Quand Glenn Hughes sort un nouvel album solo désormais, le degré de surprise est à peu près équivalent à celui des side-projects des Flower Kings. Mine de rien, Glenn Hughes est en train de suivre la même voie que le fonctionnaire du progressif Roine Stolt, dans un style différent. Glenn Hughes se disperse à droite à gauche, sans prendre le temps de se demander si la différence entre ses albums solos et ses autres projets est conséquente ou pas.
Entre nous, que ce soit le Fused de Iommi/Hughes ou le deuxième album du Hughes-Turner Project, il faut vraiment tendre l'oreille pour y voir une différence avec les albums récents sortis sous son nom. Bref, l'auto-parodie est bel et bien là et ce n'est pas Music For The Divine qui va inverser la tendance. Les habitués des cent albums par an que sortent les musiciens des Flower Kings comprendront de quoi je parle, ce sentiment de toujours écouter la même chose ou presque, quel que soit le nom du projet. Et quand on sait que pour 2006, un nouvel album de Hughes/Thrall (le premier remonte à 1982) est censé sortir aussi, en plus de Music For The Divine, on se dit qu'une fois de plus, la quantité prime sur la qualité.
Dans un premier temps, Music For The Divine s'avère être une bonne surprise. Rien d'étonnant à cela puisque Soul Mover, l'album précédent, était vraiment décevant, probablement le moins bon de tous ses albums, toutes périodes confondues ! Il n'était donc pas difficile de faire mieux. La différence avec Soul Mover n'est pourtant pas énorme, mais Music For The Divine est tout de même plus abouti, plus inspiré, bien mieux produit également. Enregistré dans la demeure de Chad Smith (la pochette est une photo prise de chez lui), on ressent une grande décontraction sur ce disque, façon Red Hot Chili Peppers. Et la présence du guitariste John Frusciante renforce cette impression, son apport à l'album est bien plus important que ne pouvait l'être celui de Dave Navarro sur Soul Mover. En clair, Music For The Divine a de grandes chances de plaire aux fans des Red Hot, ce qui était moins évident pour les autres albums davantage marqués par l'empreinte de Glenn Hughes.
Chad Smith est complètement à son aise ici et groove comme jamais, alors que ses prestations sur Soul Mover et Soulfully Live In The City Of Angels ne m'avaient pas pleinement convaincu. Quant à Glenn Hughes, vu qu'il sort cinquante albums par an, inutile de répéter pour la énième fois qu'il est toujours en pleine forme et très en voix, on le sait déjà ! Hormis la touche Red Hot, rien de bien nouveau sur ce disque, on aura une fois de plus notre dose de funky-hard-fusion ("Steppin' On", "You Got Soul", "This Is How I Feel"). On regrettera juste l'absence de refrains réellement accrocheurs et travaillés comme il savait si bien les faire jadis. Malheureusement, si Music For The Divine a bénéficié du traitement Red Hot, il a également hérité de ses défauts. Qui dit Red Hot dit ballades, forcément... depuis Californication en tout cas ! C'est ainsi qu'on se retrouve avec quatre ballades acoustiques, assez agréables mais un peu banales ; Glenn Hughes a déjà fait mieux et plus original dans ce domaine.
Au final, Music For The Divine est à la fois une bonne surprise et également un peu frustrant car Glenn Hughes pourrait mieux faire si il concentrait tous ses efforts sur un seul album, au lieu de se disperser inutilement. En tout cas, si vous êtes fan des Red Hot, la présence de Chad Smith et de John Frusciante retiendra sûrement votre attention et avec un peu de chance, l'album pourra même vous plaire. Même chose pour le gars qui ne possède que deux ou trois albums de Glenn Hughes, Music For The Divine lui paraîtra génial. Par contre, pour le fan qui s'est jeté sur la dizaine d'albums solos qu'il a sorti et sur tous ses projets annexes, un sentiment de lassitude envers cette redondance n'est pas à exclure.