Chronique : Lunar Tempora Mutantur (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 04 mars 2025

Sa note : 13/20

LINE UP

-Chandler Mogel
(chant)

-Brian Lewis
(chant)

-Connor McCray
(guitare)

-Carlos Alvarez
(guitare)

-Anthony Stahl
(claviers)

-Ryan Price
(basse)

-Alexander "Alex" Bosson
(batterie)

Ont participé à l’enregistrement :

-Wayne Ingram
(guitare sur "Fall Back into Old Habits")

-Jordan Price
(guitare sur "Fall Back into Old Habits")

-Ryan Bowe
(guitare sur "Fall Back into Old Habits")

-Nick Miller
(guitare sur "Weakening Winter Touch")

-Alon Mei-Tai
(guitare sur "Spring in My Step")

-Jacob Eisberg
(guitare sur "Spring in My Step")

-Sam Vallen
(guitare sur "Tempora Mutantur - Part I: Passage of Time")

-Alex Nasla
(claviers sur "Tempora Mutantur - Part III: Watch the Weather Change")

-Brody Gage
(harmonica sur "Tempora Mutantur - Part I: Passage of Time")

-Gary Regina
(saxophone sur "Seasonal Interlude")

-Joe Gullace
(trompette sur "A Summer to Forget")

-Joonas Lemetyinen
(trombone sur "A Summer to Forget")

-Raphael Weinroth-Browne
(violoncelle sur "Seasonal Interlude")

-Evan Zegiel
(tuba sur "A Summer to Forget")

TRACKLIST

1) A Summer to Forget
2) Fall Back into Old Habits
3) Seasonal Interlude
4) Weakening Winter Touch
5) Spring in My Step
6) Tempora Mutantur - Part I: Passage of Time
7) Tempora Mutantur - Part II: Broken Pendulum
8) Tempora Mutantur - Part III: Watch the Weather Change

DISCOGRAPHIE

The Illusionist (2023)
Tempora Mutantur (2025)

Lunar - Tempora Mutantur

(2025) - metal prog - Label : Saibot Reigns Records

Il y a des albums frustrants. Des œuvres prometteuses qui finissent en déceptions. On se dit « ça aurait pu être formidable, si... » Un « si » assez facile à identifier sur Tempora Mutantur, le quatrième long format de Lunar : c'est le même que sur le troisième.

Le collectif californien, dont les musiciens n’ont jamais été réunis dans la même pièce, officie dans le genre exigeant du metal progressif. Exigeant car il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées pour que les titres sonnent bien, encore faut-il qu’elles soient bien agencées. Plusieurs d’entre elles sont séduisantes : la fanfare narquoise à l’entame de "A Summer to Forget", l’orgue rêveur comme les affectionnait jadis Steven Wilson relayé par une chorale délicate et un violoncelle sensible sur la première moitié de "Seasonal Interlude", ou encore l’intrigante boucle cosmique qui lance "Tempora Mutantur - Part II: Broken Pendulum". Cette dernière fait écho à celle surgissant au premier tiers de "Fall Back into Old Habits", morceau roboratif de plus de onze minutes sur lequel intervient Wayne Ingram. Contrairement à ce qu’a réalisé Wilderun, la formation du guitariste susmentionné, sur le monumental Epigone, Lunar peine à trouver un fil directeur pour guider cette occurrence. Celle-ci est marquée par un passage tellement inspiré d’Opeth, chant dédoublé sur fond de fausses cordes, qu’il fait croire à un pastiche, le timbre de Chandler Mogel étant un décalque pur et simple de celui d’Åkerfeldt. La même impression surgit sur "Spring in My Step "– mêmes causes, mêmes effets.
Malheureusement, les trouvailles accrocheuses sont suivies de scansions rythmiques convenues qui ne mettent pas en valeur un chant clair à l’emphase certes légère mais qui tend à agacer sur la longueur. Les rares passages rapides donnent la sensation de sortir de nulle part tandis que le growl, s’il s’est amélioré depuis les débuts du groupe, peine à apporter une plus-value les quelques fois où il est convoqué. Il n’aurait probablement pas réussi à sauver "Weakening Winter Touch" d’une certaine mollesse, sentiment également engendré par le piano-voix-harmonica "Tempora Mutantur - Part I: Passage of Time". En revanche, il participe à secouer "Tempora Mutantur - Part III: Watch the Weather Change", final au tempo soutenu bénéficiant d’un riff incisif et d’une ligne de chant qui imprime. Rien d’extraordinaire sans doute, mais cette synthèse cohérente et classique en couplet/refrain est bien plus réussie que toutes les tentatives précédentes de variations sans issue et de thèmes non exploités.

Attirant, décevant, alternant fulgurances et ennui, Tempora Mutantur appartient à cette catégorie de recueils de metal progressif d’inspiration généreuse mais dispersée. L’influence d’Opeth, Porcupine Tree ou encore Wilderun est nettement perceptible, trop pour Lunar qui ne parvient pas à transcender ses modèles afin de proposer une réalisation vraiment personnelle. Douze ans après son apparition, le doute commence à poindre sur sa capacité à franchir ce cap qui rapprocherait la troupe de Sacramento du niveau de ses prestigieux mentors. Puissent les concerts prévus en cette année 2025 donner une cohésion salvatrice à ses musiciens.