CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Marjan Welman
(chant)
-Mats van der Valk
(guitare)
-Jens van der Valk
(guitare)
-Jan Munik
(claviers)
-Jerome Vrielink
(basse)
-Jan Grijpstra
(batterie)
TRACKLIST
1)Paradise Nox
2)Liquid Under Film Noir
3)Skydancer
4)Syncho-Minds
5)The Heart Demands
6)A Minor Dance
7)Cascade (For A Day)
8)Horizon Line
9)Sulphur Rodents
10)Altitude
DISCOGRAPHIE
C’est avec à la fois une moue interrogative et un gros sentiment d’excitation que j’ai découvert le quatrième album des Hollandais d’Autumn. En effet, comme tout bon groupe un jour, celui-ci s’est mesuré au départ d’un membre plus que charismatique ; au sein de la formation batave, le départ en question concerne sa fabuleuse chanteuse Nienke De Jong. Son remplacement par une chanteuse que les plus progueux d’entre vous reconnaîtront (Marjan Welman, qui a officié sur le dernier album d’Ayreon) attise plus la curiosité que l’envie. « Mais merde, qu’est-ce que cela va donner », m’étais-je dit…
Ce qui m’étonne le plus souvent dans cette histoire, c’est la propension de certains groupes à pouvoir survivre, dans ce cas de figure, contre vents et marées et dans le meilleur des cas, à révéler à la face du monde une nature que l’on ne soupçonnait qu’à demi-mot – pour moi, l’apanage des groupes dont les compositions portent le chant et non l’inverse. Autumn fait définitivement partie de cette frange assez rare dans le genre. My New Time était un album très solide, bien écrit et porté par une voix peu commune. Altitude étonne grandement par sa qualité d’écriture et ses compositions – d’autant plus que le choix de Marjan Welman s’est finalement avéré plus que judicieux. Son splendide timbre chaud et très technique (volontairement similaire à celui de Nienke De Jong sur certains phrasés, comme sur "Altitude") lui permet de soutenir aussi bien les morceaux aériens et les envolées épiques, majoritaires ici ("The Heart Demands", "Horizon Line", "Skydancer") que des partitions plus lourdes ("Sulphur Rodents", véritable boucherie death qui détonne dans le registre du groupe).
Le plus inattendu reste encore que le groupe se surpasse dans tous les domaines et parvient sans véritable explication, autre que ce fameux instinct de survie, à accoucher d’un album encore plus réussi que My New Time. Ce qui était loin d’être évident! Aussi bien à l’aise dans les morceaux mélancoliques (magnifiques "Synchro-Minds" et "A Minor Dance", entre fragilité et ambiance onirique), jamais classiques – grâce à une utilisation des guitares et des claviers très originale – que dans les morceaux aux accents métalliques ("Sulphur Rodents", bien placé, relance idéalement la machine en fin de parcours; les énergiques "Skydancer" et "The Heart Demands" ainsi que "Paradise Nox", opener intelligent dans la veine d’un "Satellites" sur le précédent album), Autumn fait preuve d’une maturité incroyable lorsqu’il s’agit de renouveler le genre par les instruments. Jan Munnik ne se pose aucune limite dans l’utilisation de ses claviers, véritable point fort de ce disque, lui donnant ainsi une coloration heavy rock progressive du plus bel effet : orgue, mellotron ("Paradise Nox"), délicates notes de piano ("Syncho-Minds"), passages progressifs admirables ("Skydancer").
De ce fait, Altitude est enrobé depuis son commencement jusqu’à sa fin d’une volute atmosphérique qui manquait légèrement au précédent album. Ce quatrième opus paraît de ce fait beaucoup plus corpulent et généreux que son aîné – au passage, les problèmes de puissance ont été réglés : basse et guitare sont plus que jamais de la partie - et surtout, dévoile sa véritable nature après quelques écoutes attentives. Les parties de guitares et de basse étonnent par leur diversité ("A Minor Dance" et son riffing arythmique soutenu par une basse éclatante: la grande classe). Chose plus puissante encore : le souci d’équilibre du tracklisting, quasi-parfait, rend l’écoute définitivement agréable et jamais ennuyeuse.
Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures : Autumn, avec cet album de la résurrection ou presque, démontre qu’il est encore loin d’avoir porté tous ses talents au grand jour. Les choix artistiques judicieux et très intelligents (le chant, la maturité exceptionnelle des compositions et le mariage des genres très réussi, entre rock gothique, metal atmosphérique et heavy rock teinté de sonorités seventies) du groupe sur cet album me redonnent confiance et fierté dans un genre qui paraît avoir tout dit, mais qui, décidément, regorge de pépites qui méritent un succès à la fois critique et populaire, tel ce fabuleux album qu’est Altitude.