CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10.5/20
LINE UP
-Johan Lindstrand
(chant)
-Mikael Lagerblad
(guitare)
-Mattias Bolander
(guitare)
-Robert Axelsson
(basse+chant)
-Marek Dobrowolski
(batterie)
TRACKLIST
1)Black Clouds
2)Misfit With a Machinegun
3)Saint Lucifer
4)Cursed by the Knife
5)A Date With Suicide
6)Death Makes It All Go Away
7)Dominator of the Flesh
8)Bonebreaker Propaganda
9)Make Them Die Slowly
10)The Frisco Reaper
11)Bastards of Monstrosity
DISCOGRAPHIE
Johan Lindstrand n'est pas un homme du passé. Alors que de nombreux fans de death mélodique continuent à pleurer la mort de The Crown, le growleur continue de s'investir à fond dans son projet personnel. Et Dieu sait que les choses ont changé chez One Man Army : nouveau guitariste, nouveau label, et la musique donc ! Ah ? Pardon ? On m'informe que la musique n'a pas bougé d'un poil, veuillez m'excuser. Dommage, le thème de mon intro est tout cassé du coup.
Premier album : balbutiements. Deuxième album : affirmation de l'identité. Troisième album : confirmation. Voici la courbe de progression naturelle du groupe métal telle qu'elle a été observée par d'habiles critiques rock depuis des décennies maintenant. One Man Army n'a que faire de telles conventions : leur identité était affirmée dès le départ et ils n'ont pas dévié d'un pouce depuis. Les riffs sont toujours placés sous une franche dominante thrash, toujours enjolivés de thèmes leads et d'harmonies de heavy-metal mélodique, et le chant de Lindstrand semble toujours provenir des intestins d'un troll. La prod de 21st Century Killing Machine est un lointain souvenir : les vocalises démoniaques du chanteur sont désormais mixées bien en avant et le constat ne change toujours pas... à savoir que ce type est un des meilleurs dans sa catégorie, et que vu la qualité de son growl c'est vraiment dommage qu'il compose des chansons aussi plates. Toujours ces rythmes up-tempo ou mid-tempo, toujours ces incursions de modernité çà et là comme lors des plans basse-batterie de "Dominator of the Flesh" et "A Date With Suicide", toujours ce mélange entre feeling suédois et allemand comme dans "Misfit With a Machine-Gun" qui évoque autant Destruction que l'In Flames de "Take This Life"... sans compter le déferlement constant de double-pédale et les soli de guitare mélodiques qui fleurissent au bord du chemin. On n'est pas seulement en terrain connu, on est en terrain conquis.
Car il faut bien avouer que Lindstrand maîtrise plutôt bien son affaire, et nul doute que Grim Tales aurait fait forte impression s'il avait été le premier album de la bande... ce qui est exactement le commentaire qui avait été fait sur Error In Evolution ! Pire encore : le deuxième album en question proposait au moins une évolution franche avec l'apparition du chant clair, mais comme cet aspect a disparu de Grim Tales on se retrouve face à un combo entre régression et stagnation. On lève le sourcil lors de moments épars qui redonnent un soupçon d'espoir : le rythme lent et chaloupé presque doom de "Make Them Die Slowly", les breaks arpégés à la Immortal de "Cursed by the Knife"... et c'est à peu près tout, malheureusement. De l'autre côté on doit affronter un florilège de platitudes diverses tant le riff thrash totalement dénué de personnalité semble être le mètre-étalon de l'album. On le trouve en version lourde puis enlevée dans "Bastards of Monstrosity", en version speed teintée de DevilDriver dans "The Frisco Reaper", ou "Cursed by the Knife"... En plus quand on n'est pas dans le générique on est dans le déjà entendu : l'ombre de Machine Head plane sur le bridge de "BoneBreaker", et ne pas voir la double influence Slayer / Soilwork dans le riff ouvrant "Death Makes It All Go Away" demande de gros efforts d'auto-persuastion. Etant donné qu'aucun refrain de Grim Tales n'est marquant ou juste mémorisable, tout ça finit fort logiquement par devenir de la soupe.
Au bout d'un moment on va finir par en avoir marre. Lindstrand est sûrement très heureux d'avoir son groupe à lui mais le buzz qui avait accompagné le premier album n'était basé que sur son nom, et à force de sortir toujours le même disque le groupe commence à sentir le sapin. Il faut espérer que One Man Army & The Undead Quartet va se réinventer avec le prochain, car la patience des fans (et des autres) a ses limites...