CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Alessandro Mereu
(chant)
-Ivano Spiga
(guitare)
-Eros Melis
(guitare)
-Nicola Pirroni
(basse)
-Daniele Ferru
(batterie)
TRACKLIST
1)March
2)Spartan Phalanx
3)Lakedaimon
4)H'tan H'epi Tas
5)Hellenic Valour
6)Kamari, Andreia, Polemos
7)The Call to Arms
8)Molon Labe
9)Defenders in the Name of Hellas
10)The Lion of Sparta
11)To Kalesma Sta Opla
DISCOGRAPHIE
Holy Martyr est un groupe étonnant. Le genre de groupes que l’on ne sait pas si l’on doit prendre au sérieux ou non. Car lorsque l’on affiche comme style, en 2008, du «War Epic Metal», que l’on sort un album directement inspiré de Sparte et des légendes récemment contées dans le film 300, que l’on dote son website de bruitages d’épées qui s’entrechoquent et que l’on fait sa promotion avec des phrases telles que « italian-sardinian epic metal band that plays only good metal », on se demande si l’on a plutôt à faire à du Mano ou du Nano-war.
Et le style pratiqué ne nous aidera pas beaucoup dans notre quête de Vérité. En effet, Hellenic Warrior Spirit verse dans un metal ultra-épique comme seuls les italiens (et Manowar, évidemment) semblent en être capable, grâce à (ou à cause de, c’est selon) une certaine culture de la démesure et du tout-ou-rien. Dès l’introduction, à grand renforts de synthés et de percussions que l’on croirait tirés de la BO d’un Final Fantasy, lors d’une scène de couronnement d’un nouveau roi à grands renforts de feu d’artifices et de lancers de pétales de roses, ou encore un déploiement d’armée monstrueux, on s’y croirait ! Et lorsque le chanteur se sent investi de l’âme des guerriers spartes défunts, vociférant dans un dialecte non-identifié des paroles visiblement peu propices à l’amour et au reggae, on se demande si les italiens ne sont pas encore une fois tombés sur la tête (de Zinedine Zidane). Niveau musique, à part lors de cette fameuse introduction qui rappelle plus Rhapsody, on verse dans un heavy metal des plus traditionnels, avec évidemment une grosse influence Manowar mais également quelques relents de Iron Maiden, notamment lors de quelques riffs plus galopants et harmonies à la tierce ("Lakedaimon"). Mais il faut s’y faire : ils s’y croient vraiment, pas la moindre trace d’auto-dérision à l’horizon.
Rassurons tout de suite les fans les plus hardcore de la référence américaine dans le domaine : Hellenic Warrior Spirit enterre sans problème le mal-nommé Gods Of War et les amoureux du style trouveront en Holy Martyr une alternative sympathique. Preuve d’une certaine lucidité, les italiens ont le bon goût d’aérer leur album avec un interlude acoustique d’assez bon goût nommé "H’Tan H’Epi Tas" (le titre est de moins bon goût, certes) suivi d’un mid-tempo lancinant pas désagréable ("Hellenic Valour") mais dans lequel le chant montre néanmoins quelques faiblesses dans la tenue des notes longues ainsi qu’une tendance à chanter avec le nez assez désagréable. Car à part ça, on ne peut pas dire que la variété soit au rendez-vous. Il faut dire que le style ne s’y prête pas vraiment et que le mixage bien lourdaud (notamment la batterie dotée d’un son monstrueusement heavy) n’aide pas vraiment. Et c’est de là que vient le vrai problème de Hellenic Warrior Spirit : aucun titre ne s’extirpe de la masse, si ce n’est l’interlude sus-cité, mais plus pour le bien qu’il fait au tympan que pour sa qualité intrinsèque. On peut mettre tout de même en avant la sympathique "Defenders in the Name of Hellas", qui apporte un poil de fraîcheur à l’ensemble grâce à une structure plus progressive et quelques plans bien trouvés, notamment un finish up-tempo pas dégueulasse.
Et comme si le groupe était conscient de ses propres travers, il conclut son album en acoustique une nouvelle fois, avec la ballade "To Kalesma Ta Opla". Au final, Hellenic Warrior Spirit est sympathique faute d’être transcendant et dans le jusqu’au-boutisme s’en sort plutôt bien même si avec un peu de recul, tout cela prête forcément à sourire tant se prendre au sérieux dans cet univers semble parfois ridicule. Mais il faut parfois savoir éteindre le cerveau pour profiter.