper fort. Il le fait malheureusement de façon maladroite. Tout d'abord parce qu'à vouloir être trop brut et direct, l'album est relativement lassant à la longue. Cela est dû en partie à une production terne et sans la qualité qu'on a pu avoir sur les productions de Urban Discipline et State Of The World Address. À ne vouloir aucune fioriture on finit par perdre le relief si agréable sur les grandes productions de Biohazard au milieu des années 90.
Et ce n'est pas la batterie de David Schuler d'une linéarité frustrante qui contredira ce fait. Décidément pas trés inspiré derrière les fûts sur cet album, celui-ci ne fait pas ressortir l'éclat de son jeu des grandes heures. La cymbale par exemple ne donne pas la pêche qu'on ressentait lorsqu'on écoutait "Shades of Grey" ou "Down for Life" . Le chant d'Evan quand à lui fait plus pensé au type mal réveillé qu'à un chanteur coreux en pleine possession de ses moyens. Heureusement, tout n'est pas aussi négatif sur Kill Or Be Killed. Certains morceaux donnent encore la bougeotte, comme la chanson éponyme avec une moshpart réussie, ou encore "Heads Kicked In". Particulièrement cette dernière, qui fait réellement dire à l'écoute : « Putain ouais, ça c'est bon !». En somme, Biohazard parvient encore à nous faire bouger la tête et nous faire taper du pied. L'autre principale qualité qu'on se doit de noter, ce sont les ambiances qui y sont distillées. Sombres et lourdes, les riffs y ajoutent une pointe d'agressivité louable. Ce n'est certes pas un album de doom, mais venant de Biohazard c'est assez surprenant. Finis les guests à tout va du dernier album, le groupe a choisi de varier certains points de sa composition, en bien.
À l'époque des 90's, il aurait par exemple était impossible de voir le groupe nous pondre un morceau de presque sept minutes ! "Hallowed Ground" est surprenant en tout point, et ferait presque mentir le thème affiché au départ du groupe : la brutalité pure et dure. Et c'est ici qu'on assiste au réel problème de l'album. Ne s'affirmant pas clairement entre brutalité straight to your face et ambiance sombre, le groupe se retrouve le cul entre deux chaises. On oscille parfois entre les deux thèmes sans forcément une connexion logique. Par exemple, l'intro lourde et lente de "Beaten Senseless" est cassée au bout de deux minutes par une retombé simpliste dans une rythmique bateau, rapide et linéaire. En somme, le groupe essaye de faire cohabiter deux styles, sans pour autant parvenir à les marier convenablement. Dommage, les quelques bonnes idées de l'album auraient mérités que le groupe s'y attarde d'avantage. Biohazard pêche par un manque de cohésion dans ses compositions, et par un empressement à faire un album de hardcore brutal certes, mais n'atteignant en rien des albums de groupes de la nouvelle garde comme les monstrueux Perseverance et The Rise Of Brutality d'Hatebreed.
On peut donc dire que Kill Or Be Killed est un album assez bon qui aurait mérité un meilleur traitement, de la part de la production dans un premier temps, et des musiciens dans un second temps. Une production moins plate et donnant plus de relief aux guitares et au chant aurait fait gagner en intérêt l'écoute de ce disque. La qualité des ambiances sombres et lourdes aurait mérité qu'on les mette plus en valeur, plutôt que de retomber dans la simplicité de rythmiques linéaires et franchement ennuyeuses. Biohazard sort un album assez bon, mais loin de ce qu'il a pu faire de meilleur. À quand un renouveau ?