CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Peter Tägtgren
(guitare+chant)
-David Wallin
(batterie)
-Andre Skaug
(basse)
TRACKLIST
1)I'm Going In
2)Monkey Business
3)Follow Me
4)Have a Drink on Me
5)Don't Care
6)Reach Out (And Regret)
7)Generation X
8)No One Knows
9)Live Fast - Die Young
10)Not Your Kind
11)Feed Us
DISCOGRAPHIE
Quel est le point commun entre Pain et At Vance ? Pas grand-chose, serait-on tenté (avec un certain discernement) de répondre. Pourtant, il est difficile de ne pas remarquer que ces deux formations entretiennent un amour non dissimulé pour ce que le jargon des batteurs appelle le « poum-ta poum-ta », à savoir un rythme binaire alternant la grosse caisse et la caisse claire avec une régularité digne d’une horloge Suisse. Malheureusement, ils possèdent un second point commun : leur dernier album respectif est très en dessous de ce que l’on attendait d’eux.
Oui, ce Cynic Paradise est bien vide. Après un Psalms Of Extinction en demi-teinte, on aurait bien aimé que Peter Tägtgren se secoue un peu les puces et nous ressorte une bombe dans la veine de Dancing With The Dead ou d'un Nothing Remains The Same. Eh bien non, il semble avoir choisi de poursuivre sa descente aux enfers en ne changeant rien à sa recette, y compris et surtout dans ces fameux rythmes binaires qu’on retrouve dans quasiment toutes les chansons. Alors certes, ce type de rythme simple, vaguement typé electro/techno, renforce l’ambiance un peu cyber-metal que Tägtgren développe depuis la naissance de son side-project Pain. Il faut reconnaitre qu’il y a des moments où ça marche extrêmement bien et où l’envie de se lever et de déhancher fébrilement son corps n’est pas loin. Dommage que ces moments-là soient pour leur grosse majorité...sur les albums précédents.
Donc, Cynic Paradise est sans surprise aucune. Même la présence annoncée d’Anette Olzon (Nightwish) sur deux titres ne parvient pas à redonner un souffle neuf à la musique de Pain, qui s’embourbe doucement dans la redite. On retrouve la même palette d’émotion partagée entre colère ("I Don’t Care", "Live Fast Die Young", " I’m Going In"), tristesse ("Feed Us", "No One Knows") et une certaine idée du groove ("Reach Out (And Regret)" et surtout "Have a Drink on Me" et son ambiance country/bar crading). Autant ça marche par moment, autant à d’autre on reste totalement inerte devant les efforts de Peter pour faire réagir son auditoire ("Generation X", "Not Your Kind", "Monkey Buisiness"). Et même les meilleurs titres de la galette ne parviennent pas à se hisser au dessus de ce que l’on connait comme étant le meilleur de Pain.
Où sont passés l’ambiance électrique d’un "The Same Old Songs", la lourdeur d’un "Dancing With the Dead", l’insolence d’un "Shut Your Mouth" ou les refrains ravageurs tels que ceux de "The Game", "Close My Eye" ou "Computer God" ? En tous cas pas sur Cynic Paradise, qui enchaîne les titres sans conviction. Il reste tout de même le piano de "Feed Us" et l’énergie de "I Don’t Care" pour contenter l’acquéreur de Cynic Paradise, mais c’est indéniablement trop peu pour provoquer l’enthousiasme. Même la production, plus agressive et métallique que de coutume, contribue à cet état de fait en rendant l’album moins percutant et subtil que les productions passées. Le chant de Peter est bien une des seules constantes à sortir la tête haute de cet opus, parvenant à être toujours aussi charismatique et bien exécuté dans son registre alternant entre rage et mélancolie.
Il peut paraître un poil injuste de toujours ramener Pain à ses chefs-d’œuvre du passé, mais lorsque l’on a mis la barre très haut, il est difficile de se pointer avec un opus médiocre et d’attendre les louanges réservées à des albums qui surprennent, qui emballent, voire qui dérangent. Or, c’est tout ce que Cynic Paradise ne fait pas, au grand dam de l’amateur pour qui l’annonce d’un nouvel opus de Pain devrait être synonyme de fébrilité. Résultat, le prochain risque d'être attendu avec une philosophie sereine et détachée.