Chronique : Corrupter Gloria in Profundis (2025)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 29 avril 2025

Sa note : 13/20

LINE UP

-Magnus "M. Lobier" Lobierssön
(chant+guitare+batterie)

-Jérôme "J." Blandino
(basse)

A participé à l'enregistrement :

-William "Meyhna'ch" Roussel
(chant)

TRACKLIST

1) Eucharist
2) Beating Heart Cadaver
3) Permanent Storage Down Below
4) Heading for Afterlife
5) Chasm of Atonement
6) Gloria in Profundis
7) In the Maze of Malebolge
8) Awakened from Beyond

DISCOGRAPHIE

Gloria in Profundis (2025)

Corrupter - Gloria in Profundis

(2025) - death metal - Label : Godz ov War Productions

Bras armé de la mort noire, Corrupter s’échine pour la seconde fois à creuser les entrailles de la Terre tout autant que les vôtres pour vous entraîner au plus profond des tréfonds de l’âme, la détresse pour seule compagne. Opaque, obscur, épais, poisseux, Corrupter impose une vision du monde glauque à ses auditeurs. Bis repetita pour Gloria in Profundis, ode à la décadence bestiale.

Ce n’est pas par le noir que la mort arrive, mais bien par la lourdeur. Pachyderme démesuré appuyant sans cesse plus fort sur votre cerveau, Gloria in Profundis fait la part belle au bas des fréquences. À la saturation ultime avant de basculer dans la cacophonie de borborygmes. Car rien n’est beau, on le savait déjà, mais rien n’est clairement défini. La tessiture extrême du son du groupe rappelle un Aosoth pour rester dans notre contrée, mais dont le curseur se déplacerait encore un poil plus avant dans la marginalisation des formes. Car même le chant s’affiche colossalement caverneux. Sauf que c’est fait avec un minimum d’intelligence. Bien des groupes ont dépassé les bornes de l’intelligibilité en choisissant (ou aussi en subissant) une saturation abusive. Corrupter sait se tenir à son objectif, enfoncer toujours plus, sans déverser dans l’excès.
Car la corde raide était visible, tendue à en craquer, piège tentant. Fort heureusement pour nos cages à miel, l’écueil est évité conférant à cette sortie une puissance imposante tout en demeurant de la musique. Noire et mortelle évidemment. Fatigante également. Peut-être. Car ce qui impressionne peut lasser. Cette force insatiable qui vous projette au sol, dont l’énergie sombre happe vos chevilles pour vous attirer sous terre, peut se révéler contre-productive dans le sens où elle égalise à force de tout transformer en pesanteur mortelle. Les riffs sont audibles, les différences tangibles, n’en demeure pas moins une sensation quasi attendue dans un tel contexte sinon de monotonie, à tout le moins d’extrême homogénéité.
Le duo aidé de Meyhna'ch (dont les interventions demeurent fort restreintes) à force de projection maligne a tendance à noyer ses rythmes qu’il sait varier, ou ses riffs qu’il sait démarquer les uns des autres. Ce n’est donc pas un problème de diversité, même si bien sûr le groupe n’est pas chantre de la richesse luxuriante. Là n’est pas son objectif. C’est vraiment l’opacité moribonde ambiante qui tire l’ensemble vers une direction commune de manière trop appuyée. Ne craignez toutefois pas le gadin car comme déjà expliqué, les riffs sont là, les rythmes changent et on peut réellement parler de musicalité dans le marasme volontaire créé par le duo infernal. S’ensuit l’appréciation des compositions massives dans les limites précédemment énoncées. L’exercice est difficile, funambule entre deux mondes, clairement réservé aux connaisseurs.

Inhospitalier. Hostile même, Gloria in Profundis porte le death metal dans ses territoires les plus denses. Difficile d’accès, il sait se faciliter un minimum la vie grâce à de vraies chansons. Du gros death metal ultra opaque qui, s’il ne se démarque pas par ses facéties, affirme clairement sa personnalité par le son.