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CHRONIQUE PAR ...

57
Painlesslady
Cette chronique a été mise en ligne le 15 janvier 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Bartlomiej Krysiuk
(chant)

-Andrzej Popławski
(chœurs)

-Jacek "Hiatsyntos" Wiśniewski
(chœurs)

-Jakub "Szatan/Boruta" Śliwowski
(guitare)

-Michał Staczkun
(guitare)

-Rafal "Tarlachan" Łyszczarz
(basse)

-Paweł Jaroszewicz
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-A. Strug
(chant sur "Wierszalin III")

-Maciej Madenczuk
(chant sur "Wierszalin III")

-Eliza Sacharczuk
(chant sur "Wierszalin IV")

TRACKLIST

1) Wierszalin I
2) Wierszalin II
3) Wierszalin III
4) Wierszalin IV
5) Wierszalin V
6) Wierszalin VI
7) Wierszalin VII
8) Wierszalin VIII

DISCOGRAPHIE

Prorok Ilja (2025)

Patriarkh - Prorok Ilja
(2025) - black metal liturgie orthodoxe symphonique - Label : Napalm Records



Sortez cierges et encensoir, ils reviennent ! Une décennie s’est écoulée depuis la déflagration Litourgyia. Cet ovni polonais mettant en scène la psalmodie de prêtres masqués et encapuchonnés sur du black metal avait fait grand bruit à l’époque. Mais plusieurs tournées plus tard, Krzysztof Drabikowski, le fondateur de Batushka se brouille avec son chanteur Bartłomiej Krysiuk. Le schisme survient en 2018 et les deux membres continuent la musique chacun de leur côté mais sous la même appellation Batushka ! On ne sait plus à quel saint se vouer. Pas très orthodoxe tout ça. Le verdict du litige juridique au printemps 2024 donne finalement raison à Drabikowski et force Krysiuk à changer de nom. Ce dernier choisit de transformer ce revers en opportunité créatrice et faire parler de lui dès les premiers jours de 2025 avec la sortie d’un album impressionnant du début à la fin.

La page Batushka est résolument tournée. Autant le dire tout de suite : Prorok Ilja va en dérouter plus d’un et risque même de fortement décevoir les amateurs de black metal, qui n’auront que quelques passages à se mettre sous la dent. Black metal plus en retrait, blast réduit à la portion congrue, bien plus de chant… ça commence mal. Mais n’allez pas trop vite en besogne, la messe n’est pas dite pour autant. Si l’aspect black metal se fait moins présent, la musique dans son ensemble évolue et se fait plus subtile sans pour autant perdre en puissance ni même en intérêt. Patriarkh, dans la continuité de Batushka, puise toujours son inspiration dans la musique orthodoxe orientale mais il en intègre ingénieusement les sonorités à son black doomisant à l’aide de tout un assortiment d’instruments folkloriques : talharpa (lyre à archet à quatre cordes), mandoline, mandoloncelle (qui est à la mandoline ce que le violoncelle est au violon), vielle, cithare… Et comme si cela ne suffisait pas, le groupe a également travaillé avec un orchestre symphonique pour étoffer le son encore un peu plus. Mais c’est surtout le travail remarquable sur les chants, vibrants et habités, qui force le respect. Au chant liturgique et monologues religieux s’ajoutent des polyphonies et des chœurs superposant en canon des timbres féminins et masculins. Les harmonies vocales sont absolument magnifiques sur chaque titre, à l’instar du début de "Wierszalin VII" qui me donne la chair de poule. La volonté de Krysiuk de mettre en valeur les différents aspects de l’orthodoxie ainsi que la diversité culturelle de sa région est manifeste. Sur "Wierszalin IV", le titre le plus oriental de l’album selon Krysiuk, la monodie entêtante (chantée par la professeure de chant du groupe) qui parcourt l'ensemble du morceau est profondément influencée par les traditions grecque et roumaine, qui font partie intégrante de l'orthodoxie. En conséquence, fini le chant intégralement en slavon, la langue liturgique utilisée par les slaves orthodoxes au Moyen Âge. Krysiuk et ses acolytes utilisent également le roumain, le bulgare (dans "Wierszalin III"), le polonais ainsi que leur langue régionale, mélange de polonais, de biélorusse et de russe.
On pourrait même parler de concept album pour définir cette œuvre singulière. Constituée de huit chapitres et pensée comme une pièce de théâtre par son compositeur, elle raconte l’histoire d’Eliasz Klimowicz, agriculteur polonais vivant en Podlasie, le poumon vert de la Pologne, et prophète autoproclamé de la secte orthodoxe Grzybowska, réunissant ses fidèles en une Nouvelle Jérusalem : "Wierszalin". L’histoire démarre au moment où des gens viennent le chercher pour le crucifier afin de prouver qu’il était l’incarnation de Jésus-Christ qui ressusciterait trois jours plus tard. La narration remonte ensuite le temps, aux premiers jours où il a eu une sorte de rêve avant de se rendre en pèlerinage à Cronstadt pour rencontrer père Jean. Celui-ci lui explique que dans son rêve, Dieu lui ordonnait de construire une église orthodoxe. C’est ce qu’il entreprend à son retour au village de Grzybowska. À la fin, "Wierszalin VIII" raconte la mort du prophète, emporté au ciel sur un char de feu, à la manière d’Élie dans la Bible, un des saints les plus vénérés par les catholiques comme par les orthodoxes. Même si en réalité, personne ne sait comment Eliasz Klimowicz a fini sa vie. À moins de se revendiquer polyglotte, il est difficile pour l’auditeur de déchiffrer le sens des paroles qui invitent à une exploration plus approfondie de cette histoire fascinante, qui va au-delà de la religion pour commenter la vulnérabilité de la société en temps de crise. Cet album qui donne à réfléchir nous rappelle la tendance récurrente de l'humanité à suivre dans la tourmente ceux qui lui promettent le salut. Patriarkh nous invite à un voyage musical intense et atypique qui se dévoile un peu plus à chaque écoute (il m’en a fallu au moins six personnellement avant de céder à l’envoûtement).


Les renaissances ont du bon parfois. Avec Prorok Ilja, Patriarkh livre une œuvre complexe et captivante, moins immédiate que Litourgyia mais tout aussi grandiose, si ce n'est plus. Il vous faudra seulement un peu de persévérance. Mais celle-ci sera largement récompensée si vous arrivez à vous laisser porter jusqu’à la lumière. Vous n’y gagnerez peut-être pas votre salut mais un beau voyage en terre orthodoxe.



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