CHRONIQUE PAR ...
Blackmore
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Rune F.
(chant)
-viNd
(guitare)
-Rune Sørgård
(guitare+programmation)
-Peril
(clavier+chant)
-Erik
(basse)
-Tor Arne
(batterie)
TRACKLIST
1)Binocular
2)Castle for Clowns
3)Filthmonger
4)Headcrush Helmet
5)No Coil for Tesla
6)Orgone
7)Retroglazed
8)Tight tie
9)Traces
10)Transportal
DISCOGRAPHIE
Si vous ne connaissez pas Atrox, il est fort probable que ces derniers ne vous inspirent que de malheureux calembours decliniens. Mais si vous êtes un metalleux aventureux ou inconscient, alors vous avez peut être eu la chance de tomber sur un des trois bijoux du tryptique Contentum/Terrestrials/Orgasm. Période où le groupe faisait preuve d’un talent insolent et d’une originalité débordante notamment via l’incroyable Monika Edvardsen dont le chant possédé et halluciné ne laissait pas indifférent.
Pour faire bref, Atrox était un flamboyant étendard dans l’univers des musiques «d'avant-garde», un combo pas toujours accessible mais passionnant à plus d’un titre. Qu'en est-il aujourd’hui avec l’Atrox cuvée 2008 ? Tuons le suspense dans l’œuf, musicalement Binocular n’a plus grand-chose à voir avec sa prestigieuse parenté. Premier gros changement, le chant. Exit Monika, c’est au tour de l’insipide Rune F. de prendre le relais. Son registre grave ne casse pas des briques mais il a le mérite d’être assez passe-partout et se permet quelques growls réussis (le titre "Binocular"). Mais le plus grave concerne les mélodies vocales qui sont souvent dénuées du moindre intérêt, ce qui est passablement dommageable pour un groupe qui a clairement décidé de simplifier sa musique pour proposer quelque chose de plus direct et accrocheur.
Une simplification pas toujours heureuse d’ailleurs puisque les structures alambiquées et les folles rythmiques ont totalement disparu au profit d’une grosse production bulldozer limite électro-indus qui laisse peu de place à la subtilité et la versatilité habituelle du groupe dans ce domaine. Le côté death jazzy prog est donc laissé au vestiaire pour de bon ce qui ne manquera pas de décevoir le fan de la première heure qui risque d’enterrer l’album très rapidement. Une bonne partie de la personnalité du groupe s’est donc fait la malle. Heureusement, Atrox garde tout de même quelques stigmates de la grande époque dans les nombreux mais courts breaks qui parsèment le disque. Dans ces moments-là, le jeu de guitare et les interventions du clavier nous rappellent que le groupe jouait du « schizo metal » il n’y a pas si longtemps et que la classification expérimental/prog que donne le myspace du groupe n’est pas totalement usurpée.
Mais la grande nouveauté et sans doute LA réussite du disque concerne les arrangements. Ce skeud est rempli de samples, de nappes de clavier (qui renvoient elles aussi à l’ancien Atrox) ou de bidouilles électro réjouissantes. Autant d’éléments qui donnent une diversité voire même une complexité bienvenue à un Binocular jusque là décevant. Le voyage musical que nous propose l’Atrox 2008 reste donc digne d’intérêt pour qui cherchera à creuser un petit peu le disque. Car ne nous y trompons pas, si le groupe a passablement simplifié le sujet, il reste néanmoins père d’un metal moderne plus aventureux que la moyenne qui a des chances de plaire à un public ouvert et avide de sensations nouvelles.
L’amateur de longue date risque donc d’être terriblement déçu par ce Binocular. Déjà par sa pochette (les anciennes étaient des petits bijoux de détails) et ensuite parce que le groupe n’a pas continué dans la voie creusée par Orgasm qui avait pourtant réussi la pari de la simplification sans remettre en cause le patrimoine du groupe. Par contre, l’auditeur vierge de toute Atroxcité peut tenter le coup car ce Binocular propose bel et bien une musique de qualité.