Avec Rock The Nations, Saxon effectuait un retour partiel en arrière et laissait espérer aux fans un grand Saxon sur le prochain album. Destiny n'est pas vraiment la tuerie attendue, même pas du tout. Au contraire, c'est l'album le plus FM jamais enregistré par Saxon. Tout a été conçu dans ce sens, que ce soit le gros son typique des années 80, les choeurs très travaillés ou l'ajout conséquent de synthés sur les refrains. Même le nouveau batteur qui remplace Nigel Glockler se situe dans le moule FM.
Destiny ne casse pas des briques mais a le mérite d'être meilleur que Rock The Nations, plus inspiré surtout. Démarrer l'album avec une reprise de Christopher Cross, "Ride Like The Wind", il fallait oser. Saxon n'est pas Toto mais Biff est très à l'aise dans ce hard mélodique et parvient à rendre pas mal de morceaux brillants. Preuve si il en est que son registre ne se limite pas aux hymnes pour bikers. Les guitares sont également plus mélodiques, en fait tout le groupe s'en sort bien sauf le batteur qui se voit confié des parties de batterie poussives la plupart du temps. Enfin c'est du hard FM donc fallait pas s'attendre à de la double pédale à tous les étages.
Les meilleurs titres de l'album sont sans conteste les plus heavy, comme "Where The Lightning Strikes", "For Whom The Bell Tolls" (le seul morceau avec de la double pédale) et le superbe "Jericho Siren", qui contient des choeurs magnifiques sur le refrain. Les solos de la paire Quinn-Oliver et les parties instrumentales valent également le détour. "Calm Before The Storm" est assez remarquable, c'est peut-être le meilleur titre de l'album, assez direct et avec encore une fois un refrain qui tue. L'ajout de synthés et les choeurs très entraînants sur le refrain font leur effet. Il faut dire que Saxon n'est pas un groupe de bourrin à l'origine, ils ont toujours eu ce coté mélodique qui fait la différence par rapport à un Accept ou un Motörhead, donc le passage vers un style plus FM a pu se faire sans problème ou presque.
Seuls les titres les plus calmes sont un peu limite et leurs refrains trop mièvres pour du Saxon, comme pour l'abus de synthés sur "We Are Strong" et le trop calme "I Can't Wait Anymore", peut-être le pire morceau de Saxon. La semi-ballade "Song For Emma" par contre tire son épingle du jeu grace à de belles mélodies et un refrain grandiloquant sympathique. Mais avec un peu moins de synthés, elle aurait été encore mieux ! Enfin, c'est un fait, Saxon réussit à nous surprendre positivement sur Destiny ce qui était loin d'être gagné d'avance. L'exercice était quand même on ne peut plus périlleux.
Une édition spéciale de Destiny contient trois titres bonus dont deux en live : "Back On The Streets" et "Rock The Nations" dans des versions qui surpassent à l'aise celles en studio. J'ai jamais trop aimé "Rock The Nations" sur album, mais là en live la chanson a une toute autre gueule. Mais de tous les groupes de heavy metal des années 80, Saxon est sûrement celui qui a été le plus touché par la vague du hard FM, au point de devenir à l'époque la risée de tous les metalleux.
En terme de popularité, Saxon va perdre la plupart de ses fans et ne retrouvera jamais le succès qui était le sien au début des années 80. Destiny est très correct dans son ensemble, mais je préfère l'album Turbo de Judas Priest, plus solide. Judas Priest n'avait pas fait la même erreur que Saxon, celle de rester cinq ans d'affilé dans un style FM, et après Turbo, le groupe avait très vite rebondi avec Ram It Down puis Painkiller.