19733

CHRONIQUE PAR ...

97
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 05 janvier 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Nicola "TheOldNick" Curri
(chant)

-Luca La Cara
(guitare+claviers)

-Ibis A.G.
(basse)

A participé à l'enregistrement :

-David Folchitto
(batterie)

TRACKLIST

1) Plenus Larvarum
2) Amor Obsessio
3) Cloaca Cattolica
4) Il Serpente Della Genesi
5) Notturno Sepolcrale
6) Stregheria
7) Ebbrezza Pagana

DISCOGRAPHIE

Antropomorte (2024)

Funeral Oration - Antropomorte



2019. Dans un cimetière près de Tarente, Italie. Une bande de jeunes désœuvrés rodent. Leurs lampes-torches accrochent une pierre tombale.
- Hé les gars ! Regardez ! Funeral Oration 1989-1996 ! Ils n’ont duré que sept ans, les nases ! Gianfranco, sors les bières ! On va s’amuser ici…
- Giancarlo, je serais toi, je ferais gaffe…
- Gaffe à quoi ? Ça fait vingt-trois ans qu’ils sont morts… Tu ne crois quand même pas aux zombies et autres sornettes ? Ils vont ressusciter cette nuit et se mettre à jouer devant nous peut-être ?

Après avoir dûment découpé Gianfranco, Giancarlo et tous leurs amis en petits morceaux, bien sûr. Ils ont même composé un album en leur honneur, intitulé Eliphas Love, mettant ainsi fin à plus de vingt années de silence. Si cet album ne m’a pas emballé outre mesure, en revanche, le suivant, dont je vais vous parler maintenant, constitue une nouvelle preuve que la scène black metal italienne se porte aussi bien que le tennis transalpin ! Antropomorte, troisième opus du trio originaire des Pouilles, donne dans le black sympho, mais, ne déroulez pas tout de suite le fil de votre imagination malsaine. Certes, Funeral Oration a dû écouter Dimmu Borgir dans sa jeunesse, certes les claviers sont parties prenantes de l’ensemble, mais ici nous avons droit à une version rêche et riffue des déclinaisons des motifs musicaux mis en lumière par Shagrath et ses amis dans les années quatre-vingt-dix. Si vous voulez un point de comparaison : nous naviguons dans les mêmes eaux que celles des nautoniers britanniques de Necronautical. Antropomorte s’avère bien aussi riffu que les œuvres de ce dernier groupe, et encore un peu plus rêche. L’ensemble est mélodique, certes, mais pas trop non plus, “Cloaca Cattolica” et son leitmotiv « série policière des seventies » à la Malokarpatan, est le titre le plus cajoleur de l’album,
Pour le reste, les Italiens montrent qu’outre Dimmu Borgir, ils ont dû également faire leurs classes musicales sur deux ou trois groupes de thrash ou de proto-death dans leur jeunesse. Ils ouvrent d’ailleurs l’album dans un registre thrash old-school agressif assez inattendu, avant que des claviers énervés se joignent à la fête, et, d’une manière générale, préfèrent passer en force qu’en finesse. Cette relative brutalité fonctionne d’autant mieux qu’elle trouve un formidable complice en la personne de TheOldNick, qui nous conte tout un tas de choses horribles - pas besoin de comprendre l’italien pour en être convaincu ! - de sa voix éraillée parfaitement adaptée à la musique du groupe. Si certains titres me paraissent un peu moins intéressants que la moyenne ("Amor Obsessio" ou "Stregheria"), la séquence "Cloaca Cattolica"- "Il Serpente Della Genesi"- "Notturno Sepolcrale" s’avère particulièrement virulente et réussie. Après le tempo infernal imposé sur "Il Serpente Della Genesi", affreusement efficace, "Notturno Sepolcrale" ralentit un peu l’affaire mais la manière dont la section rythmique et les claviers savent s’entremêler à la fin du titre relève d’un savoir-faire diabolique. Et n’allez pas croire que le groupe nous a préparé une fin en douceur, puisque l’album se termine sur le titre le plus bas du front. Sur "Ebbrezza Pagan", la section rythmique alterne plans très heavy et blasts endiablés, histoire de bien enfoncer le clou, une dernière fois.

Si vous êtes entrés dans le black sympho via Eonian, vous allez avoir une petite surprise… Antropomorte montre que le style préféré des organistes du monde entier n’est pas réservé aux fragiles. Près de trente ans après son premier album, Funeral Oration nous concocte un brûlot qui provoquera l’excommunication de toute personne en entendant la moindre mesure à dix kilomètres à la ronde. Amen.





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