Chronique : Garbage Let All That We Imagine Be The Light (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 13 juillet 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Shirley Ann Manson
(chant)

-Douglas Elwin "Duke" Erikson
(chœurs+guitare+claviers)

-Steve W. Marker
(chœurs+guitare)

-Bryan David "Butch" Vig
(chœurs+guitare+claviers+batterie)

A participé à l’enregistrement :

-Shruti Kumar
(claviers sur "The Day That I Met God")

TRACKLIST

1) There's No Future in Optimism
2) Chinese Fire Horse
3) Hold
4) Have We Met (The Void)
5) Sisyphus
6) Radical
7) Love to Give
8) Get Out My Face AKA Bad Kitty
9) R U Happy Now
10) The Day That I Met God

DISCOGRAPHIE

Garbage (1995)
Let All That We Imagine Be The Light (2025)

Garbage - Let All That We Imagine Be The Light

(2025) - pop rock electro - Label : BMG

Un break et ça repart. Comme plusieurs formations ayant connu le succès, ici important, dans les années quatre-vingt-dix, Garbage a pris une respiration au début du millénaire avant de revenir avec détermination et enquiller les albums, plus nombreux que pendant la période de gloire. Let All That We Imagine Be The Light est le huitième et fait s’interroger sur l’évolution du quatuor trente ans après ses débuts.

La question se pose essentiellement pour les personnes qui ne se seraient pas tenues au courant des enregistrements sortis par le groupe depuis 2011. Les autres savent. Guitares mélangées aux sonorités synthétiques qui valorisent le chant distinctif de Shirley Manson, maîtresse en coolitude : le triptyque assise rock - velléités pop - habillage electro est toujours de mise trois décennies après la parution du premier LP au sortir de la déferlante grunge. Les allusions au genre incarné par Nirvana ne sont plus qu’un souvenir ténu, celui qu’entretiennent les salves de guitares saturées de "Love to Give", "R U Happy Now" et surtout "Get Out My Face AKA Bad Kitty", qui donne enfin l’occasion à Shirley Manson de hausser le ton sur un refrain percutant.
L’Écossaise dégage toujours cette sensualité unique faite de murmures et de défi, mais dans un registre globalement plus apaisé que du temps où elle défiait les mascus - il est même question ici de message peace & love, plutôt pertinent par les temps qui courent. Elle lâche quand même quelques f-words - l’assagissement n’est pas total. Reste qu’elle bonifie des chansons soignées souvent dotées de pré et post refrains et même pour certaines de variation en conclusion, comme au bon temps de Version 2.0, telles "Have We Met (The Void)" ou "The Day That I Met God", final empreint de sensibilité dans lequel Shirley explique avoir rencontré l’Éternel lorsqu’elle était shootée aux antidouleurs après une grosse opération chirurgicale.
Elle chante aussi son signe du zodiaque chinois sur "Chinese Fire Horse" amorcé, comme "There's No Future in Optimism" aux synthés depechemodiens et l’atmosphérique "Sisyphus", par le thème principal. Les gimmicks sont entêtants mais ils font partie des rares passages marquants du recueil, dont l’intitulé est tiré des paroles de "Radical", qui porte plutôt mal son nom. Heureusement, sur "Hold" l’association transatlantique prouve qu’elle est encore capable de débusquer un refrain accrocheur et instiller une tension dès les couplets, domptés par les susurrements de Manson, qui se maintiendra jusqu’à la dernière mesure.

Le millésime 2025 confirme la volonté des membres de Garbage de rester ancrés dans un créneau pop rock nineties, suranné mais ne manquant pas de charme. Bien que plus timides que par le passé, les guitares et Shirley Manson sont toujours fringantes. Elles avivent des compositions chiadées qui ne passeront sans doute pas toutes à la postérité mais justifient encore d’écouter cet artefact pré-millenium, en plein règne du rap égotique et du R&B de blockbusters (OK, Garbage a fait le générique d’un James Bond. Mais il était bon).