CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
13/20
LINE UP
-Aðalbjörn Tryggvason
(guitare+chant)
-Guðmundur Óli Pálmason
(batterie)
-Svavar Austman
(basse)
-Sæþór M. Sæþórsson
(guitare)
TRACKLIST
1)I Myself The Visionary Head
2)Nature Strutter
3)Bloodsoaked Velvet
4)Ljósfari
5)Ghosts Of Light
6)Ritual Of Fire
7)Náttfari
DISCOGRAPHIE
Après dix années passées dans l'anonymat quasi-total, les Islandais de Sólstafir semblent émerger peu à peu de l'ombre avec leur deuxième album Masterpiece Of Bitterness, sorti chez Spikefarm et mixé aux studios Finnvox. Tout ce temps passé dans l'underground, à essayer de se forger une identité musicale et à peaufiner un metal sombre et psychotique semblent en tout cas avoir payé, et les atouts d'une meilleure promotion et d'un son plus travaillé ne seront pas de trop pour permettre aux auditeurs d'outrepasser les barrières établies par une musique qui est à l'image des patronymes des musiciens: difficile à retranscrire et à déchiffrer.
Car d'une style décrit comme étant du "black/viking metal" pratiqué par le groupe à ses débuts, il ne reste plus grand-chose sur Masterpiece of Bitterness, si ce n'est l'introduction de "I Myself The Visionnary Head" avec son chant folklorique féminin et son riff épique, rapidement balayés par des ambiances bien plus torturées. Sólstafir a choisi une nouvelle voie bien plus complexe et moderne, à la croisée du black progressif, du post-core et du rock psychédélique, faisant du présent album une œuvre particulièrement glauque et tourmentée. Le chant en est le principal responsable, car si quelques chœurs en chant clair apparaissent sporadiquement, la majorité des "lignes vocales" sont tout simplement hurlées, dans une manière qui se rapproche du hardcore, ou au mieux chantées dans un registre que l'on pourrait qualifier d' "agressif-mélodique arraché sous la torture".
Les compositions sont à l'avenant, balançant entre des trémolos hystériques appuyés d'une batterie tout aussi folle, des passages plus calmes et presque planants, et certains riffs qui semblent presque conventionnels, avec une certaine inspiration venant par moments du rock progressif. Aucun semblant de structure préétablie ou de fil conducteur apparent, c'est une des autres caractéristiques du disque, la vaste énergie prodiguée par Sólstafir étant dissipée d'une manière qui apparaît comme totalement chaotique. Cette impression est renforcée par une production mettant l'accent sur le contraste entre les passages bruitistes, lors desquels tous les instruments se fondent en un ensemble saturant les haut-parleurs, et les passages plus calmes, assez peu nombreux, mais salvateurs dans cette avalanche démentielle. Les guitares sont mixées dans des timbres très aigus, assez éprouvants pour l'auditeur, mais cela a l'avantage de laisser une place non négligeable à la basse, donnant ainsi une saveur très particulière aux compositions.
Est-ce que tout cela permet à Sólstafir de remplir dûment son contrat et de mériter son statut autoproclamé de "chef d'œuvre d'amertume"? Oui et non, car si des compositions comme "Bloodsoaked Velvet" ou "Ghosts of Light" transmettent en effet une rancœur, un fiel quasiment palpable et délicieusement névrosé, d'autres se perdent dans des structures trop décousues ("Ritual Of Fire") ou une répétitivité franchement lassante (un riff tournant en boucle pendant près de quinze minutes pour "I Myself The Visionnary Head", avec trop peu de variations et de subtilités être vraiment intéressant). Un album qui n'est donc pas exempt de reproches, assez difficile à aborder et n'égalant malheureusement pas la splendeur d'un Isa d'Enslaved. A réserver à tous ceux appréciant les musiques qui font mal d'une manière particulièrement vicieuse et détraquée.