Chronique : Night Resident Total Obscurity (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 24 novembre 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Constantinos "CP" Papaspyrou
(chant+guitare)

-John "JT" Tsiakopoulos
(chant+basse)

-George "GP" Panas
(batterie)

TRACKLIST

1) Into the Graveyard
2) Like Trees in the Fall
3) Summer Night Tale
4) Echoes in Eternity
5) A Silent Vow
6) Dark Alleys (The Night Dweller)
7) Final Words (Before I Go)
8) Ghosts of The Future
9) Sinking Spell

DISCOGRAPHIE

Total Obscurity (2025)

Night Resident - Total Obscurity

(2025) - heavy metal avec une touche de gothique - Label : Autoproduction

Au moment où Rush se reforme, la question d’un retour en grâce du power trio se pose. Non que la formule ait disparu, mais alors que des collectifs s’étoffent - Year of the Goat, Spidergawd - sa pertinence peut être débattue. Les Grecs de Night Resident ont décidé que c’était de cette manière qu’ils devaient porter la bonne parole du metal traditionnel, en livrant un troisième long format intitulé Total Obscurity. Avec, toutefois, un gros truc en plus.

Le nom de la réalisation et la pochette spectrale peuvent faire songer à une manifestation démoniaque ourdie par des disciples de Black Sabbath, ou de Mercyful Fate. Il y a un peu de ça, mais l’occultisme se loge dans les interstices plus qu’il ne guide les musiciens : pas d’orgues des enfers, de messe noire psalmodiée et autres incantations possédées. Les arrangements sont minimalistes – pas de claviers, pas de dame invitée à jouer les succubes ou de monsieur pour grogner comme le Malin est supposé le faire. Pas de fx non plus, ou si peu, hormis les cloches qui retentissent à l’amorce de "Into the Graveyard", ouverture déchirée par un riff dynamique, que complète un double chant encore plus harmonieux que celui développé chez les collègues de Warlung.
Le guitariste Constantinos Papaspyrou et son compère John Tsiakopoulos à la basse tissent un refrain solaire, lunaire même, serait-on tenté d'écrire si le mot n’avait pas une signification aussi éloignée de cette impression d’entendre un groupe de pop à la sauce heavy metal satanique. Un solo court mais intense participe à l’intensité d’un morceau qui donne le la à l’ensemble de l’enregistrement, hormis le final "Sinking Spell", plus doom dans l’esprit même si la lourdeur est contrariée, ou transcendée, par une scansion vigoureuse qui appelait sans doute une modulation. Les trois Athéniens ne sont guère adeptes des compositions à tiroir et autres ruptures soudaines. Couplets, refrains, solo court et énergique, parfois deux, et ciao. Si la recette est basique, elle n’en reste pas moins succulente lorsqu’elle est confiée à des artisans talentueux. Plongeant dans des graves qui évoquent les gothiques Finlandais de To/Die/For, les deux chanteurs portent "Like Trees in the Fall" à un délectable niveau de félicité.
Lorsque l’inspiration baisse d’un chouïa, « CP » allonge le solo, sur "Summer Night Tale" et le touchant "Final Words (Before I Go)", ou choisit de muscler son jeu en phase avec ses camarades pour secouer "Ghosts of The Future". Le tempo élevé participe de la cohésion générale et booste la quasi totalité de l’œuvre, y compris l’instrumental "Dark Alleys (The Night Dweller)", propice à une agréable promenade à marche rapide. Les voix entremêlées demeurent cependant déterminantes, transcendant "Echoes in Eternity" ainsi que "A Silent Vow", doté d’un thème urgent à la Placebo époque Black Market Music, d’un refrain à tomber et d’un solo héroïque.

La simplicité, ça a du bon parfois. Night Resident le prouve sur Total Obscurity, recueil délectable de petites gâteries entre heavy metal à légères touches gothiques et hard rock vénérable, valorisées par une production limpide. Les Hellènes disposent en outre d’un atout maître, un chant bicéphale et séraphique qui bonifie un répertoire évoquant Year Of The Goat, Unto Others, Audrey Horne ou encore Ghost. Ils ne sont que trois, mais en cette fin d’année 2025, ils ont fait très fort.