CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-War-A.N
(chant+guitare)
-VAC.V
(synthé)
-Yanuary
(basse)
-Darkside
(batterie)
TRACKLIST
1)New Pantheon
2)Arrival 2033
3)Neu.Throne.Aeon
4)Superiors
5)Hell Earth
6)Humanmeat Cargo
7)Outer Empire
8)Frozen Hope
9)When The Sun Goes Out...
10)Black Warriors (Bonus track)
DISCOGRAPHIE
Venu de ce sympathique pays où l’eau minérale s’appelle Zubrówka et où les Télétubbies sont accusés de faire l’apologie de l’homosexualité (si !), Crionics déboule donc de Pologne (pour ceux qui n’aurait pas fait la connexion) pour nous servir son troisième album sobrement nommé Neuthrone. Ces quatre garçons dans le vent aux doux pseudonymes semblent décidés à se placer à la croisée des chemins, entre le death et le black, entre Morbid Angel et Dimmu Borgir, place relativement peu encombrée en ce moment. Piochant allègrement dans tous les râteliers à leur disposition, Crionics tente de proposer une synthèse du meilleur de ces influences. Pari réussi ?
Du côté death-metal, on a la voix typiquement growlesque, bien que plus proche d’un Gorefest que d’un Deicide. La production globale, elle aussi, fait la part belle au death, avec une touche non désagréable d’influence nordique dans le son et l’accordage très bas des guitares. Du côté black, on a la présence d’un synthé, mais attention : pas question de faire du symphonique ou de l’orchestral, le synthé pose plus ici une ambiance glauque, avec des nappes aux sons inquiétants et quelques samples. Le son de la batterie, lui, tire vers les grosses productions black-metalleuses (Dimmu Borgir, Cradle Of Filth) avec une grosse caisse assez lourde et mise en avant, ce qui donne d’emblée une puissance indéniable à l’ensemble.
Donc, on prend tous ces éléments, on shake vigoureusement, on verse dans un verre et on regarde d’un œil suspicieux ce qu’il en est sorti. Voire, si on a un ami dévoué à portée de main (il faut toujours en avoir un), on lui fait goûter avant et on regarde la tête qu’il fait, s’il ne convulse pas trop en bavant, tout ça. Et puis quand on le voit faire une petite mimique de satisfaction et s’en remettre une lampée derrière le gosier, on peut prendre le risque de goûter soi-même. La première impression n’est pas forcément la meilleure, d’autant qu’on commence avec un titre très quelconque ("New Pantheon") qui laisse une sensation un peu pâteuse sur la langue, mais une fois le breuvage avalé en entier, on constate qu’il passe plutôt bien.
Du côté des riffs de guitare, rien de bien extraordinaire, puisqu’ils sont eux aussi tantôt marqués death ("New Pantheon", "Superiors"), tantôt black ("Arrival 2033") mais restent le plus souvent encore une fois à la croisée des genres ("Neu.Throne.Aeon"). Et une fois cet équilibre trouvé, le groupe n’en démord plus et nous balance une musique affirmée et racée même si ses influences marquées l’empêchent d’être totalement originale. Mais là où Crionics excelle, c’est quand nos gaillards de Cracovie décident de mettre en avant le synthé et ses sonorités confinant par moment à l’indus. Et là, on entend "Hell Earth" et ses voix désincarnées ou "Humanmeat Cargo" et son riff ravageur mis en valeur par des nappes malsaines, et c’est à ce moment là que l’élixir de Crionics se veut enfin fameux et qu’on en redemande.
On aurait aimé que l’ensemble de ce Neuthrone soit au niveau de ce qu’il y a de meilleur sur cette galette, comme l’intro très efficace de "When The Sun Goes Out…". Plutôt que de mettre en avant les différents ingrédients qui composent l’album, il aurait fallu privilégier ce qui fait la puissance et l’originalité de Crionics, et il faut reconnaître qu’il s’en est fallu de peu. Ca n’empêche pas les Polonais de s’en tirer avec les honneurs, en espérant que leur quatrième et prochaine œuvre leur fasse faire ce petit pas qui les sépare de leurs compatriotes de Vader et Behemoth en terme de qualité musicale. Et, ce faisant – souhaitons-le leur - de notoriété.