Chronique : Graceless Icons Of Ruin (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Belzaran
Cette chronique a été mise en ligne le 03 mai 2025

Sa note : 15/20

LINE UP

-David Remco Kreft
(chant+guitare)

-Björn Brusse
(guitare)

-Jasper Aptroot
(basse)

-Marc Verhaar
(batterie)

TRACKLIST

1) God Shines in Absence
2) Sanctified Slaughter
3) Lash Me to My Painful Death
4) Night of the Slain
5) Hardening of the Heart
6) Ungodliness
7) Rise of the Blackest Sun
8) A King in the Filth
9) Beneath Starless Skies
10) Resurrection of the Graveless

DISCOGRAPHIE

Chants From Purgatory (2022)
Icons Of Ruin (2025)

Graceless - Icons Of Ruin

(2025) - death metal doom metal - Label : Listenable Records

Ce n’est pas tous les jours que je chronique un album néerlandais (n’est pas Eudus qui veut). Rien de bien batave ici, puisque Graceless est étiqueté death metal et que ce n’est pas particulièrement la spécialité du pays. Toujours est-il que dès les premières écoutes, j’ai été saisi par cet album, alors qu’il n’était clairement pas calibré pour moi, l’amateur de vitesse et de virtuosité. En effet, le groupe a intégré une bonne composante doom dans sa musique… Alors que donnera ce Icons Of Ruins, quatrième opus de la formation ?

La musique de Graceless oscille entre death metal et doom death. Dans les deux catégories, il se veut assez classique. Les riffs n’ont rien d’extraordinaire ni d’original. Et pourtant, cet album fonctionne très bien, avec une patte marquée et marquante. Alors comment ? On va essayer d’y répondre. Ce n’est pas le morceau qui introduit l’album, "God Shines In Absence" qui va nous aider à comprendre. C’est du bon death, bien pêchu, avec un growl qui fait le boulot et quelques accélérations bienvenues. On remarque quand même que la partie solo est réussie, au-dessus du lot du genre. C’est avec "Sacrified Slaughter" que l’on voit ce qui fait l’essence de cet Icons Of Ruins. Après un début énergique, tout ralentit pour le couplet avant de freiner complètement en jouant dix notes par minutes. Puis, tout repart et s’excite de nouveau. Le groupe entremêle un death metal classique et des passages doom avec une chute drastique du tempo. Selon les morceaux, cette proportion doom/death est plus ou moins grande et l’album se révèle d’un grand équilibre. Comme un symbole, les mid tempos, les morceaux les moins typés, sont les plus marquants ("Night Of The Slain", "Hardening Of The Heart").
Le groupe utilise les morceaux les plus lents pour apporter des ambiances sombres ("Lash Me to My Painful Death", l’introduction de "Hardening of the Heart") et de l’émotion (le magnifique "Beneath Starless Skies"). Les morceaux de pur death ("Resurrection of the Graveless", "God Shines In Absence") font le taf niveau énergie. Les Néerlandais arrivent à bien balancer le tout et chacun, avec sa propre sensibilité, y trouvera son bonheur. Si les riffs sont simples, ils sont mémorisables, soutenus par quelques leads et solos ou des arpèges saturés. Graceless ne fait pas de chichis, rien n’est complexe, mais tout fonctionne, à l’image de ce chant pas forcément formidable au premier abord mais qui se révèle plein de pertinence. Bref, la musique est plus riche qu’elle n’y paraît. Ce sont surtout les progressions qui sont parfaitement maîtrisées. La batterie n’en fait pas des caisses, mais les accélérations et décélérations qu’elle produit arrivent toujours au bon moment. Ça donne toute leur force aux compositions. Le démarrage de la double pédale sur "Beneath Starless Skies" arrive exactement à l’instant où je me dis : « il faudrait qu’il se passe un truc maintenant ». Bien joué.

On est vite séduit par ce Icons Of Ruins, sans trop savoir pourquoi. Après tout, ce n’est pas si important. Rien ne paraît vraiment sortir du lot et, pourtant, tout fonctionne. Voilà un groupe qui ne cherche pas à impressionner ni à jeter de la poudre aux yeux. Bravo à eux pour ça.