Chronique : Destruction Ritual Providence (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 10 octobre 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Hervé "MkM" Queyroix
(chant)

-TerrorReign
(guitare+claviers+basse)

-Judson "Arafel" Belmont
(guitare)

A participé à l'enregistrement :

-Thomas "Blastum" Hennequin
(batterie)

TRACKLIST

1) Providence
2) Pride&Corrupted Dreams
3) Gone Days of Splendor
4) Decaying Mask of Remorse
5) Washed Away Sins
6) Closure

DISCOGRAPHIE

Destruction Ritual (Demo) (2021)
Providence (2025)

Destruction Ritual - Providence

(2025) - death metal black metal - Label : Norma Evangelium Diaboli

Si je devais faire un top des artistes metal que j’adorerais voir se convertir en réalisateurs, deux Frenchies se classeraient bien haut. Voir AK, le leader de Decline of the I, éclabousser la toile avec ses projections métaphysiques angoissées me provoquerait forcément quelques frissons. Je serais également très curieux de voir le cinéma horrifique de MkM, tant ses références cinématographiques suintantes et oppressantes s’avèrent impactantes.

Après s’être invité sur l’EP éponyme de Destruction Ritual, Possession est de retour, mais cette fois, le film de Zulawski est accompagné de samples de Stopmotion et The Other Lamb. Pour l’ambiance Christian Clavier ou Bienvenue chez les Ch’tis, on repassera. Providence, le premier LP de Destruction Ritual est enfin sorti. Les gémissements, cris, éclats de voix et autres hurlements féminins sont loin d’être envahissants, on ne les entend d’ailleurs qu’à partir du troisième titre, "Gone Days of Splendor" mais ils sont judicieusement placés et intégrés au black/death épais et grinçant développé par le projet franco-américain. Grâce à eux, le malsainomètre s’emballe et l’atmosphère, déjà pesante, devient par moments irrespirable, comme sur la fin de "Decaying Mask of Remorse" ou "Closure", deux des meilleurs titres de l'album, titres dont les fins voient cris et guitares s’entortiller de manière scabreuse. Il ne faudrait toutefois pas penser que la qualité de Providence repose principalement sur ces voix-off. Elles apportent un plus mais la base musicale de l’œuvre s’avère extrêmement solide.
Si les habitués des projets de MkM - Antaeus et Aosoth, pour ceux qui nous rejoindraient en cours de route - ne seront pas déroutés par ce qu’ils vont entendre ici, la musique de Destruction Ritual propose tout de même un feeling old-school qu’on ne retrouve pas dans les œuvres des deux formations citées ci-dessus. Avec un tel pseudonyme, il est évident que le batteur est capable de blaster jour et nuit, et de nous proposer un rideau rythmique moderne et dense, comme sur certaines séquences de "Washed Away Sins". Plus généralement cependant, Blastum se veut plus « primitif », et sa manière de battre rapidement la cadence se rapproche plus de ce que des vieux groupes comme Massacra ou Protector pouvaient nous proposer. Autre point contribuant à baigner Providence dans une sauce vintage : la présence de solos de guitare presque mélodiques et relativement développés. La lead guitare entendue sur la fin de "Gone Days of Splendor" et les chorus d’un "Closure", proposant également quelques passages mid-tempo à l’ancienne, constituent des éléments qu’on n’attendait pas forcément ici. Ne cherchez tout de même pas une cover de "Fear of the Dark" sur ce debut album : les nouveautés ne sont que des évolutions marginales et tout adepte de black-death dissonant, abrasif et plus compact que le bloc défensif des Springboks trouvera largement son compte sur cet opus aux forts relents de démence.

Après avoir tourné la page Aosoth, vous pensiez voir MkM s’impliquer dans un projet prog à la Porcupine Tree ? Loupé. Premier travail grand format de Destruction Ritual, première ode à la folie féminine aux confins du monde « réel » et première réussite. Providence ajoute quelques éléments old-school inattendus et choisit bien sa bande-son, nous proposant ainsi un album prenant et malsain, qui figure sans aucun doute parmi les sorties marquantes de l’année.