Chronique : Ratt Out of the Cellar (1984)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 03 juin 2025

Sa note : 17/20

LINE UP

-Stephen Eric Pearcy
(chant)

-Robbinson Lantz "Robbin" Crosby
(chœurs+guitare)

-Warren Justin DeMartini
(chœurs+guitare)

-Juan Croucier
(chœurs+basse)

-Robert John "Bobby" Blotzer
(batterie)

TRACKLIST

1) Wanted Man
2) You're in Trouble
3) Round and Round
4) In Your Direction
5) She Wants Money
6) Lack of Communication
7) Back for More
8) The Morning After
9) I'm Insane
10) Scene of the Crime

DISCOGRAPHIE

Out of the Cellar (1984)

Ratt - Out of the Cellar

(1984) - hard rock glam - Label : Atlantic Records

La persévérance de certains individus afin d'atteindre le succès force l'admiration. Pour sortir un album chez une major, il aura fallu une décennie aux membres de Ratt, engagés depuis le milieu des années soixante-dix dans divers équipages sans avenir ou quittés trop tôt, jusqu’à trouver la bonne formule avec l’arrivée d’un guitariste virtuose qui hésite à lâcher les études pour suivre ce qui ressemble fort à une belle brochette de losers. Out of the Cellar est enfin l’occasion pour les Californiens de montrer qu’ils valent mieux que cette réputation désavantageuse.

Les cinq musiciens avaient déjà démontré leurs aptitudes à travers un EP paru en 1983 sur le label monté pour l’occasion par leur manager, mode opératoire qui n’est pas sans rappeler celui employé par Mötley Crüe. La comparaison avec le gang de Nikki Sixx semble inévitable puisqu’en plus d’arpenter les mêmes clubs de Sunset Strip à West Hollywood, Ratt ferraille dans le style initié par Mötley Crüe, le glam metal. Néanmoins, les Rongeurs font preuve d’une subtilité, toute chose égale par ailleurs, que n’ont pas leurs mentors, comme en témoigne la tonalité mineure de "Back for More", seul titre déjà présent sur l’EP. Elle enveloppe d’un voile mélancolique la majeure partie du recueil, à commencer par "Wanted Man", dominé par les inflexions enjôleuses et légèrement éraillées de Stephen Pearcy. Ses lignes de chant dégagent une sensualité plus évidente que chez Vince Neil, son strident homologue du Crüe, ou encore que son confrère nasillard Kevin DuBrow de Quiet Riot, qui vient d’atteindre la première place du Billboard 200, phénomène inédit pour un groupe de heavy metal, alors que le bassiste Juan Croucier venait précisément de le quitter pour rejoindre Ratt.
Ce maître du timing décalé guide "You're in Trouble", qui lui aussi bénéficié d’un refrain marquant rehaussé de chœurs ainsi que d’un solo de guitar hero - rien à voir avec les coups de tronçonneuse de Mick Mars. En revanche, le son est moins profond que celui développé par Mötley Crüe sur ses deux premiers LP, moins crade aussi - celui de l’EP était plus rêche. Un parti pris qui ôte un peu du danger qui émane de "Lack of Communication", rengaine insistante comme l’est également "She Wants Money", à l’ambiance plus joyeuse. Cette dernière rompt avec un mid tempo généralisé qui donne une impression légèrement frustrante de retenue, régulièrement compensée par des séquences énergiques, telles la scansion dynamique proche de "Looks that Kill" de Mötley Crüe qui relance "In Your Direction", seule chanson dont le refrain pourrait être qualifié de seulement « bon ». Tous les autres marquent le cortex au fer rouge, même le gentil final "Scene of the Crime", également sauvé de la nunucherie par un excellent solo.
"Round and Round" a même droit à superbe duo de guitares harmonisées, tandis que les autres solos se partagent entre les « bluesy » de Robbin Crosby et les déchiquetés de Warren DeMartini, le jeune shreddeur qui bien qu’ayant rejoint la troupe peu de temps avant les enregistrements, a eu l’opportunité de co-écrire plusieurs morceaux, dont "The Morning After". Le rythme plus soutenu que la moyenne sert à merveille une occurrence toute en euphorie ambiguë, qu’une modulation astucieuse fait éclater à son paroxysme. Elle est relayée par l’entraînante "I'm Insane", qu'amorce un riff simple et incisif à l’instar de la quasi totalité des autres pistes, avant d'être dynamitée par un solo aussi intense que la battue imposée par Bobby Blotzer.

Aguicheur, percutant, séduisant, Out of The Cellar présente une version chatoyante du glam metal élaboré par Mötley Crüe. Il ne faut pas s’y tromper, néanmoins : sous ses atours sexy, incarnés sur la pochette par Tawny Kitaen, petite amie de l’un des guitaristes, le long jeu inaugural de Ratt contient des cartouches de substances actives susceptibles de déclencher une accoutumance dont il sera difficile de se débarrasser. La patience paie, parfois. Ici, elle paie bien.